Rav Messaoud Zerbib "El ‘Hassid", Grand Rabbin de Constantine
Le Rav Messaoud Zerbib zatsal, également connu sous le nom de Rabbi Messaoud Zerbib el 'Hassid, fut une figure emblématique du judaïsme algérien au XVIIe et XVIIIe siècles. Le Rav a marqué l'histoire de sa communauté par sa sagesse, sa piété et sa résilience face aux épreuves. Né en 1655 à Constantine, il grandit dans une période tumultueuse pour les juifs de la région, alors sous domination ottomane, et devint une personnalité influente et respectée au sein de la communauté juive d'Algérie.
De l'enfant prodige de la Torah au jeune et brillant rabbin
Tout jeune, Rabbi Messaoud étudia auprès du Hakham Moché Moati zatsal, Rav de Constantine, qui reconnut rapidement les qualités exceptionnelles de son élève. "Cet enfant a l'âme d'un sage ancien dans le corps d'un jeune garçon.", disait-il de lui. Sa piété et son assiduité à l'étude lui valurent le surnom affectueux d'"El Hassid" (le pieux) au sein de sa communauté.
À seulement 22 ans, Rav Messaoud Zerbib fut nommé Grand Rabbin de Constantine, une responsabilité immense pour un si jeune homme, qu'il assuma avec sagesse et dévouement pendant près de six décennies. On raconte qu'à sa première dracha, il captiva l'assemblée durant des heures, mêlant avec brio exégèse biblique, enseignements éthiques et anecdotes. Un témoin de l'époque écrivit : "Ses paroles étaient comme du miel, douces et nourrissantes pour l'âme."
Cette période coïncida avec des bouleversements politiques et sociaux importants pour la communauté juive. L'Algérie du XVIIe siècle, sous domination ottomane, connut en effet une période d'instabilité politique qui affecta particulièrement les communautés juives. Le Rav Zerbib dut naviguer habilement entre les exigences des autorités ottomanes et les besoins de sa communauté. Il œuvra sans relâche pour préserver l'identité juive et les traditions face aux pressions extérieures. Rabbi Messaoud devint un interlocuteur respecté des autorités ottomanes, négociant habilement pour protéger sa communauté. Une anecdote illustre son courage : un jour, un pacha particulièrement hostile aux juifs menaça de fermer toutes les synagogues de Constantine. Le Rav Zerbib se présenta devant lui, un simple bâton à la main. "Que signifie ce bâton ?" demanda le pacha, moqueur. "C'est le bâton de Moïse", répondit calmement le rabbin. "Avec lui, notre peuple a traversé la mer Rouge. Avec lui, nous traverserons cette épreuve." Impressionné par son audace, le pacha renonça à son projet.
Les épreuves et la résilience de Rabbi Messaoud Zerbib
La vie du Rav Zerbib fut marquée par une tragédie personnelle d'une ampleur terrible : la perte de ses 14 enfants. Bien que les détails précis de ces décès ne soient pas connus, on peut supposer que les conditions sanitaires et médicales de l'époque, ainsi que les maladies infantiles courantes, ont probablement joué un rôle majeur. Cette épreuve, qui aurait pu briser un homme ordinaire, devint pour lui une source de réflexion profonde et de renouveau spirituel. Il confia un jour à un disciple : "Chaque enfant que j'ai perdu m'a rapproché un peu plus du Créateur. La douleur m'a ouvert des portes de compréhension que je n'aurais jamais pu atteindre autrement."
Zérah Émeth
C'est dans ce contexte qu'il entreprit la rédaction de son œuvre majeure, le Zérah émeth (Semence de Vérité). Ce commentaire de la Torah se distingue par sa profondeur et son originalité. Le Rav y développe notamment l'idée que chaque épreuve de la vie est une opportunité de croissance spirituelle. Il écrit : "Les difficultés sont comme des graines amères. Plantées dans le sol de notre âme et arrosées de nos larmes, elles peuvent donner naissance aux plus beaux fruits de sagesse."
Le Zérah émeth regorge d'enseignements pratiques pour la vie quotidienne. Par exemple, commentant le verset "Tu aimeras ton prochain comme toi-même", le Rav Zerbib explique : "Avant d'aimer l'autre, il faut apprendre à s'aimer soi-même, non par égoïsme, mais par reconnaissance envers le Créateur qui nous a façonnés. C'est seulement alors que nous pourrons véritablement aimer notre prochain." Le Rav acheva la rédaction de son œuvre le 15 Adar 1715, peu avant sa disparition. Le livre fut publié à titre posthume en 1851 à Livourne par le ‘Hakham ‘Haviv Tolédano.
Le Beth Hamidrach Slet Dar Rabbi Messaoud
Le Rav Zerbib était un chef communautaire actif et engagé. En 1715, il acquit un immeuble dans le quartier Maked el Hout de Constantine, qu'il transforma en lieu de prière et d'étude. Cette synagogue, connue sous le nom de Slet Dar Rabbi Messaoud, devint un centre spirituel important pour la communauté.
La réputation du Rav Zerbib s'étendit bien au-delà de Constantine. On venait de loin pour le consulter, non seulement sur des questions de Halakha, mais aussi pour des conseils personnels. On raconte qu'un jour, un riche marchand vint le voir, désespéré, car son fils unique s'était éloigné du judaïsme. Le Rav l'écouta attentivement, puis lui dit : "Ton fils n'est pas perdu. Il cherche simplement sa voie. Continue à l'aimer inconditionnellement, et un jour, il reviendra." Quelques années plus tard, le fils revint effectivement à la pratique, devenant lui-même un pilier de la communauté.
Le Rav Zerbib était connu pour son humilité et sa générosité. Malgré son statut, il vivait modestement et partageait tout ce qu'il avait. Une année de grande sécheresse, alors que la famine menaçait, il vendit tous ses biens personnels pour nourrir les pauvres, juifs et non-juifs confondus. Cette action lui valut le respect de toute la population de Constantine.
Vers la fin de sa vie, le Rav connut un renouveau familial inattendu avec la naissance de deux fils, Binyamin et Chalom. Il y vit un signe divin et redoubla d'efforts dans son étude et son enseignement. Cet événement fut considéré comme un miracle par la communauté, renforçant sa réputation de Tsadik. Rabbi Messaoud disait souvent : "La vie est un miracle permanent. Chaque jour est une nouvelle création." Mais il connut aussi d’autres épreuves ; peu avant sa mort, Rabbi Messaoud Zerbib fut l'objet de dénonciations auprès des autorités ottomanes, certaines sources indiquent qu'il aurait refusé de renier sa foi, et fut condamné à recevoir 400 coups de bâton, une peine extrêmement sévère, à laquelle il survécut miraculeusement. "Les meunières restent oisives, et celles qui regardent, voient trouble", dit-il alors, pour exprimer son état, alors que presque toutes ses dents furent cassées.
La Hiloula de Rabbi Messaoud Zerbib
Le Rav Messaoud Zerbib s'éteignit en 1717, dans des circonstances tragiques qui restent obscures. Sa disparition fut un choc pour toute la communauté. On raconte que le jour de son enterrement, une pluie fine tomba sur Constantine, alors que la région subissait une sécheresse depuis des mois. Les gens y virent un signe que même le ciel pleurait la perte de ce grand homme.
Après sa mort, la place qu'il occupait dans la synagogue fut murée, un geste symbolique fort témoignant de la vénération que lui portaient ses fidèles. Sur sa tombe, devenue un lieu de pèlerinage et de prières, des personnes malades prêtaient serment en sa mémoire ou plaçaient son livre “Zérah émeth” près de leur tête comme ségoula pour la guérison.
Son influence perdura bien au-delà de sa disparition. Des générations de juifs constantinois continuèrent à s'inspirer de ses enseignements et à prier pour son intercession. Le 14 Mai 1970, 8 Iyar 5730, dans un geste reflétant l'importance continue de sa mémoire, ses restes furent transférés et inhumés en Israël, au Mont des Oliviers à Jérusalem. Chaque année, lors de sa Hiloula, des milliers de personnes se rassemblent pour honorer sa mémoire et puiser dans son enseignement la force de faire face aux défis de notre époque.
Le Rav Messaoud Zerbib incarne la résilience et la sagesse du judaïsme algérien face aux défis de son époque. Sa vie, marquée par des épreuves personnelles immenses et un dévouement sans faille à sa communauté, continue d'inspirer. Son œuvre, le Zérah émeth, reste un témoignage éloquent de sa profondeur spirituelle et de sa capacité à transformer la souffrance en source d'enseignement et d'élévation. Le Rav Zerbib demeure une figure tutélaire du judaïsme constantinois, symbole de foi, de sagesse et de persévérance dans l'adversité. Que sa mémoire protège le peuple d’Israël.
Tsidkat-Eliaou marquera ce jour par une journée d’étude au Kollel Chaaré Nissim situé dans la synagogue Baba Salé - Chaaré Nissim de Jérusalem.
À l'occasion de la Hiloula de ce grand Tsadik, Tsidkat-Eliaou vous invite à allumer une veilleuse, à sa sainte mémoire, à lire quelques psaumes de Téhilim (si possible ) et à prier pour le Am Israël !
Puis, récitez la formule ci-après :
Zékhouto taguen alénou véal kol Israël, Amen.
Le Tsadik priera pour vous.
Vous pouvez également associer vos prières à la noble et grande mitsva de la Tsédaka et nos Rabbanim vous bénirons dans la synagogue Baba Salé - Chaaré Nissim de Jérusalem.
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Prochaines dates de la Hiloula du Rav Messaoud Zerbib zatsal, "El Hassid"
2025 ► 6 mai
2026 ► 25 avril
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Paru au Journal Officiel du 01/1990
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