Rabbi Yossef 'Haïm : Le Ben Ich 'Haï, un rayonnement perpétuel, un maître qui traverse les âges
Le 27 Av 5594 (1er août 1834), dans la ville de Bagdad, alors sous domination ottomane, naquit un enfant destiné à devenir l'une des figures les plus marquantes du judaïsme séfarade : Yossef 'Haïm. Sa venue au monde fut le fruit d'une bénédiction miraculeuse, après que ses parents, le Rav Eliaou et son épouse, eurent longtemps prié pour avoir un enfant.
La mère de Yossef 'Haïm, désespérée après des années de stérilité, entreprit un pèlerinage au Maroc pour implorer la bénédiction du saint Rabbi Yaacov Abi’hssira. Ce dernier lui promit un fils qui éclairerait le peuple juif de sa sagesse. L'année suivante, leur vœu fut exaucé avec la naissance de Yossef 'Haïm.
Le Ben Ich 'Haï : l'héritage d'une lignée prestigieuse
Dès son plus jeune âge, Yossef 'Haïm manifesta des dons exceptionnels pour l'étude de la Torah. Son intelligence précoce et sa mémoire prodigieuse stupéfiaient son entourage. À l'âge de sept ans, un événement extraordinaire vint confirmer sa destinée hors du commun. Alors qu'il jouait avec sa sœur dans la cour de la maison familiale, le jeune Yossef 'Haïm tomba dans un puits profond. Miraculeusement, il fut sauvé sans la moindre égratignure. Cet incident fut interprété par la communauté comme un signe divin, rappelant l'histoire de Yossef Hatsadik dans la Bible, lui aussi sauvé d'un puits et promis à un grand destin.
Yossef 'Haïm grandit dans une atmosphère imprégnée de Torah et de piété. Son père, le Rav Eliaou ‘Haïm, était non seulement le Grand Rabbin de Bagdad, mais aussi le Roch Yéchiva et le président du Beth Din. Cette lignée de grands érudits remontait à son grand-père, Rabbi Moché 'Haïm, nommé Grand Rabbin de Bagdad en 1787 par le gouverneur ottoman de la ville. Parmi ses élèves, se trouvait celui qui allait devenir le rav Abdalla Somé’h, auteur du célèbre ouvrage de Halakha, le Ziv’hei Tsédek, et aussi le Maître d’étude du jeune Yossef ‘Haïm. La famille de Yossef Haïm était réputée pour sa sagesse et sa piété depuis des générations. On raconte que son arrière-grand-père, Rabbi Ra’hamim 'Haïm, avait reçu une révélation du prophète Élie lui annonçant que sa descendance compterait de grands sages qui illumineraient le peuple juif.
Une éducation rigoureuse et une ascension fulgurante
Sous la tutelle de son père et des plus grands maîtres de Bagdad, le jeune Yossef 'Haïm se plongea corps et âme dans l'étude de la Torah. Il maîtrisa rapidement le Talmud, les commentaires de Rachi et des Tossafistes, ainsi que les œuvres des grands décisionnaires comme le Rambam et le Choul’han Aroukh.
Le Rav Obadia Yossef zal, rapporte “une anecdote qui illustre la précocité de ce génie hors du commun : il remarqua un jour, sur le bureau de son père, une lettre provenant de Jérusalem. Les rabbins de la ville avaient écrit à Rabbi Eliaou ‘Haïm pour lui soumettre une délicate question de Halakha. Le jeune Yossef, qui n’avait que 14 ans, après de promptes recherches dans les ouvrages des décisionnaires, rédigea de son propre chef une réponse circonstanciée qu’il expédia aux Rabbins de Jérusalem. Lorsque la réponse de son père leur parvint à quelques jours d’intervalles, ils lui répondirent que son fils l’avait précédé par une lettre emplie de sagesse et d’érudition…”
Rabbi Eliaou ‘Haïm décéda le 7 Elloul 5619 (1859), et son fils prononça un hesped (éloge funèbre) mémorable au terme des chiva, les sept jours traditionnels de deuil. À l'âge de 26 ans, Yossef 'Haim, nommé rech galouta de Bavel, Grand Rabbin de Bagdad, succéda à son père à la tête de la communauté. Bien qu'il refusât toute fonction officielle par humilité, préférant le titre de "’Hakham" à celui de Rabbin, il commença à donner des cours publics dès 1860. Son premier cours, donné le matin de Chabbat Téchouva à la grande synagogue de Bagdad, marqua le début d'une nouvelle ère pour la communauté.
L’enseignement révolutionnaire de Rabbi Yossef ‘Haïm
Rabbi Yossef 'Haïm révolutionna l'enseignement de la Torah par son approche novatrice et captivante. Ses cours du Chabbat, qui pouvaient durer jusqu'à quatre heures, étaient attendus avec impatience par toute la communauté. Il avait l'art de mêler habilement Halakha (loi juive), Aggada (récits talmudiques) et Kabbale (mystique juive), rendant l'étude de la Torah vivante et passionnante pour tous.
Sa méthode d'enseignement était unique. Il commençait généralement par une interprétation kabbalistique de la paracha de la semaine, avant d'aborder des lois pratiques tirées de son ouvrage, le Ben Ich 'Haï. Il utilisait un vocabulaire accessible à tous, n'hésitant pas à recourir à des exemples de la vie quotidienne et à des anecdotes pour captiver son auditoire. Rabbi Yossef 'Haïm avait le don de rendre les concepts les plus complexes compréhensibles pour tous. Il utilisait souvent des paraboles et des histoires pour illustrer ses enseignements. Par exemple, pour expliquer l'importance de l'étude de la Torah, il racontait l'histoire d'un roi qui avait caché un trésor dans une forêt et qui récompensait ceux qui le cherchaient assidûment, même s'ils ne le trouvaient pas immédiatement.
L’œuvre littéraire monumentale du Ben Ich 'Haï
L'œuvre maîtresse de Rabbi Yossef 'Haïm, qui lui valut son surnom, est le "Ben Ich 'Haï" (Fils de l'homme vivant). Ce livre, véritable "Choul’han Aroukh séfarade", est devenu une référence incontournable dans les foyers juifs séfarades. Il y expose les lois juives de manière claire et concise, en les accompagnant d'explications kabbalistiques et de conseils pratiques pour leur application au quotidien. Mais ce n'est là qu'une partie de sa production littéraire impressionnante. Rabbi Yossef 'Haïm a écrit plus de soixante ouvrages, couvrant tous les aspects du judaïsme : Halakha, Kabbale, responsa, sermons, paraboles, proverbes, prières et poésies liturgiques. Certains n'ont été publiés qu'après sa mort. Parmi ses œuvres les plus connues, citons :
- "Rav Pé'alim" et "Torah Lichmah": recueils de responsa, traitant de questions halakhiques complexes.
- "Ben Yéhoyada" : un commentaire sur le Talmud, particulièrement apprécié pour ses interprétations originales de l'Aggada.
- "Od Yossef 'Haï" : un recueil de sermons sur la Torah.
- "Lachon Ha’hakhamim" : un ouvrage sur la grammaire hébraïque et l'exégèse biblique.
- "Mé-Kabtziel" : une exposition ésotérique de la loi juive
Rabbi Yossef 'Haïm était également un conteur talentueux. Ses histoires et paraboles, disséminées dans ses œuvres halakhiques, ont été rassemblées et publiées séparément. Son livre "Niflaïm Maasékha", par exemple, est une collection de contes moraux et d'histoires édifiantes. Autre exemple, "Qânûn-un-Nisâ", écrit en arabe judéo-bagdadi, est rempli de paraboles sur le développement personnel, destinées principalement aux femmes.
Un érudit aux connaissances encyclopédiques
L'étendue des connaissances de Rabbi Yossef ‘Haïm dépassait largement le cadre religieux. Ses écrits témoignent d'une maîtrise impressionnante des sciences, de la médecine, de l'astronomie, de la physique et de l'économie. Cette érudition lui permettait d'établir des ponts entre la sagesse séculière et la Torah, enrichissant ainsi son enseignement.
Le Ben Ich ‘Haï Kabbaliste
Rabbi Yossef 'Haïm était non seulement un grand halakhiste, mais aussi un kabbaliste de renom. Il étudia en profondeur les œuvres du Ari zal et du Rachach (Rabbi Chalom Charabi), et intégra leurs enseignements dans sa pratique quotidienne et dans ses écrits.
Il affirmait ressentir une connexion mystique avec Bénayahou ben Yéhoyada, un personnage biblique, un érudit et vaillant guerrier, mentionné dans le livre des Rois. Cette connexion spirituelle l'inspirait profondément, au point qu'il nommait ses œuvres d'après les versets liés à ce personnage. Rabbi Yossef 'Haïm était aussi connu pour ses connaissances approfondies en astrologie juive et en guématria (numérologie hébraïque). Il utilisait ces savoirs pour approfondir sa compréhension de la Torah et pour guider ses fidèles. Par exemple, il enseignait que chaque mois de l'année correspond à une combinaison particulière du nom divin, et que la méditation sur ces noms pouvait apporter la guérison et la bénédiction.
Rabbi Yossef 'Haïm : Une vie de sainteté et d'humilité
La vie personnelle de Rabbi Yossef 'Haïm était empreinte d'une grande sainteté. Il veillait scrupuleusement à la pureté de son alimentation, ne mangeant que des aliments préparés par son épouse ou par lui-même. Il s'imposait des jeûnes réguliers, appliquant une interprétation kabbalistique d'un verset de la Torah qui suggère de jeûner six années sur sept.
Malgré sa renommée, Rabbi Yossef 'Haïm menait une vie simple et modeste. Il refusait tout salaire pour ses fonctions rabbiniques, subvenant à ses besoins grâce à un petit commerce de tissus. Il consacrait la majeure partie de ses journées à l'étude et à l'enseignement de la Torah, ne dormant que quelques heures par nuit. On raconte que Rabbi Yossef 'Haïm avait le don de lire dans les pensées des gens et de voir leur avenir. Cependant, il utilisait ce don avec une grande discrétion, uniquement pour aider ceux qui venaient le consulter pour des conseils ou des bénédictions.
Un rayonnement international
La réputation de Rabbi Yossef 'Haïm s'étendait bien au-delà de Bagdad. Des questions halakhiques lui parvenaient du monde entier, de Singapour à Bombay, en passant par l'Iran et l'Égypte. Sa maison à Bagdad était devenue un véritable phare pour le judaïsme séfarade, attirant des visiteurs de tous horizons. Il entretenait des correspondances avec les plus grands sages de son époque : Rabbi Yits’hak Aboulafia, président du Beth Din de Damas, le grand Rabbi ‘Haïm Pallagi d’Izmir, ou encore Rabbi Chlomo Eliezer Elfanderi.
Malgré les sollicitations, Rabbi Yossef 'Haïm ne quitta Bagdad qu'une seule fois dans sa vie, pour un pèlerinage en Terre Sainte en 1869. Ce voyage fut une source d'inspiration profonde pour lui. À Jérusalem, il fut accueilli avec les plus grands honneurs par les sages de la ville et étudia à la Yéchiva de Bet El, centre kabbalistique renommé. À Méron, il composa le célèbre poème "Vaamartem Ko Le'haï", encore chanté aujourd'hui à Lag Baomer. De retour à Bagdad, il rapporta de la terre d'Israël qu'il répandit dans sa synagogue, et une pierre qu'il plaça au sommet du mur oriental, symboles tangibles de son attachement à Erets Israël.
Les derniers jours d'un grand sage
Quelques jours avant son décès, Rabbi Yossef 'Haïm se rendit en pèlerinage sur la tombe du prophète Ezéchiel. Peu après, il tomba malade. Le 13 Eloul 5669 (30 août 1909), 50 ans jour pour jour après sa nomination comme Grand Rabbin de Bagdad, il quitta ce monde, laissant derrière lui un héritage spirituel inestimable.
Ses funérailles furent suivies par plus de dix mille personnes, juifs et non-juifs confondus, témoignage de l'impact qu'il avait eu bien au-delà de sa communauté. Pendant des années après sa mort, les juifs continuèrent à visiter sa tombe chaque vendredi. Une tradition rapporte qu'après sa mort, Rabbi Yossef 'Haïm serait apparu en rêve à plusieurs personnes, demandant qu'on lui prépare une tombe au cimetière juif du mont des Oliviers à Jérusalem. Bien que son corps repose toujours à Bagdad, une pierre tombale à son nom a été érigée à Jérusalem, devenant un lieu de pèlerinage pour ses fidèles.
L’influence du Ben Ich ‘Haï
Plus d'un siècle après sa disparition, l'influence de Rabbi Yossef 'Haïm reste considérable. Ses enseignements continuent d'inspirer et de guider des milliers de juifs à travers le monde. De nombreuses écoles, particulièrement en Israël, portent son nom.
La Hiloula du Ben Ich 'Haï, célébrée chaque année le 13 Elloul, est l'occasion pour ses fidèles de se recueillir sur sa tombe (ou sur sa pierre tombale à Jérusalem) et d'étudier ses enseignements. Cette date est considérée comme propice pour les prières, en particulier pour la réussite des enfants dans leurs études. De nombreuses ségoulot sont associées à Rabbi Yossef 'Haïm. Par exemple, l'étude de ses œuvres, notamment le Ben Ich 'Haï, apporte la protection et la bénédiction. Certains ont l'habitude de placer une photo du Ben Ich 'Haï dans leur maison comme protection spirituelle.
Rabbi Yossef 'Haïm de Bagdad, le Ben Ich 'Haï, fut bien plus qu'un simple érudit. Il fut un phare spirituel, un immense Tsadik illuminant la voie de la Torah pour des générations de juifs. Son approche novatrice, alliant rigueur halakhique, profondeur kabbalistique et accessibilité, a revitalisé la pratique du judaïsme séfarade. Aujourd'hui encore, son héritage continue de rayonner, inspirant ceux qui cherchent à vivre une vie juive authentique et profonde. La vie et l'œuvre de Rabbi Yossef 'Haïm restent un témoignage vivant de la richesse et de la vitalité de la tradition juive séfarade, et d’ailleurs, aujourd’hui encore nous perpétuons son souvenir comme celui de Yossef Hatsadik, en affirmant : Od Yossef ‘Haïm ‘haï! Yossef Haïm est toujours vivant!
Tsidkat-Eliaou marquera ce jour par une journée d’étude au Kollel Chaaré Nissim situé dans la synagogue Baba Salé - Chaaré Nissim de Jérusalem.
À l'occasion de la Hiloula de ce grand Tsadik, Tsidkat-Eliaou vous invite à allumer une veilleuse, à sa sainte mémoire, à lire quelques psaumes de Téhilim (si possible ) et à prier pour le Am Israël !
Puis, récitez la formule ci-après :
Le Tsadik priera pour vous.
Vous pouvez également associer vos prières à la noble et grande mitsva de la Tsédaka et nos Rabbanim vous bénirons dans la synagogue Baba Salé - Chaaré Nissim de Jérusalem.
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Prochaines dates de la Hiloula de Rabbi Yossef 'Haim , le "Ben Ich 'Haï"
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Paru au Journal Officiel du 01/1990
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