Rabbi Moché Khalfon Hacohen : L'Illustre Tsadik de l'Île de Djerba
Rabbi Moché Khalfon Hacohen zatsal, né le 30 janvier 1874 sur l'île de Djerba, en Tunisie, est l'un des Rabbins les plus respectés du judaïsme tunisien. Sa vie, marquée par une érudition exceptionnelle, un engagement profond pour sa communauté et un sionisme indéfectible, a laissé une empreinte éternelle. Il s’est éteint le 7 janvier 1950 à Djerba, après avoir consacré sa vie à l'étude de la Torah et au service de son peuple.
Voilà donc 75 ans cette année que Rabbi Khalfon nous a quittés, et à l’occasion de sa Hiloula, célébrée le 18 Tevet, Tsidkat-Eliaou consacre un article biographique à ce grand Tsadik.
Une famille de Tsadikim
Issue d'une lignée prestigieuse d'érudits, la famille de Rabbi Moché Khalfon Hacohen compte des ancêtres remontant à Esdras (Ezra le Scribe). Son arrière-grand-père, Rabbi Chaoul Hacohen, présidait le tribunal rabbinique de Djerba, et son grand-père, Rabbi Moché Hacohen, fut l'auteur d'un recueil de drachot, Pnei Moché.
Son père, Rabbi Chalom Hacohen, enrichit la littérature rabbinique de plusieurs ouvrages essentiels, dont Nahar Chalom, Hefetz Yakar et Haïm veChalom. La famille était aisée et très généreuse, soutenant les pauvres et les érudits de la communauté. C'est dans ce contexte de ‘hessed et Torah que Rabbi Khalfon Akiva Moché grandit. Son éducation, sous la tutelle de son père et du grand-rabbin de Tunisie, le Roch Yéchiva Rabbi Yossef Berbi, fut hélas interrompue quelque peu par des difficultés économiques familiales, qui le conduisirent à travailler comme éditeur et copiste de livres dès son plus jeune âge.
En 1895, Rabbi Khalfon épousa Massida, la fille du rav Avraham Cohen, sa cousine maternelle, qui lui donna trois fils et cinq filles.
Rabbi Khalfon : Engagement social et œuvres de bienfaisance
Il était déjà reconnu pour sa sagesse et sa grandeur en Torah depuis longtemps, mais ce n’est qu’en 1917, à 43 ans, qu’il accepta d’être nommé membre du tribunal rabbinique de Djerba. Il hésita longtemps avant d’accepter cette responsabilité qu’on lui proposait pourtant avec insistance depuis des années, préférant étudier la Torah et l’enseigner, en toute modestie et discrétion, mais bientôt, il n’eut plus le choix et se retrouva au sein d'un Bet Din prestigieux. Avec les Rabbins Tsvi Hacohen Yéhonatan et Morde’haï Emaus Cohen, Rabbi Khalfon fit honneur à sa mission et œuvra avec détermination pour la justice et le bien-être de sa communauté.
Parallèlement à ses activités spirituelles et politiques, Rabbi Moché Khalfon Hacohen déploya une action sociale innovante au service des plus démunis. Il créa un fonds spécial pour les veuves et orphelins de Djerba, institua un système de prêts sans intérêt (Gma’h), et mit en place un programme d'aide alimentaire permanent.
Son approche de l'aide sociale reposait sur plusieurs principes : la préservation de la dignité des bénéficiaires, la responsabilisation de la communauté dans l'aide aux démunis, faisant de l’entraide une partie intégrante de la vie juive de Djerba. Enfin et surtout, Rabbi Khalfon encourageait l'autonomie financière plutôt que de la dépendance et pour cela créa des formations professionnelles pour les jeunes défavorisés et organisa des mariages collectifs afin d'alléger le fardeau des familles modestes.
Rabbi Khalfon Hacohen, sioniste engagé et visionnaire
Sa vision dépassait les frontières de la communauté juive locale. Il proposa des idées audacieuses pour la paix mondiale, comme l'établissement d'une Société des Nations à Jérusalem et la création d'une Cour mondiale dans la ville sainte, renforçant ainsi sa pensée universaliste.
L'engagement sioniste de Rabbi Moché Khalfon Hacohen fut au cœur de sa vie. Sa vision religieuse et pratique du sionisme le conduisit à promouvoir le retour en Terre d'Israël non seulement comme une mitsva, mais aussi comme une nécessité pour l'avenir du peuple juif. Il prit des mesures concrètes pour inciter à l'immigration en Israël, achetant des terres en Erets Israël et instaurant une célébration de trois jours en l'honneur du jour l'indépendance de l'État d'Israël. Sa correspondance régulière avec les dirigeants du mouvement sioniste et son soutien à l'apprentissage de l'hébreu moderne montrent à quel point l’avenir du peuple juif lui tenait à cœur, et combien sa pensée était déjà prophétique…
Les épreuves de Rabbi Khalfon
Rabbi Moché Khalfon Hacohen ne fut pas épargné par les épreuves. Il fit face à la perte tragique de son fils Avraham, mort à 33 ans, un deuil qui marqua profondément sa vie. En 1943, l'occupation nazie en Tunisie apporta de nouvelles souffrances et Rabbi Moché dut faire face à la demande exorbitante de fournir 50 kilos d'or, le jour même, un Chabbat, sous la menace d’anéantir toute la communauté. Alors que Rabbi Moché se démenait pour collecter auprès des familles tous les bijoux en or, par miracle, des bombardements alliés surprirent les officiers nazis et mirent un terme au danger imminent.
L’œuvre de Rabbi Moché Hacohen
L'héritage en enseignement de Torah de Rabbi Moché est tout aussi impressionnant que son engagement social et politique. Il laissa une œuvre prolifique d'environ 80 ouvrages publiés. Parmi ses contributions majeures, on compte Responsa Choel VeNichal, une collection de plus de 3000 responsa juridiques en huit volumes, et Brit Kéhouna, une compilation des coutumes djerbiennes, structurée selon le Choulhan Aroukh. Ces travaux témoignent de son approche rigoureuse de la loi juive et de sa capacité à l'adapter aux réalités de son époque, comme le reconnut le Rav Ovadia Yosef.
L'héritage éternel de Rabbi Khalfon
Rabbi Khalfon Moché Hacohen décéda en 1950, sans avoir réalisé son rêve d'Alya, mais en nous laissant un héritage spirituel inestimable. Des milliers de personnes assistèrent à ses funérailles, et en 2006, le transfert de sa dépouille à Jérusalem fut l'occasion d'un hommage international. Plusieurs villes en Israël, dont Jérusalem et Nétivot, ont consacré une rue à son nom.
Notre Maître Rabbi Moché Khalfon Hacohen restera dans l'histoire juive comme un géant de la Torah et de l'action. Érudit infatigable ayant publié près de 80 ouvrages de Torah, innovateur social audacieux, sioniste convaincu et promoteur de la Alyah, il incarna bien plus qu'un simple Rabbin. Sa vision dépassait les frontières de sa communauté : il rêvait d'un monde de ‘hessed et de paix universelle, où la sagesse juive pourrait éclairer l'humanité entière.
Sa vie nous enseigne que la Torah est un chemin vivant, et nous enjoint à agir pour construire un monde plus juste et plus solidaire. Puissent la sagesse et le mérite de ce grand Tsadik nous inspirer et protéger le peuple juif.
Tsidkat-Eliaou marquera ce jour par une journée d’étude au Kollel Chaaré Nissim situé dans la synagogue Baba Salé - Chaaré Nissim de Jérusalem.
À l'occasion de la Hiloula de ce grand Tsadik, Tsidkat-Eliaou vous invite à allumer une veilleuse, à sa sainte mémoire, à lire quelques psaumes de Téhilim (si possible ) et à prier pour le Am Israël !
Puis, récitez la formule ci-après :
Zékhouto taguen alénou véal kol Israël, Amen.
Le Tsadik priera pour vous.
Vous pouvez également associer vos prières à la noble et grande mitsva de la Tsédaka et nos Rabbanim vous bénirons dans la synagogue Baba Salé - Chaaré Nissim de Jérusalem.
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Prochaines dates de la hiloula du Tsadik Rabbi Moché Khalfon Hacohen zatsal
2026 - 5786 ► 7 janvier
2026 - 5787 ► 28 décembre
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Paru au Journal Officiel du 01/1990
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