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Tsadikim

La vie du Necher Hagadol, Maïmonide le "Rambam"

Le Grand Tsadik de Cordoue

"De Moché à Moché, nul ne fut comme Moché." Cette épitaphe, que l’on doit au ‘Hatam Sofer, gravée sur la tombe de Maïmonide, résume avec éloquence l'empreinte indélébile laissée par ce géant de la Torah. Rabbi Moché ben Maïmon, plus connu sous le nom de Maïmonide ou par son acronyme le Rambam, est une figure qui transcende les époques, et dont la lumière continue d'illuminer notre compréhension du judaïsme.

Né en 1135 à Cordoue, en Espagne musulmane, Maïmonide a émergé comme une force intellectuelle sans précédent. Talmudiste, philosophe, médecin et astronome, il incarna la quintessence du savoir médiéval, fusionnant avec brio la sagesse juive traditionnelle et la philosophie aristotélicienne. Son œuvre magistrale, le Michné Torah, demeure un pilier de la loi juive, tandis que son Guide des Égarés continue de stimuler la réflexion philosophique.

L'influence de Maïmonide s'étend bien au-delà des cercles juifs. Ses écrits ont captivé l'attention des penseurs musulmans et chrétiens, faisant de lui un pont entre les cultures. Albert le Grand et Thomas d'Aquin, figures emblématiques de la scolastique chrétienne, se sont inspirés de ses idées, témoignant de l'universalité de sa pensée.

Huit siècles après sa disparition, l'héritage de Maïmonide reste vivace. Sa quête d'harmonie entre foi et raison, sa codification systématique de la loi juive, et sa vision d'un judaïsme rationnel continuent d'inspirer et de guider les générations successives. Maïmonide est une source intarissable de sagesse, un modèle d'érudition et de piété dont la pertinence ne cesse de se renouveler à travers les âges.

Plongeons dans l'histoire fascinante de ce Tsadik exceptionnel, dont la vie et l'œuvre ont façonné le visage du judaïsme moderne et continuent d'éclairer notre chemin spirituel et intellectuel.

La statut du Tsadik à Cordoue

Exil et persécutions

Au XIIe siècle, dans une Espagne où les cultures s'entremêlent, naît un esprit brillant qui marquera l'Histoire. Cordoue, 1138 : sous le ciel des Almoravides, Moché ben Maïmon voit le jour au sein d'une lignée de juges rabbiniques respectés. Son père, Rabbi Maïmon ben Yossef HaDayan, veuf et pilier de la communauté juive arabophone, façonne l'esprit du jeune prodige avec les enseignements des plus grands maîtres, notamment ceux de Yossef ibn Migach.

La vie paisible du jeune Moché bascule à ses dix ans, lorsque les Almohades s'emparent de Cordoue, imposant aux non-musulmans un choix cruel : conversion, mort ou exil. Ainsi commence une odyssée de survie pour la famille Ibn Abdallah - Moché, son père, son frère David et leur sœur. Pendant une décennie, ils errent dans le sud de l'Espagne avant de trouver refuge à Fès, au Maroc. Là-bas, entre les murs de l'université Al Quaraouiyine, le jeune homme affûte son esprit durant cinq années, poursuivant ses études talmudiques tout en s'initiant à la philosophie grecque et arabe, jusqu'à ce que les persécutions antijuives les poussent à nouveau sur les routes.

De Fès à Acco : fuir les persécutions

1165 marque un tournant : après le martyre du Rabbin Yéhouda Hacohen Ibn Chouchan qui refusa de se convertir, la famille s'élance vers la Terre Sainte. À Saint-Jean d'Acre, Maïmonide orchestre la libération des Juifs de Bilbéis, captifs des Croisés, et accomplit l’immense mitsva du rachat des prisonniers. Cette action d'éclat ouvre un nouveau chapitre de sa vie qui le mène, après la mort de son père à Alexandrie, vers Fostat, aux portes du Caire, avec son frère et sa sœur.

La maison du Tsadik à Fez

Fostat : l'apogée du Rambam

C'est à Fostat que Maïmonide atteint l'apogée de son influence. Nommé Raïs al Yahoud (Chef des Juifs) vers 1171, il jongle entre ses responsabilités de guide spirituel et ses travaux intellectuels. Mais le destin frappe à nouveau : son frère David, qui s’occupait de l’affaire familiale de pierres précieuses, périt dans un naufrage, poussant Maïmonide à pratiquer la médecine pour subvenir à ses besoins. La vie personnelle du Sage connaît aussi des turbulences : après avoir perdu sa première femme et leur fille dans une épidémie, il fonde un nouveau foyer avec la fille de Michaël Halevi, qui lui donne un fils, Avraham.

Devenu médecin de la famille de Saladin, Maïmonide produit alors ses œuvres les plus importantes dans une vie qu'il décrit comme épuisante. C'est là qu'il achèvera, en 1180, la rédaction du Michné Torah, un ouvrage monumental en 14 volumes, et l'incontournable Morei Nevou'him, Le Guide des Égarés, publié en 1190, qui tente de concilier la foi juive avec la pensée aristotélicienne.

Des controverses douloureuses

Malgré son immense influence, les idées de Maïmonide n'ont pas toujours fait l'unanimité. Certains Rabbins d'Europe de l'Est regardaient d'un œil méfiant sa façon d'entrelacer raison et foi. Son Michné Torah fut critiqué par ceux qui craignaient qu'il ne détourne les fidèles de l'étude directe du Talmud. Des incompréhensions sur ses écrits menèrent même à des accusations infondées, notamment celle d'avoir nié la résurrection des morts.

Pourtant, le temps a donné raison à ce grand Maître. Son influence sur le judaïsme s'est révélée aussi profonde que durable. En tissant habilement les fils de la raison et de la foi, en structurant la loi juive et en créant des ponts entre philosophie et religion, Maïmonide a façonné un héritage qui continue d'irriguer la pensée juive jusqu'à nos jours.

La synagogue du Tsadik au Caire

"Sans le Rambam, la Torah aurait été oubliée d'Israël."
(Rabbi Yaakov Emden) 

Dans l'histoire de l'étude de la Torah, le Rambam a tracé un chemin révolutionnaire. Il a imaginé une approche nouvelle, à la fois structurée et profondément réfléchie, de l'étude des textes sacrés. Pour lui, comprendre la Torah demandait une méthode progressive : d'abord maîtriser le texte écrit fondamental, puis s'immerger dans la Michna qui organise la loi orale, avant de plonger dans les profondeurs du Talmud, pour finalement mettre en pratique ces enseignements dans la vie quotidienne.

Sa vision était celle d'une Torah harmonieuse, où chaque élément s'emboîte parfaitement dans un ensemble cohérent. Cette perspective se reflète magnifiquement dans son œuvre majeure, le Michné Torah, où il tisse des liens subtils entre tous les aspects de la loi juive. Il y présente la halakha de façon limpide et ordonnée, sans s'embarrasser des débats talmudiques traditionnels, établissant des règles claires pour naviguer entre les différentes opinions. Comme il l'écrit dans son introduction au Michné Torah : "J'ai nommé cet ouvrage Michné Torah, car une personne qui étudie d'abord la Torah écrite, puis cet ouvrage, connaîtra toute la Torah orale sans avoir besoin de consulter un autre livre."

L'approche de Maïmonide était résolument rationnelle. Tout en affirmant le caractère divin des commandements, il cherchait à en révéler la logique profonde. Pour lui, la prière et même la prophétie nécessitaient une préparation tant intellectuelle que morale. Plus encore, il considérait que les sciences profanes étaient indispensables pour comprendre pleinement la Torah, une position qui ne manqua pas de susciter la controverse.

Son influence fut immédiate et durable. Le Michné Torah provoqua des réactions passionnées, entre admiration pour sa clarté et critiques de ceux qui lui reprochaient d'omettre ses sources. Son impact se ressent encore aujourd'hui, que ce soit dans le Choul’han Aroukh de Rabbi Yossef Karo, qui a dit "Le Rambam est le plus grand des décisionnaires, et tous les pays d'Israël se sont appuyés sur lui.", ou dans les réflexions de penseurs modernes comme le Rav Soloveitchik. Une véritable école de pensée s'est développée autour de son œuvre, portée par son fils Rabbi Avraham et de nombreux commentateurs à travers les âges.

Œuvre majeure du Tsadik

Dans ses relations avec ses pairs, Maïmonide dialoguait avec les grands esprits de son temps comme Rabbi Avraham Ibn Ezra et Rabbi Yéhouda Halévi, entretenait une correspondance nourrie avec les Sages de Lunel, tout en maintenant son indépendance intellectuelle face aux Gaonim. Sa pensée créa parfois des tensions avec les approches plus mystiques et traditionnelles du judaïsme, mais au final, son point de vue continue de faire autorité jusqu'à nos jours.

Ces controverses témoignent de l'audace et de l'originalité de sa pensée, qui continuent de stimuler la réflexion et le débat dans le monde juif jusqu'à aujourd'hui.

Une approche révolutionnaire de la médecine

Le Rambam avait une conception de la médecine totalement avant-gardiste pour son époque.  Il a écrit plusieurs traités médicaux, dont certains sont restés des références pendant des siècles. Son approche de la médecine était holistique, considérant le patient dans sa globalité, corps et âme. Il disait qu’un médecin ne devait pas considérer la maladie, mais le malade, qu’il ne devait pas soigner seulement le corps, mais aussi l’esprit, car les deux étaient liés étroitement. Pour lui, soigner était une mission sacrée, une chelih’out divine.

Il préconisait une médecine préventive, et considérait deux choses comme essentielles pour avoir une bonne santé : une alimentation saine et frugale et une activité physique quotidienne : “le mouvement, c’est la vie” disait-il. Il y a plus de 800 ans, le Rambam avait déjà compris le rôle de l’activité physique et de l’alimentation pour la santé. Il savait, alors qu’aujourd’hui encore, les médecins n’en tiennent pas compte, que quasi toutes les maladies ont pour origine la nourriture malsaine et la sédentarité. 

Il considérait la médecine comme une mission divine, avec un message puissant et universel d’amour de son prochain. 

“La compassion pour les animaux est un commandement de la Torah”

Sa compassion s'étendait même aux animaux, reconnaissant leur capacité à ressentir des émotions et de la souffrance, bien avant les antispécistes, il écrivait que “le sentiment d’amour et de tendresse d’une mère pour son petit, est le même chez l’humain et l’animal”, parce que "les animaux ont une perception et une volonté propre... ils ressentent leur propre souffrance, même si leur capacité intellectuelle n'égale pas celle de l'homme." écrit-il dans le Guide des égarés (3,17), où il rappelle que  "L'interdiction de causer de la souffrance aux animaux est basée sur la Torah elle-même... car nous sommes tenus d'avoir de la compassion pour tous ceux qui souffrent." (3,48) C’est aussi le Rambam, qui insistait sur l’importance du partage et du don, du souci de son prochain, qui a employé cette merveilleuse formule :  “Donner la tsédaka n’a jamais appauvri personne”...

Le Kever du Tsadik à Tibériade

Un héritage éternel

La vie du Rambam s'acheva le 20 Tevet 4965 (13 décembre 1204) à Fostat, en Égypte, à l'âge de 69 ans. Sa disparition provoqua une onde de choc dans le monde juif et au-delà. À Fostat, un deuil de trois jours fut décrété, tandis qu'à Jérusalem, on institua un jeûne public.

Conformément à ses dernières volontés, sa dépouille devait reposer en Terre Sainte. On raconte que son cercueil fut placé sur un chameau qui, guidé par une force mystérieuse, traversa le désert jusqu'à Tibériade. Là, l'animal s'agenouilla, indiquant ainsi le lieu de sépulture choisi par la Providence. Aujourd'hui encore, la tombe du Rambam à Tibériade est un lieu de pèlerinage majeur. Chaque année, le jour de sa hiloula, des milliers de fidèles du monde entier s'y rassemblent pour prier et honorer sa mémoire. L'épitaphe gravée sur sa tombe résume éloquemment la place unique qu'occupe Maïmonide dans l'histoire juive : "De Moïse à Moïse, nul ne fut comme Moïse". 

Son fils unique, Rabbi Avraham, lui succéda comme Naguid et perpétua son héritage spirituel.

Les œuvres de Maïmonide sont toujours étudiées dans les yéchivot et les universités du monde entier. Sa méthodologie d'étude, qui préconise une approche systématique et hiérarchisée de la Torah, continue d'influencer l'éducation juive.

Comme l'a si justement dit Rabbi Yaakov Emden : "Sans le Rambam, la Torah aurait été oubliée d'Israël."

Puisse le mérite du Rambam nous protéger et sa sagesse nous éclairer, amen! 

 

Dates de la hiloula du Tsadik

 

Tsidkat-Eliaou marquera ce jour par une journée d’étude au Kollel Chaaré Nissim situé dans la synagogue Baba Salé - Chaaré Nissim de Jérusalem.

À l'occasion de la Hiloula de ce grand Tsadik, Tsidkat-Eliaou vous invite à allumer une veilleuse, à sa sainte mémoire,  à lire quelques psaumes de Téhilim (si possible ) et à prier pour le Am Israël !

Puis, récitez la formule ci-après : 
Zékhouto taguen alénou véal kol Israël, Amen.
Le Tsadik priera pour vous.

Vous pouvez également associer vos prières à la noble et grande mitsva de la Tsédaka et nos Rabbanim vous bénirons dans la synagogue Baba Salé - Chaaré Nissim de Jérusalem. 

 

Jérusalem


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Prochaines dates de la Hiloula de Rabbi Moché Ben Maïmon "Maïmonide"

2025 ► 20 janvier

2026 ► 9 janvier

 

 

 

 

 

 
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Paru au Journal Officiel du 01/1990
 

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