Rabbi Israël Méïr Hacohen Kagan, universellement connu sous le nom du 'Hafets 'Haïm, qui est aussi celui d’un de ses ouvrages les plus connus, fut l'une des figures les plus marquantes et influentes du judaïsme du 19ᵉ et début du 20ᵉ siècles. Né en 1838 à Zhetl, en Biélorussie, il quitta ce monde en 1933, laissant derrière lui un héritage spirituel inestimable. Sa vie et son œuvre continuent de résonner avec force dans le monde juif, et d’enrichir notre quotidien dans l’étude et la pratique des mitsvot.  

Le 'Hafets 'Haïm : Une éducation de Torah

Né le 6 février 1839 à Dziatlava (Zhetl en yiddish), dans l'Empire russe (aujourd'hui en Biélorussie), Israël Méïr Kagan grandit dans une famille modeste, mais très érudite et pieuse. Ses parents assurèrent son éducation jusqu'à l'âge de 10 ans, lui inculquant de solides bases de Torah et de Talmud. Après le décès de son père, le jeune Israël Méïr, alors âgé de 10 ans, partit approfondir ses connaissances à l'académie talmudique de Vilna. C'est là qu'il devint l'élève du rabbin Jacob Barit et du rav Na'houm Hordene, deux figures éminentes du judaïsme lituanien de l'époque. Il y étudia jusqu'à l'âge de 17 ans, se distinguant rapidement par son assiduité et sa compréhension profonde des textes.

Le 'Hafets 'Haïm : Une vie de simplicité, d’amour du prochain et de mitsvot

Vers 1855, à l'âge de 17 ans, il s'installa à Radoun (Radin en hébreu et en yiddish), un petit village biélorusse non loin de Vilnius et de Grodno. C'est là qu'il épousa Frieda Epstein qui devint sa fidèle partenaire dans sa vie de Torah et de 'hessed. Ce mariage marqua le début d'une vie de dévouement total à l'étude et à l'enseignement de la Torah. Le 'Hafets 'Haïm mena une vie d'une simplicité extraordinaire, refusant tout confort superflu. Sa maison à Radin était petite et spartiate, meublée du strict minimum. On raconte qu'il dormait sur une simple planche recouverte d'un drap, considérant que tout luxe pourrait le distraire de son étude de la Torah.

Malgré sa renommée grandissante, il resta d'une humilité exemplaire toute sa vie. Il refusa catégoriquement d'accepter un poste officiel de Rabbin, préférant gagner sa vie comme simple épicier. Cette activité lui permettait non seulement de subvenir à ses besoins sans dépendre de la communauté, mais aussi de mettre en pratique les lois de l'honnêteté commerciale qu'il enseignait.

Le 'Hafets 'Haïm était connu pour son amour inconditionnel envers chaque Juif. Il accueillait chez lui des voyageurs, des pauvres et des orphelins, partageant avec eux le peu qu'il possédait. Sa porte était toujours ouverte à quiconque cherchait conseil ou réconfort. 

L’enseignement et l'œuvre du 'Hafets 'Haïm

Entre 1862 et 1869, le 'Hafets 'Haïm s'installa brièvement à Minsk, puis à Vilnius, où il gagna sa vie comme professeur de Kodech (matières religieuses). En 1869, il prit la tête de l'université talmudique de Vachilitchoq, près de Vilnius, avant de retourner à Radin, où il fonda une petite yéchiva qui devint rapidement célèbre sous le nom de "Yéchivat ''Hafets 'Haïm". Il y enseigna le moussar (l'éthique), formant de nombreux élèves qui devinrent à leur tour des rabbins et des chefs communautaires influents.

Parmi les élèves notables du 'Hafets 'Haïm à la yéchiva de Radin, on peut citer :

• Rabbi El’hanan Wasserman, qui est devenu l'un des leaders du judaïsme orthodoxe en Europe de l'Est avant la Seconde Guerre mondiale.
• Rabbi Yé’hezkel Levenstein, qui est devenu plus tard le machgia'h rou'hani (directeur spirituel) de la Yéchiva de Mir.
• Rabbi Yossef Chlomo Kahaneman, qui a fondé la Yéchiva de Ponevezh en Israël après la guerre.
• Rav ‘Haim Yitz'hak ‘Hajkin, qui prit la direction de la Yéchiva “‘Ho’hmé Tsarfat”, d’abord à Strasbourg, puis à Aix-Les-Bains, en France.
• Rav Avraham Kalmanowitz, roch Yéchiva de Mir à Brooklyn.

L'œuvre écrite du 'Hafets 'Haïm est immense et très variée, couvrant presque tous les aspects de la vie juive. Le 'Hafets 'Haïm y consacrait de longues journées de travail, ne s'accordant que de brèves pauses. Son fils, le rav Arié Leib haCohen, témoigne que lorsque son père entamait l'analyse d'une loi, il commençait par les versets de la Torah s'y rapportant, puis étudiait le Targoum, Rachi et le Ramban. Ensuite, il s'attaquait à la Michna et aux passages de la Guémara traitant du sujet avant d'approfondir les Richonim et de parvenir aux conclusions du Choul'han 'Aroukh et de ses commentateurs.

Pour mener à bien ce projet, le 'Hafets 'Haïm renonça à manger à sa faim et à dormir suffisamment. Il disait souvent : "Si j'avais mangé de la viande tous les jours, serais-je parvenu à écrire le Michna Béroura ?" On raconte aussi que lorsque le livre était imprimé, il faisait relire chaque exemplaire pour s’assurer qu’il n’y subsistait pas la moindre erreur.  Cette abnégation témoigne de son dévouement total à la diffusion de la Torah et de la halakha. 

 Ses principaux ouvrages incluent :

1. "'Hafets 'Haïm" (1873) : Son premier livre, publié anonymement à Vilnius, traite des lois concernant la médisance et la calomnie (lachon hara). Cet ouvrage révolutionnaire a profondément influencé la façon dont les juifs perçoivent et pratiquent la parole.

2. "Chémirat HaLachon" (1876) : Un complément au "'Hafets 'Haïm", ce livre traite des aspects éthiques et philosophiques de la parole correcte.

3. "Michna Béroura" (1884-1907) : Son œuvre majeure, un commentaire exhaustif sur la partie Ora'h 'Haïm du Choul'han Aroukh. Cet ouvrage monumental, écrit sur une période de 25 ans, est devenu la référence incontournable pour la halakha achkénaze concernant la vie quotidienne.

4. "Ahavat 'Hessed" (1888) : Un traité sur l'importance de la bonté et de la charité.

5. "Ma'hané Israël" (1881) : Un guide pratique pour les soldats juifs, leur enseignant comment observer les mitsvot dans les conditions difficiles du service militaire.

6. "Nid’hé Israël" (1893) : Un appel fervent aux Juifs d'Amérique pour qu'ils renforcent leur observance et leur attachement à la tradition.

7. "Likutei Halakhot" : Un recueil de lois relatives au Temple, reflétant la conviction du 'Hafets 'Haïm que la venue du Machia’h et la reconstruction du Temple étaient imminentes.

Le 'Hafets 'Haïm : architecte d'un judaïsme orthodoxe uni

Au tournant du XXe siècle, le 'Hafets 'Haïm, s’impose déjà comme un grand Tsadik et une autorité rabbinique essentielle du judaïsme orthodoxe. Son influence, dépassant largement sa ville natale de Radin, attira l'attention de communautés juives du monde entier.

Face aux bouleversements de l'époque moderne, le 'Hafets 'Haïm joua un rôle crucial dans la formation de l'Agoudat Israël en 1912. Cette initiative, fruit d'une collaboration entre plusieurs sommités rabbiniques, visait à consolider l'orthodoxie juive face aux courants séculiers et sionistes émergents. L'Agoudat Israël, fondée sur les principes de la Torah et une stricte adhésion à la Halakha, devint rapidement un acteur majeur de la vie juive orthodoxe. Elle fut plus tard à l'origine d'un parti politique défendant ces valeurs.

Le premier congrès mondial de l'organisation, tenu à Vienne en 1923, fut marqué par un discours fondateur du 'Hafets 'Haïm. Cet événement consolida la position de l'Agoudat Israël comme porte-parole d'un judaïsme orthodoxe uni et dynamique. En 1925, le ‘Hafets ‘Haïm fut également nommé à la tête du "Conseil des yéchivot", l'organe de direction des yéchivot polonaises, alors extrêmement nombreuses. Cette position renforça encore son influence sur le monde de l'étude de la Torah.
 

Miracles et prodiges du 'Hafets 'Haïm

La vie du 'Hafets 'Haïm fut jalonnée de nombreux événements extraordinaires, témoignant de sa sainteté et de sa proximité avec le divin, bien que le Sage lui-même ait toujours minimisé ces histoires. Pour lui, la véritable grandeur résidait dans l'étude assidue de la Torah et l'accomplissement sincère des mitsvot.  Pourtant, des témoignages incroyables sur son immense pouvoir nous sont parvenus. En voici quelques-uns… 

La vision prophétique de la Première Guerre mondiale : En 1914, alors que la paix semblait régner en Europe, le 'Hafets 'Haïm convoqua soudainement ses élèves. Avec une gravité inhabituelle, il leur dit : "Je sens l'odeur de la poudre à canon. Une grande guerre est sur le point d'éclater. Rentrez immédiatement chez vous pour être auprès de vos familles." Quelques jours plus tard, la Première Guerre mondiale commençait, confirmant la prescience du sage.

La guérison miraculeuse de l'enfant : Un jour, un père désespéré vint voir le 'Hafets 'Haïm. Son fils unique était gravement malade, les médecins ayant perdu tout espoir. Le 'Hafets 'Haïm écouta attentivement, ferma les yeux un instant, puis déclara : "Rentrez chez vous en paix. Votre fils est guéri." Incrédule, mais plein d'espoir, le père rentra en hâte. À sa grande joie, il trouva son fils complètement rétabli. Plus tard, il apprit que la guérison s'était produite exactement au moment où le 'Hafets 'Haïm avait prononcé ces paroles.

L'intervention auprès du Tsar : Dans les années 1890, une série de décrets anti-juifs menaçait la communauté. Le 'Hafets 'Haïm, malgré son âge avancé, se rendit à Saint-Pétersbourg. Les gardes du palais témoignèrent plus tard avoir vu un vieil homme traverser les murs comme s'ils n'existaient pas. Le Tsar, réveillé au milieu de la nuit, trouva le 'Hafets 'Haïm dans sa chambre. Impressionné par la présence sainte du Rabbin, il écouta ses arguments et annula les décrets sur-le-champ.

Les bénédictions de longévité : De nombreux témoignages attestent de l'efficacité des bénédictions du 'Hafets 'Haïm pour une longue vie. Par exemple, un jeune homme de 20 ans, gravement malade, reçut sa bénédiction. Non seulement il guérit, mais il vécut jusqu'à l'âge de 110 ans. Un autre cas célèbre est celui d'une femme qui, à 99 ans, vint demander une bénédiction pour atteindre les 100 ans. Le 'Hafets 'Haïm lui dit : "Pourquoi seulement 100 ? Que vous viviez jusqu'à 120 ans !" Elle atteignit effectivement cet âge vénérable.

Le pouvoir de la prière pour la pluie : Lors d'une sécheresse particulièrement sévère, la communauté demanda au 'Hafets 'Haïm d'intercéder. Il accepta de prier, à condition que tous s'engagent à renforcer leur observance des mitsvot. Alors qu'il commençait à réciter les Psaumes, le ciel, jusqu'alors d'un bleu limpide, s'assombrit soudainement. Avant même qu'il n'ait terminé sa prière, une pluie abondante se mit à tomber, mettant fin à la sécheresse.

Ces récits, transmis avec révérence de génération en génération, témoignent de la stature exceptionnelle du 'Hafets 'Haïm et de son lien profond avec le Créateur. Ils incarnent la foi en la capacité des grands Tsadikim à transcender les lois de la nature par leur piété et leur dévotion.

Les dernières années et l'héritage du ‘Hafets ‘Haïm

Le 'Hafets 'Haïm quitta ce monde le 24 Eloul 5693 (15 septembre 1933), à l'âge de 95 ans, peu de temps avant l'ascension de Hitler au pouvoir. On raconte qu'il avait pressenti la montée de l'antisémitisme, s'exclamant souvent que "des millions allaient mourir, et qu'on ne faisait rien".

L'influence du 'Hafets 'Haïm perdure jusqu'à aujourd'hui. Le "Michna Béroura" reste l'ouvrage de référence pour la halakha de la vie quotidienne dans le monde orthodoxe achkénaze. Ses enseignements sur le lachon hara sont plus pertinents que jamais à l'ère des réseaux sociaux et de la communication instantanée. De nombreuses organisations et initiatives modernes visant à promouvoir un discours éthique et respectueux s'inspirent directement de ses écrits.

Le 'Hafets 'Haïm nous a légué non seulement des livres, mais un modèle de vie juive authentique. Sa piété sincère, son amour inconditionnel pour chaque Juif, sa bonté et son dévouement total à la Torah continuent d'inspirer des générations de Juifs à travers le monde.

Sa hiloula est célébrée chaque année à la date de son décès. Des milliers de personnes se rassemblent sur sa tombe à Radin pour prier et étudier ses enseignements. Dans les yéchivot et les communautés du monde entier, on organise des chiourim spéciaux sur ses œuvres, en particulier sur les lois du Lachon hara.

Tsidkat-Eliaou marquera ce jour par une journée d’étude au Kollel Chaaré Nissim situé dans la synagogue Baba Salé - Chaaré Nissim de Jérusalem.

À l'occasion de la Hiloula de ce grand Tsadik, Tsidkat-Eliaou vous invite à allumer une veilleuse, à sa sainte mémoire,  à lire quelques psaumes de Téhilim (si possible ) et à prier pour le Am Israël !

Puis, récitez la formule ci-après : 
Zékhouto taguen alénou véal kol Israël, Amen.
Le Tsadik priera pour vous.

Vous pouvez également associer vos prières à la noble et grande mitsva de la Tsédaka et nos Rabbanim vous bénirons dans la synagogue Baba Salé - Chaaré Nissim de Jérusalem. 

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Prochaines dates de la Hiloula de Rabbi Israël Méïr Hacohen Kagan zatsal, dit le 'Hafets 'Haïm

2024 ► 27 septembre

2025 ► 17 septembre

ROCH HACHANA 5785

Pour que chaque juif, à Jérusalem, puisse commencer l’année 5785 dans la joie et la douceur en accomplissant les mitsvot de Roch Hachana !

 

Tsidkat-Eliaou organise, à l’occasion de Roch Hachana, une grande distribution de paniers alimentaires. Pour de nombreuses familles démunies avec enfants de Jérusalem, ces paniers sont la seule et unique possibilité de célébrer Roch Hachana en accomplissant les mitsvot du Séder et en récitant les bérakhot (bénédictions) dans la joie !

 

Nos paniers garnis comportent : halot, boissons, pâtes, riz, légumes, vin et jus de raisin, huile, sucre, conserves, poulet, poisson, farine, lait... Mais également tout ce qui est nécessaire au bon déroulement du Séder de Roch Hachana comme les dattes, les  blettes, les pommes et le miel, etc.

 

Cette année Roch Hachana sera immédiatement suivie de Chabbat, ce qui représente 3 jours de fêtes consécutifs et plus de repas à prévoir pour les familles les plus défavorisées qui n'en ont pas les moyens.

 

 

 

 

 

Tsidkat-Eliaou, le Hessed au quotidien à Jérusalem depuis plus de 28 ans.

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Association pour la Torah, l’Enseignement et les Mitsvot

Paru au Journal Officiel du 01/1990
 

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