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Tsadikim

Rabbénou Tam : Lumière du judaïsme médiéval et pilier des Tossafistes

Rabbénou Yaacov ben Méir, plus connu sous le nom de Rabbénou Tam, fut l'une des figures les plus éminentes et influentes du judaïsme ashkénaze au XIIe siècle. Né en 1100 à Ramerupt, en Lorraine, dans le nord-est de la France, il était le petit-fils du célèbre commentateur Rachi et le plus jeune des trois frères qui allaient révolutionner l'étude talmudique en fondant l'école des Tossafistes.

Son surnom "Tam", signifiant "intègre" ou "simple", lui fut attribué en référence au verset de Bérechit (25:27) décrivant Yaacov Avinou comme un homme "tam" (parfait, droit) qui passait son temps à étudier la Torah. Cette appellation reflétait non seulement sa droiture, ses midot parfaites, mais aussi sa dévotion à l'étude, qui allait marquer toute sa vie et son œuvre.

Rabbénou Tam : une éducation exceptionnelle

Issu d'une lignée prestigieuse, Rabbénou Tam reçut une éducation d'exception. Sa mère, Yokhéved, était la fille de Rachi. Son père, le rabbin Méir ben Chmouel, était lui-même un érudit renommé qui fut son premier maître dans l'étude des Écritures et du Talmud. Son frère aîné, RaChBaM (Rabbénou Chmouel ben Méir), de 15 ans son aîné et déjà un talmudiste et commentateur réputé, contribua également à sa formation. Il fut aussi l'élève de Rav Yaacov ben Chimchon, lui-même disciple de Rachi et auteur d'un commentaire sur le traité Avot.

Une anecdote raconte que, enfant, Rabbénou Tam se trouvait sur les genoux de son grand-père Rachi, qui portait Talit et Téfilines. Le jeune Yaacov tenta de retirer les Téfilines de son grand-père, ce qui fit s'exclamer Rachi : "Lorsque ce petit grandira, il sera en désaccord avec mon opinion à propos de la Mitsva des Téfilines." Cette histoire préfigurait les futures divergences d'opinion entre Rachi et son petit-fils, tout en soulignant la perspicacité précoce de ce dernier.

L'école des Tosafistes et l'héritage de Rachi

Bien que le plus jeune des frères, Rabbénou Tam est généralement considéré comme le plus éminent des fondateurs de l'école des Tossafistes. Cette école, qui allait fonctionner pendant plusieurs générations, se donna pour mission de compléter et parfois de remettre en question le commentaire de Rachi sur le Talmud Bavli.

Les Tossafistes, dont Rabbénou Tam devint rapidement le chef de file, développèrent une méthode d'étude caractérisée par une analyse minutieuse et comparative des différents passages du Talmud. Ils cherchaient à résoudre les contradictions apparentes, à établir des principes généraux et à tirer des conclusions halakhiques pratiques. Cette approche analytique et dialectique allait profondément influencer l'étude talmudique jusqu'à nos jours.

La prestigieuse yéchiva de Rabbénou Tam

Rabbénou Tam vécut principalement dans les villes de Troyes et Ramerupt, où il dirigea une importante yéchiva qui attirait des érudits du monde entier. À une époque, sa yechiva comptait jusqu'à 80 auteurs des Tossafot, des talmudistes renommés et des rabbins de grandes communautés.

L'érudition de Rabbénou Tam était légendaire. Ses contemporains le considéraient comme le plus grand sage de sa génération, s'adressant à lui avec une profonde humilité et un grand respect. On le décrivait comme "l'étoile d'Israël", "le chevalier des bergers", ou encore "l'éclaireur de sa génération". Son influence s'étendait bien au-delà du cercle des Tossafistes, comme en témoigne sa correspondance avec le célèbre Rabbi Abraham Ibn Ezra, qu'il admirait particulièrement pour son génie poétique.

Parallèlement à ses activités d'étude, Rabbénou Tam menait une vie de commerçant prospère, possédant une entreprise florissante de vin et exerçant également comme financier. Cette double vie illustrait sa capacité à concilier les affaires temporelles et spirituelles, incarnant l'idéal talmudique de "Torah im Dérech Erets" (l'étude de la Torah combinée à une activité professionnelle).

Rabbénou Tam : Œuvre et méthode d'étude

L'œuvre de Rabbénou Tam est vaste et variée. Il est surtout connu comme le leader parmi les auteurs du Tossafot, un commentaire sur le Talmud babylonien qui s'appuie sur l'interprétation de Rachi tout en la complétant et parfois en la contestant. Ses analyses incisives et ses interprétations novatrices ont ouvert de nouveaux horizons dans la compréhension du Talmud.

Son principal ouvrage, le "Sefer Hayachar" (Livre de la Droiture), achevé en 1149, est divisé en deux parties : "Actualités" et "Questions et réponses". Ce livre témoigne de sa maîtrise exceptionnelle du Talmud et de son habileté à appliquer les principes talmudiques à des situations nouvelles.

Rabbénou Tam a également écrit sur la grammaire hébraïque, prenant parti pour Mena'hem ben Sarouk contre la méthode de Donech Iben Labert. Il a composé des piyoutim (poèmes liturgiques), édité un cycle de prières, et rédigé des commentaires bibliques, dont la plupart se sont malheureusement perdus au fil des générations.

Sa méthode d'étude était caractérisée par une grande acuité et une profondeur remarquable. Il analysait différentes versions des textes talmudiques, découvrant des nuances subtiles qui formaient la base d'une nouvelle compréhension des problèmes abordés. 

Comme l'a exprimé Rabbi Yits'hak ben Chechet plusieurs générations plus tard : "Tous les sages d'Israël qui sont présents aujourd'hui sont tous comme une pelure d'ail et une graine de sésame par rapport à son plus petit disciple."

Rabbénou Tam : des innovations halakhiques

Dans le domaine de la halakha, Rabbénou Tam a laissé une empreinte durable. Certaines de ses décisions, bien que n'ayant pas toujours été adoptées par la majorité, sont encore suivies par une partie importante de la communauté juive observante.

Parmi ses opinions les plus connues figure sa méthode de placement des parchemins dans les tefilines, différente de celle de son grand-père Rachi. Cette divergence a donné naissance à la pratique de porter les "tefilines de Rabbénou Tam" en plus des tefilines traditionnelles.

Une autre innovation majeure concerne sa détermination de l'horaire quotidien, notamment pour le début et la fin du Chabbat. Selon sa méthode, le Chabbat commence 72 minutes après le coucher du soleil, soit environ une demi-heure plus tard que l'usage courant. Cette opinion, connue sous le nom de "Zman Rabbénou Tam", est encore respectée dans de nombreuses communautés.

Enfin, si nous posons aujourd'hui la mézouza de façon inclinée sur les montants de nos portes, c'est aussi en raison d'une divergence d'opinion entre Rabbénou Tam et son grand-père Rachi : ce dernier préconisait une installation verticale, tandis que Rabbénou Tam était pour une disposition horizontale. Face à ce désaccord entre deux éminents érudits, la pratique traditionnelle a opté pour un compromis : placer la Mézouza de manière oblique, respectant ainsi l'enseignement des deux maîtres.

Épreuves et autorité communautaire

La vie de Rabbénou Tam ne fut pas exempte d'épreuves. En 1146, lors de la Deuxième Croisade, il échappa de justesse à la mort lors d'une attaque violente des Croisés. Blessé à la tête, il dut son salut à l'intervention d'un noble français qui promit de le convertir. Cet événement traumatisant le poussa à quitter Ramerupt pour s'installer à Troyes, la ville de son grand-père Rachi.

Malgré ces difficultés, Rabbénou Tam continua à jouer un rôle essentiel dans l'organisation et la défense des communautés juives de France. Il établit de nombreuses corrections halakhiques pour les Juifs de France et fut en contact avec d'autres grands rabbins au-delà du cercle des Tossafistes.

Vers la fin de sa vie, il fut profondément affecté par le martyre de 38 Juifs brûlés sur le bûcher à Blois en 1171, suite à une accusation de crime rituel. En réponse à cette tragédie, il institua le 20 Sivan comme jour de jeûne pour les communautés juives de France, d'Allemagne et de Grande-Bretagne, démontrant son autorité et sa capacité à unir la communauté dans l'adversité.

Rabbénou Tam : Un immense héritage 

Rabbénou Tam s'éteignit le 4 Tamouz 4931 (1171) à l'âge de 71 ans. Sa mort fut vécue comme une perte immense pour le monde juif. Comme l'exprima sa sœur : "La lumière du monde s'est éteinte et les tables de l'alliance ont été brisées." Il fut enterré dans l'ancien cimetière de Ramerupt, aux côtés de son frère Rachbam et de son neveu Rabbi Yits'hak l'Ancien.

L'influence de Rabbénou Tam sur la pensée juive et la halakha reste considérable jusqu'à nos jours. Son nom et ses écrits sont familiers à chaque étudiant du Talmud. Sa méthode d'analyse et d'interprétation a profondément marqué l'étude talmudique et la codification de la loi juive.

Une anecdote illustre l'estime dans laquelle il était tenu : on raconte que lorsque le jeune Yaacov entendit les pleurs à la mort de Rachi et qu'on lui expliqua que le "cierge d'Israël" s'était éteint, il répondit : "Je reviendrai et je l'allumerai." Cette histoire symbolise la façon dont Rabbénou Tam a effectivement repris et amplifié l'héritage de son illustre grand-père.

Rabbénou Tam incarne l'idéal d'une vie consacrée à l'étude et à la transmission de la Torah, alliant une profonde érudition à un leadership communautaire influent. Son héritage continue d'éclairer et d'inspirer les générations de savants et de pratiquants juifs, témoignant de la puissance durable de son enseignement et de sa pensée. Il reste, des siècles après sa disparition, une figure tutélaire du judaïsme, symbole d'excellence intellectuelle et de droiture morale.

Le 4 Tamouz , cette année le 10 juillet 2024, nous célébrons la Hiloula de Rabbénou Tam,
n'hésitez pas à prier et à faire un don, si possible, pour profiter du mérite de cet immense Tsadik
 

 

HILOULA DE RABBÉNOU TAM

Rabbénou Tam est né en 4860 (1100 de l’ère chrétienne) et s’est éteint le 4 tamouz 4931 (1171). 

De nos jours, lors de sa Hiloula, dans certaines synagogues, et notamment la nôtre, la synagogue Baba Salé - Chaaré Nissim de Jérusalem, lors de la téfila au Netz, juste avant de dire Achré, nous retirons les tefilines de Rachi pour mettre celles de Rabbénou Tam et continuer ainsi la téfila.

Lors de la Hiloula de ce grand Tsadik, Tsidkat-Eliaou vous invite à allumer une veilleuse, à sa sainte mémoire,  à lire quelques psaumes de Téhilim (si possible ) et à prier pour le Am Israël !

Puis, récitez la formule ci-après : 
Zékhouto taguen alénou véal kol Israël, Amen.
Le Tsadik priera pour vous.

Vous pouvez également associer vos prières à la noble et grande mitsva de la Tsédaka et nos Rabbanim vous bénirons dans la synagogue Baba Salé - Chaaré Nissim de Jérusalem. 


ENVOYEZ-NOUS VITE VOS DEMANDES DE BÉRAKHOT

Dates de la Hiloula de Rabbénou Tam

2024 ► Mercredi 10 juillet 

2025 ► Lundi 30  juin

 

La prière de Rabbénou Tam : une incroyable ségoula contre le mal

"Celui qui récite cette prière chaque jour a la garantie qu'aucun mal ne lui arrivera ce jour-là et qu'il réussira dans toutes ses entreprises", assure Rabbénou Tam qui a écrit une téfila spécialement pour la protection du peuple d’Israël qui à son époque, subissait les persécutions des Croisés. Les rabbanim aujourd’hui, recommandent aux soldats de Tsahal de la lire tous les jours. 

Nous vous proposons, ci-dessous, la traduction de cette prière réalisée par le du rav Chlomo Atlan :

[Anges] Michaël, Gabriel et Raphaël, je vous demande de prier, de solliciter et de supplier le Roi, Roi des Rois, le Saint, béni soit-Il, afin que je réussisse dans toutes mes voies et en tout endroit où je me rends : [qu’Il me protège] des malfaiteurs, afin qu’ils ne me fassent aucun mal, des Chédim, des Liline (ce sont des catégories de créatures spirituelles), des hommes, des femmes et de tout malheur, de l’épée, de la mortalité, de la famine et de toutes les calamités qui se produisent au monde. Qu’Hachem, le Seigneur d’Israël, me sauve de tous, afin qu’ils ne puissent pas me dominer : ni mon corps, ni mes forces, ni ma descendance.

Que ce soit Ta volonté, Hachem, mon D. et D. de mes pères, que ce moment soit un temps de bienveillance de Ta part, afin que Tu écoutes ma prière et ma requête.

Dire 3 fois chacun de ces versets de Tehilim :

« L’Eternel Tséva-ot est avec nous, le D. de Yaacov (Jacob) est notre rempart » (Psaumes 46, 8)

« Eternel Tséva-ot, heureux l’homme qui a confiance en Toi » (Psaumes 84, 13)

« Eternel sauve-nous ! Le Roi nous répondra le jour où nous L’appellerons » (Psaumes 20, 10)

« L’ange qui me sauve de tout malheur bénisse les garçons et que grâce à eux mon nom puisse être perpétué avec mes aïeuls Abraham et Yitshak ; et qu’ils se multiplient immensément dans le pays » (Genèse 48, 16).

Dire 7 fois chacun des versets suivants :

« J’ai compté sur Ton secours, ô Seigneur » (Genèse 49, 18).

« Un bataillon assaillira Gad, et ensuite ce sera lui qui les attaquera. » (Genèse 49, 19).

« De cette façon, je réussirai dans mes voies, comme le fit Yéhochouâ (Josué) lorsqu’il traversa le Jourdain avec le peuple d’Israël pour combattre les Cananéens et [ensuite il] retourna indemne dans son pays. »

 
 

 

 

 

 

 

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Association pour la Torah, l’Enseignement et les Mitsvot

 

Paru au Journal Officiel du 01/1990
 

 
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