Maran, Ha-Rav Ovadia Yossef זצ"ל : Un Gadol de la Torah au service du peuple juif
En octobre 2013, lorsque Maran Ha-Rav Ovadia Yossef zatsal, Rishon Létsion, Grand Rabbin Séfarade d’Israël, s'est éteint à Jérusalem, les rues de la ville se sont remplies de centaines de milliers de personnes venues lui rendre un dernier hommage. Ce n'était pas simplement la disparition d'un Grand Rabbin, c'était la fin d'une époque. Dans un pays en plein essor moderne où la tradition juive séfarade risquait de se perdre, le Rav Ovadia avait su préserver et raviver une flamme millénaire, en créant un parti politique qui rendait enfin visible la communauté. Ses cours hebdomadaires, diffusés à la radio et suivis par des dizaines de milliers de personnes, étaient un mélange unique d'érudition profonde et de messages abordables à tous.
À travers ses décisions halakhiques novatrices, il avait démontré comment la loi juive pouvait s'adapter aux défis contemporains tout en restant fidèle à ses racines profondes. Sa capacité à rendre la Torah accessible à tous, ses connaissances vertigineuses, alliées à une sensibilité aux réalités quotidiennes et à un amour de son prochain, ont fait de lui bien plus qu'un simple rabbin : un guide qui a su redonner fierté et direction à toute une communauté.
Des débuts modestes à la grandeur en Torah
Né le 23 septembre 1920 (11 Tichri 5681) à Bagdad, en Irak, le jeune Ovadia arrive en Erets Israël à l'âge de quatre ans. Sa famille s'installe dans le quartier de Bou’harim à Jérusalem où son père tient une petite épicerie. Les récits de son enfance rapportent qu'il étudiait souvent à la lueur des réverbères dans les rues de Jérusalem, sa famille n'ayant pas les moyens de s'offrir l'électricité. À la prestigieuse Yéchiva Porat Yossef, sous la tutelle du rav Ezra Attia, il éblouit déjà ses Maîtres par sa mémoire exceptionnelle et sa capacité d'analyse. À dix-sept ans à peine, il publie son premier ouvrage, un commentaire du traité talmudique Horayot intitulé « Yabia' Omer », préfigurant l'érudit qu'il deviendrait.
Trois ans plus tard, alors qu'il dispense déjà des cours aux plus grands érudits de Jérusalem, il reçoit son titre de Rabbin et de Dayan des mains du Rav Ben-Tsion Méïr 'Haï Ouziel, Grand Rabbin d'Israël. En 1947, à vingt-sept ans, il prend la présidence du Grand Tribunal Rabbinique du Caire, où il révolutionne la cacheroute et la jurisprudence halakhique. De retour en Israël deux ans plus tard, il devient juge au Tribunal Rabbinique de Péta'h Tikva, puis Grand Rabbin de Tel Aviv. Durant cette période, il poursuit son œuvre d'écriture, publiant notamment le premier volume de son magistral « Yabia' Omer », un recueil de responsa qui établira définitivement sa réputation de décisionnaire éminent.
Avant sa nomination comme Grand Rabbin séfarade de Tel-Aviv en 1968, le Rav avait déjà acquis une renommée considérable pour sa mémoire prodigieuse et sa connaissance exhaustive de toutes les sources de la halakha à travers les siècles. Ces qualités lui permettraient par la suite de jouer un rôle majeur dans la vie religieuse et politique d'Israël, en particulier en rétablissant la dignité et la splendeur de la tradition séfarade. Il reçut de nombreuses récompenses pour son érudition, dont le prix "Ilouy Hayéchivot" (Prodige en Torah), ainsi que le Prix Jérusalem de littérature toranique et le Prix du Rav Kook, avant d'être nommé Grand Rabbin séfarade d'Israël en 1972.
Le Rav Ovadia Yossef : une révolution dans le monde de la Halakha
Le Rav Ovadia n'hésitait pas à prendre des positions audacieuses lorsque le bien du peuple l'exigeait. Dans l'ombre, il influençait de nombreuses décisions nationales, toujours guidé par les principes de "Pikoua’h Nefech" (préservation de la vie) et de recherche de la paix. Sur les Accords d'Oslo, sa position était claire : "La paix est le plus grand des bienfaits. Même si parfois le chemin est ardu, nous devons être prêts à faire des concessions pour l'atteindre, car elle vaut plus que tout l'or du monde."
Il n'hésitait jamais à prendre position sur des questions sociales brûlantes, défendant souvent les droits des travailleurs et des populations défavorisées. Il prenait même en compte les difficultés économiques des fidèles dans ses décisions halakhiques. Ses décisions ont modernisé de nombreux aspects de la vie juive contemporaine, notamment concernant l'usage de l'électricité pendant Chabbat, la cacheroute des aliments industriels et l'utilisation des technologies modernes dans un contexte religieux. Plus remarquablement encore, il a reconnu la judaïté des Falachas éthiopiens comme descendants de la tribu de Dan, bravant l'opposition de certains responsables orthodoxes et facilitant leur intégration en Israël.
Il s'est également battu pour améliorer le statut des femmes dans le système rabbinique, notamment en ce qui concerne les questions de divorce. Son intervention la plus mémorable fut peut-être après la guerre de Kippour, lorsqu'il traita les cas de près de 1 000 femmes Agounot, dont les maris avaient disparu en territoire ennemi. Quand le Rav ashkénaze Rav Goren s'étonna auprès de Moché Dayan que ces dossiers soient confiés au Rav Ovadia, qui n'avait pas fait son service militaire, le ministre de la Défense, pourtant non-religieux, répondit que pendant ces années, le Rav avait accumulé une telle érudition que ses décisions seraient universellement acceptées.
Ses enfants témoignent qu'il passa des mois cloîtré dans son bureau, absorbé par cette tâche délicate, n'entendant que "le bruit de sa plume sur le papier et ses pleurs..." Cette histoire résume parfaitement sa grandeur : une érudition phénoménale en Torah couplée à une empathie profonde pour le peuple d'Israël.
Shass : Rendre à la couronne sa splendeur d’antan
La création du parti Shass en 1984 marque un tournant dans l'histoire d'Israël. Comprenant que l'influence spirituelle devait s'accompagner d'action politique, le Rav Ovadia a béni ce mouvement qui allait transformer le paysage politique du pays. Sous sa direction spirituelle, Shass a unifié la population séfarade et lui a rendu sa fierté, combattant les discriminations et promouvant la tradition halakhique séfarade, la mettant sur un pied d'égalité avec la tradition ashkénaze. Cette démarche a renforcé l'identité religieuse et culturelle des Juifs séfarades en Israël, leur donnant une voix politique pour représenter leurs intérêts. Le mouvement a dépassé la simple sphère politique pour devenir une renaissance culturelle et spirituelle, créant un vaste réseau d'institutions éducatives, de yéchivot et d'organisations caritatives.
Ce réseau a permis de ramener des centaines de milliers d'enfants juifs à la Torah, réduisant ainsi l'assimilation dans la société laïque. En trente ans, le pourcentage de familles séfarades envoyant leurs enfants dans des écoles religieuses est passé de 10 % à 50 %. Son fameux slogan "Léha'hzir Atara LéYochna" (Restaurer la couronne à sa splendeur d'antan) résumait parfaitement sa vision : redonner à la tradition séfarade sa place légitime dans le monde juif moderne.
Maran Ovadia Yossef: un amour inconditionnel pour chaque Juif
Sa philosophie de l'éducation reflétait sa vision du judaïsme : "Un enfant n'est pas un vase à remplir, mais une flamme à allumer. Notre rôle est d'alimenter cette flamme avec amour et patience." Cette philosophie s'étendait à son rapport avec chaque Juif qui venait le consulter. "Avant de corriger quelqu'un," conseillait-il souvent, "demandez-vous : est-ce que je le fais par amour ou par colère ? Si c'est par colère, attendez que celle-ci passe."
Les histoires abondent sur sa patience infinie à répondre aux questions les plus simples, sur sa disponibilité à toute heure pour résoudre les problèmes de ses visiteurs. Un jour, on lui demanda pourquoi il recevait tout le monde, même tard dans la nuit. Sa réponse illustre parfaitement sa philosophie : "Si quelqu'un vient me voir, c'est qu'il souffre. Et la souffrance ne peut pas attendre jusqu'à demain." Pour lui, chaque Juif était précieux : "Chaque Juif est un diamant. Certains sont déjà polis et brillent de mille feux, d'autres sont encore bruts, mais tous sont des diamants."
Son fils, le Rav Yits'hak Yossef Chlita, Grand Rabbin Séfarade d'Israël sortant, témoigne : "Mon père ne dormait que trois heures par nuit. Le reste du temps était consacré à l'étude et à répondre aux besoins du peuple. Quand je lui demandais pourquoi il ne se reposait pas plus, il répondait : 'Le peuple d'Israël ne dort pas, alors comment pourrais-je dormir ?'" À ses élèves qui s'étonnaient de son rythme de travail intense, il rappelait constamment : "Ce n'est pas suffisant d'être un érudit en Torah. Il faut aussi être un 'Mensch', un homme de bien. La Torah doit raffiner notre caractère et nous rendre plus sensibles aux besoins des autres." À noter que Le Rav David Yossef Chlita, fils également de Maran Harav Yossef Ovadia, est le nouveau Grand Rabbin Séfarade d’Israël.
L’héritage littéraire monumental du rav Ovadia Yossef
Le Rav Ovadia était capable de citer par cœur des milliers de sources rabbiniques. Il consacrait environ 18 heures quotidiennes à l'étude de la Torah et à l'écriture, dormant très peu. Sa bibliothèque personnelle de plus de 40 000 ouvrages, qu'il avait pratiquement tous étudiés, témoigne de son érudition vertigineuse. Son style d'écriture se distingue par sa clarté et sa capacité à synthétiser des siècles de littérature rabbinique, citant systématiquement les opinions de ses prédécesseurs avant d'établir ses propres conclusions.
Son œuvre majeure, "Yabia' Omer", compte onze volumes de responsa traitant des problématiques halakhiques contemporaines. Il est également l'auteur de "'Hazon Ovadia", une série de livres sur les lois des fêtes juives, et de "Yabia' Da'at", six volumes de responsa plus concis. Dans son ouvrage magistral de responsa, il restaure la couronne de la tradition séfarade, démontrant avec une érudition éblouissante comment les décisions du Beit Yossef, Rabbi Yossef Karo, doivent continuer à guider les communautés séfarades. Sa philosophie était claire : "Quand on peut être permissif selon la halakha, pourquoi être strict ? Notre génération a besoin d'amour et de compréhension, pas de rigueur excessive."
Sa méthode unique, alliant une maîtrise encyclopédique des sources à une sensibilité profonde aux réalités de notre époque, lui a permis de résoudre des questions de halakha particulièrement complexes. Il encourageait par ailleurs la publication de versions simplifiées de ses décisions pour le grand public, contribuant à la diffusion massive de son enseignement. Son influence continue à se faire sentir aujourd'hui, et ses œuvres sont étudiées dans pratiquement toutes les yéchivot séfarades et dans de nombreuses yéchivot ashkénazes.
Un départ historique
Le 7 octobre 2013 (3 'Hechvan 5774), le Rav Ovadia Yossef s'est éteint à l'âge de 93 ans à l'hôpital Hadassah Ein Kerem de Jérusalem. Son enterrement a rassemblé la plus grande foule de l'histoire d'Israël : plus de 850 000 personnes l’ont accompagné dans sa dernière demeure, un chiffre sans précédent qui témoigne de l'impact extraordinaire qu'il a eu sur le peuple juif. Des Juifs de tous horizons - séfarades et ashkénazes, religieux et laïcs, jeunes et anciens - sont venus rendre un dernier hommage à celui qui avait consacré sa vie entière au service de son peuple.
Chaque année, sa Hiloula est l'occasion pour des dizaines de milliers de personnes de se recueillir sur sa tombe au cimetière de Sanhédria à Jérusalem. Ces rassemblements perpétuent non seulement sa mémoire, mais aussi son message d'unité, d'étude de la Torah et d'amour inconditionnel pour chaque Juif. Son tombeau est devenu un lieu de pèlerinage où beaucoup viennent prier et s'inspirer de son exemple, poursuivant ainsi son héritage spirituel au-delà des générations.
"La tristesse n'a pas sa place dans le judaïsme. Même dans les moments difficiles, nous devons servir Hachem avec joie, car la joie ouvre les portes du ciel." Cette citation résume l'esprit qu'il a insufflé à toute une génération. Aujourd'hui, près de dix ans après son départ, son influence perdure à travers ses décisions halakhiques qui guident quotidiennement des milliers de Rabbins dans le monde. Les institutions qu'il a créées ou inspirées continuent de former de nouvelles générations de talmidei hakhamim.
Le Rav Ovadia nous a montré qu'il est possible d'être à la fois un géant en Torah et profondément connecté aux préoccupations quotidiennes du peuple. Son héritage ne réside pas seulement dans ses écrits, mais dans l'exemple vivant d'une vie entièrement vouée à la Torah et au peuple d'Israël. Que son souvenir protège le peuple d’Israël.
Tsidkat-Eliaou marquera ce jour par une journée d’étude au Kollel Chaaré Nissim situé dans la synagogue Baba Salé - Chaaré Nissim de Jérusalem.
À l'occasion de la Hiloula de ce grand Tsadik, Tsidkat-Eliaou vous invite à allumer une veilleuse, à sa sainte mémoire, à lire quelques psaumes de Téhilim (si possible ) et à prier pour le Am Israël !
Puis, récitez la formule ci-après :
Zékhouto taguen alénou véal kol Israël, Amen.
Le Tsadik priera pour vous.
Vous pouvez également associer vos prières à la noble et grande mitsva de la Tsédaka et nos Rabbanim vous bénirons dans la synagogue Baba Salé - Chaaré Nissim de Jérusalem.
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Prochaines dates de la Hiloula de Maran Ha-Rav Ovadia Yossef zatsal
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Paru au Journal Officiel du 01/1990
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