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Tsadikim

Rabbi Chnéour Zalman de Lyadi : L'architecte de la 'Hassidout 'Habad (1745-1812)

Le Tsadik de Lyadi

Dans l'histoire du judaïsme hassidique, Rabbi Chnéour Zalman Baroukhovitch zatsal occupe une place unique, tant par sa lignée que par son influence. Né le 18 Eloul 5505 (1745) à Liozna, en Biélorussie, il était le descendant direct du Maharal de Prague, lui-même descendant du Roi David. Cette ascendance prestigieuse n'était que le prélude à un destin extraordinaire.

Sa naissance elle-même fut marquée du sceau du divin. Le Baal Chem Tov, fondateur du mouvement hassidique, avait personnellement béni cette venue au monde, et même prédit sa date de naissance exacte, donnant aux parents - Rabbi Baroukh et la Rabbanit Rivka - des instructions précises sur l'éducation de cet enfant exceptionnel. Cette bénédiction n'était pas fortuite : l'âme de l'enfant, issue du monde spirituel d'Atsilout (le plus élevé des quatre mondes spirituels), descendait sur terre pour la première fois, porteuse d'une mission extraordinaire : celle de traduire les vérités les plus profondes de la mystique juive dans le langage de la raison humaine.

L'enfance miraculeuse du Baal HaTanya 

Les premières années de Rabbi Chnéour Zalman furent marquées par des manifestations précoces de génie qui dépassaient l'entendement. Le Baal Chem Tov, informé régulièrement de ses progrès à sa propre demande, suivait attentivement le développement de cet enfant prodige. L'unique rencontre entre le Baal Chem Tov et le jeune Rabbi Chnéour Zalman eut lieu lorsque ce dernier avait trois ans, lors de sa première coupe de cheveux ('Halaka). Ce moment, chargé de symbolisme, fut marqué par une bénédiction spéciale du Baal Chem Tov, dont les effets allaient se manifester tout au long de sa vie.

Son père, Rabbi Baroukh, reconnaissant le potentiel extraordinaire de son fils, l'envoie très tôt étudier auprès du célèbre Rabbi Issachar Ber de Kobilnyk à Loubavitch. Sous sa tutelle, le jeune prodige explore en profondeur le Talmud et la Kabbale, tout en s'intéressant aux sciences et aux mathématiques. Il consacre chaque instant à l'étude et à la réflexion. À l'âge de douze ans seulement, Chnéour Zalman est déjà reconnu comme un génie à Vitebsk, où il est accepté comme l'égal des grands érudits de la ville.

Cette maîtrise précoce culmina lors de sa bar-mitsva, où les plus éminents érudits lui décernèrent le titre de "Gaon", reconnaissant en lui un maître de la Torah à part entière. Lorsque Rabbi Issachar le renverra dans sa famille, il dira : "Je n'ai plus rien à lui enseigner, l'élève a dépassé le maître !".

Œuvrer pour le peuple juif 

En 5520 (1760), à l'âge de quinze ans, Rabbi Chnéour Zalman épousa la Rabbanit Sterna, fille de Rabbi Yéhouda Leib Segal et de la Rabbanit Beila. Son beau-père, figure éminente de la communauté de Vitebsk et fervent opposant au mouvement hassidique (mitnagued), allait devenir une source d'épreuves spirituelles pour son gendre lorsque celui-ci embrassa la voie hassidique.

Après son mariage, Rabbi Chnéour Zalman s'installa dans la région de Vitebsk, où il entreprit une œuvre sociale remarquable. Il luttera pour faciliter l'installation de Juifs dans l'intérieur de la Russie, où les opportunités économiques étaient plus prometteuses. Utilisant sa dot, il acheta des terres pour établir des colonies agricoles destinées aux Juifs persécutés. Cette initiative visait un double objectif : offrir un refuge sûr à ses frères face aux persécutions des non-juifs et leur permettre d'être exemptés de certaines taxes oppressives. Il ne se contenta pas d'établir ces colonies, mais veilla également à leur développement spirituel en y nommant des professeurs de Torah.

Plus tard, lors de la promulgation d'un énième décret d'expulsion des Juifs des zones rurales en 1808, Rabbi Chnéour Zalman a entrepris un vaste voyage à travers la Russie pour lever des fonds et aider à la réinstallation des familles touchées. Sa grandeur s'est ainsi manifestée non seulement dans l'étude de la Torah, mais aussi dans des actions concrètes pour le bien-être de son peuple.

Déjà sioniste, son engagement s'étendra au soutien des communautés juives en Terre d'Israël, pour lesquelles il organisera des collectes de fonds importantes.

Manuscrit du Tsadik

La naissance du mouvement 'Habad 

"L'intellect est un réceptacle pour l'émotion, mais l'émotion sans intellect est comme un corps sans âme."

La période de 5518 à 5523 (1758-1763) fut cruciale dans le développement intellectuel et spirituel de Rabbi Chnéour Zalman. C'est durant ces années qu'il élabora les fondements de ce qui allait devenir la philosophie 'Habad, un système de pensée révolutionnaire basé sur l'idée que l'amour et la crainte de D.ieu doivent émaner d'une réflexion profonde plutôt que d'une simple émotion. Cette approche unique, basée sur la compréhension intellectuelle profonde (Hokhma, Bina, Daat), distinguait son enseignement des autres courants hassidiques de l'époque.

En 5524 (1764), Rabbi Chnéour Zalman se trouva face à un choix crucial entre deux centres majeurs d'étude : Vilna, siège du célèbre Gaon, ou Mezritch, où enseignait le Maguid, successeur du Baal Chem Tov. Sa décision de se rendre à Mezritch fut motivée par une réflexion profonde : "À Vilna, j'apprendrais à étudier encore davantage, domaine dans lequel je suis déjà versé. À Mezritch, j'apprendrai à prier, à servir D.ieu avec mon cœur."

Le Maguid reconnut immédiatement la grandeur de son nouvel élève et le nomma Maguid de Lyozna en 5527 (1767). Trois ans plus tard, en 5730 (1770), il lui confia la tâche monumentale de rédiger une nouvelle version du Choulhan Aroukh, reconnaissant en lui l'érudition nécessaire pour une telle entreprise.

Après la disparition du Maguid, Rabbi Chnéour Zalman commença à diffuser activement son approche unique de la 'Hassidout 'Habad. En 5532 (1772), il fonda sa yéchiva à Lyozna, un centre d'étude d'élite réservé aux étudiants ayant déjà atteint un niveau exceptionnel tant dans l'étude de la Torah que dans la Kabbala.

Le Tsadik injustement emprisonné en Russie

Épreuves et persécutions du Admour Hazaken 

"Qui a lu le Tehilim comme je l'ai lu dans la prison de Pétersbourg ?"

Pourtant, le mouvement ‘hassidique, encore à ses débuts, suscite alors la méfiance, voire la haine, des Juifs orthodoxes. La confrontation avec ses opposants atteignit son paroxysme en 5534 (1774), lorsque Rabbi Chnéour Zalman tenta, avec Rabbi Mena'hem Mendel de Horodok, de rencontrer le Gaon de Vilna pour apaiser les tensions. Malgré le refus du Gaon de les recevoir, Rabbi Chnéour Zalman continua son œuvre, remportant des victoires intellectuelles décisives lors des confrontations de Minsk (5543/1783) et de Chklov.

La vie de Rabbi Chnéour Zalman n'a pas été exempte d'épreuves. Victime de calomnies de la part des mitnagdim, il est arrêté et emprisonné deux fois par les autorités russes sous des accusations de trahison. Ces épisodes, loin de l'abattre, renforcent sa détermination et sa foi.

En 5559 (1799), au lendemain de Souccot, Rabbi Chnéour Zalman fut arrêté une première fois. On l'accusait d'utiliser les fonds collectés pour la communauté 'hassidique de Terre Sainte à des fins séditieuses, la Turquie étant alors en guerre avec la Russie. Emprisonné dans la forteresse Petropavlov à Pétersbourg, sa première action fut d'écrire à ses disciples pour leur interdire tout acte de vengeance. Face à la commission d'enquête, il fit preuve d'une sagesse et d'une présence d'esprit remarquables. Son intelligence et sa dignité impressionnèrent jusqu'au Tsar Paul Ier lui-même, qui vint incognito l'interroger.

Enfin libéré le 19 Kislev 5559 (1798), cette date devint une fête pour les Hassidim, célébrant la victoire de la lumière sur l'obscurité, et marquant le " Roch Hachana de la 'Hassidout ".

Le Rav contre Napoléon 

La fin de la vie de Rabbi Chnéour Zalman fut marquée par son opposition ferme à Napoléon Bonaparte, dont il percevait l'influence comme une menace spirituelle pour le judaïsme.

Contrairement à d'autres dirigeants juifs qui virent en Napoléon un libérateur potentiel pour les Juifs, lui craignait l'influence morale et spirituelle néfaste que pourrait avoir la France révolutionnaire sur les communautés juives.

Cette décision, motivée par des considérations spirituelles profondes, illustre la vision à long terme de Rabbi Chnéour Zalman et sa préoccupation constante pour la préservation de l'intégrité du judaïsme face aux défis de la modernité.

Lorsque les armées françaises, fortes de quarante mille hommes, approchèrent de Lyadi, il dut fuir sur le conseil du général Nebrovsky, la veille du Chabbat qui bénit le mois d'Eloul 5572 (1812). Malgré sa santé fragile, il entreprend un voyage périlleux avec sa famille et ses disciples les plus proches. Ce périple épuisant finit par avoir raison de ses forces. Rabbi Chnéour Zalman décède le 24 Tevet 5573 (1812) à Piena, un village près de Koursk. Il est enterré à Haditch, près de Poltava, aujourd’hui en Ukraine, où sa tombe devient un lieu de pèlerinage pour les Hassidim du monde entier.

Les livres principaux du Tsadik

Les écrits de Rabbi Chnéour Zalman

L'œuvre littéraire de Rabbi Chnéour Zalman est monumentale. Son Choul'han Aroukh, dont la première partie sur les "Lois de l'étude de la Torah" fut publiée en 5554 (1794), représente une synthèse magistrale de la loi juive. 

Le Tanya, publié en 5557 (1797), est considéré comme la "Torah écrite de la 'Hassidout". Dans son introduction, le Rav dira : "Ces mots viennent répondre à tous ceux qui, dans leur sincérité, cherchent conseil pour leur service divin, chacun selon son niveau."

Ses enseignements furent également compilés dans les volumes " Torah Or " et " Likoutei Torah ", publiés respectivement en 5597 (1837) et 5608 (1848) par son petit-fils, le Tséma'h Tsédek. 

Il nous reste aussi son Sidour im Dakh - un livre de prières avec des instructions mystiques et les Maamarei Admor Hazaken - recueil de ses discours hassidiques.

La famille de Rabbi Chnéour Zalman

Rabbi Chnéour Zalman eut trois fils et trois filles, chacun contribuant à sa manière à la perpétuation de son héritage : 

  • Rabbi Dov Ber, son successeur, qui développa et approfondit la philosophie 'Habad 
  • Rabbi 'Haïm Avraham, connu pour sa piété exceptionnelle 
  • Rabbi Moché, qui se consacra particulièrement à la diffusion des écrits de son père 
  • La Rabbanit Freida, connue pour sa sagesse 
  • La Rabbanit Dvora Léa, mère du Tséma'h Tsedek, qui offrit sa vie en échange de celle de son père lors d'une accusation spirituelle 
  • La Rabbanit Ra'hel, qui perpétua les traditions familiales.

 

Kever du Tsadik en Ukraine

L’héritage de Rabbi Chnéour Zalman

L'héritage de Rabbi Chnéour Zalman perdure aussi et surtout à travers le mouvement 'Habad-Loubavitch, qui continue d'influencer la vie juive dans le monde entier. Ses enseignements, combinant profondeur intellectuelle et ferveur spirituelle, ont formé des générations de Juifs à une approche du judaïsme à la fois rationnelle et mystique.

Rabbi Chnéour Zalman de Lyadi reste une figure incontournable du judaïsme moderne. Son approche novatrice, alliant étude approfondie, méditation intellectuelle et service divin joyeux, a revitalisé la vie juive à une époque de grands bouleversements. Son influence s'étend bien au-delà du mouvement 'Habad, touchant l'ensemble du monde juif et au-delà.

La vie de Rabbi Chnéour Zalman est un témoignage éloquent de la possibilité de combiner érudition traditionnelle, innovation spirituelle et engagement social. Son legs continue d'inspirer des milliers de personnes à travers le monde, prouvant la pérennité de son message et la profondeur de sa vision. Comme il l'enseignait : "Un petit trou dans le corps affecte l'âme entière" - nous rappelant l'importance de l'intégrité dans notre service divin et le lien entre le physique et le spirituel.

Le 24 Tevet , nous marquons la hiloula de ce géant d'Israël, puisse son mérite nous protéger !

 

Dates de la Hiloula du Tsadik

Tsidkat-Eliaou marquera ce jour par une journée d’étude au Kollel Chaaré Nissim situé dans la synagogue Baba Salé - Chaaré Nissim de Jérusalem.

À l'occasion de la Hiloula de ce grand Tsadik, Tsidkat-Eliaou vous invite à allumer une veilleuse, à sa sainte mémoire,  à lire quelques psaumes de Téhilim (si possible ) et à prier pour le Am Israël !

Puis, récitez la formule ci-après : 
Zékhouto taguen alénou véal kol Israël, Amen.
Le Tsadik priera pour vous.

Vous pouvez également associer vos prières à la noble et grande mitsva de la Tsédaka et nos Rabbanim vous bénirons dans la synagogue Baba Salé - Chaaré Nissim de Jérusalem. 

 

Jérusalem


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Prochaines dates du Tsadik Rabbi Chnéour Zalman de Lyadi zatsal "Baal HaTanya"

2025 ► 24 janvier

2026 ► 13 janvier

 

 

 

 

 

 
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Paru au Journal Officiel du 01/1990
 

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