Rabbi Mordé'hai Charabi : Le "Zaken Hamékoubalim", rabbin de tout le Am Israël
Rabbi Mordé'hai Charabi zatsal, né Yéhouda Mordé'hai Yefet-Tayizi en 1912 à Shara'b As Salam au Yémen, fut l'un des plus éminents Sages de sa génération. Authentique et modeste, débordant d'amour pour son prochain, il était reconnu comme un véritable Tsadik, d'une érudition exceptionnelle et un immense kabbaliste. Celui qu'on surnommait le Zaken Hamekoubalim (le plus ancien des kabbalistes) était vénéré par ses étudiants et admiré par les plus grands Rabbins, notamment par le Rav Ovadia Yossef qui le considérait comme le "Gadol Hador" (Géant de la génération).
La jeunesse de Rabbi Mordé'hai Charabi au Yémen
Yéhouda Mordé'hai naquit déjà orphelin de père dans une famille très pieuse. Sa mère décéda deux ans après son époux, jour pour jour, au 7ᵉ jour de Pessa'h (Chvii chel Pessa'h), laissant le jeune Mordé'hai et sa sœur sous la garde de leur grand-père paternel, le Rav Avraham Yefet-Tayizi, enseignant en Torah. Les conditions de vie étaient plus que modestes, et la menace du "décret des orphelins" qui ordonnait de convertir chaque enfant juif orphelin à l'islam pesait lourdement sur leur avenir.
Lorsque son grand-père décéda à son tour, c'est le grand Rav et Dayan 'Haim Sinwanile qui prit en charge l'éducation du jeune Mordé'hai. Envoyé étudier à Aden, à la yéchiva du Rav kabbaliste Méchoumar Nissim, Mordé'hai se révéla très précoce et doué d'une mémoire phénoménale. À 15 ans, il connaissait déjà par cœur la Guémara, le Talmud, le Choul'han Aroukh et les écrits du Rambam. Il fut bientôt officiellement nommé Rabbin et enseigna à une centaine d'étudiants, la plupart plus jeunes que lui.
Peu après, il épousa Léah, fille du Rav kabbaliste Zé'haria Ben Saadia Mouda'hi, elle-même orpheline et âgée de seulement neuf ans. Léah devint une formidable partenaire pour diffuser la Torah et l'amour du peuple juif à travers des conférences de Torah (drachot) mémorables. Le couple n’eut pas d'enfants, mais des milliers de juifs bénéficièrent de la lumière et de l'amour de ce foyer baigné de Torah et de Mitsvot.
Rabbi Mordé’hai Charabi en Erets Israël
Toute sa vie, Mordé'hai Charabi avait prié pour monter en Erets Israël. Juste après son mariage, il vit son rêve se réaliser. Le gouvernement interdisait alors aux Juifs de quitter le Yémen, mais le jeune couple, accompagné de Rabbi Chmouel 'Haddad et sa famille, partirent clandestinement, au milieu de la nuit. Leur périple légendaire les vit traverser le désert à pied pour arriver au port d'où ils prendraient le bateau. Même pendant ce voyage périlleux, le Rav Mordé'hai continua d’étudier, tenant un livre ouvert tout au long de la route...
À leur arrivée à Jaffa, Mordé'hai Charabi, ému aux larmes, descendit du bateau et embrassa la Terre Sainte. Le couple fut d'abord envoyé à Ré'hovot par l'Agence juive, mais ils emménagèrent peu de temps après à Jérusalem, où ils trouvèrent un petit logement en échange de cours de Torah. Malgré son humilité et sa discrétion, le Rav Mordé'hai fut bientôt reconnu pour son immense érudition en Torah et en Kabbale, notamment grâce à sa connaissance des enseignements de son ancêtre, le grand kabbaliste Rabbi Chalom Charabi, et ceux du Arizal Hakadoch.
Plus tard, le couple s'installa dans une petite maison du quartier Ma'hané Yéhuda, rue Shilo, où s’établirait plus tard la Yéchiva Nahar Chalom. Entre-temps, le Rav Charabi se rendait chaque jour à la Yéchiva Beth El dans la Vieille Ville pour étudier sous l'égide du Gaon kabbaliste Rabbi Chalom Hedaya, et fréquentait également la yéchiva Re'hovot Hanahar dirigée par le Sage kabbaliste Chaoul Dweik HaCohen. Après la mort de ce dernier, il rejoint le cercle d’études kabbalistiques de la synagogue Maguen David tenue par son fils, le Rav Eliaou Dweik, jusqu’au moment où la Seconde Guerre mondiale éclate.
Fondation de la Yéchiva Nahar Chalom
En 1948, suite à la destruction de la Yéchiva Beth El dans la Vieille Ville, Mordé'hai Charabi, inquiet de voir disparaître le Minyan Hamekavnim (forum de 10 hommes priant avec une concentration intense et profonde) qui priait trois fois par jour, décida de rassembler plusieurs kabbalistes, principalement issus de Beth El, afin de perpétuer cette pratique kabbalistique ancestrale.
C'est ainsi qu'il fonda la Yéchiva kabbaliste "Nahar Chalom" avec le Rav Avraham HaCohen, ancien membre de Beth El, dans un bâtiment voisin de sa maison, au 8 rue Shilo. Le nom de l'établissement fut choisi en hommage au kabbaliste Rabbi Chalom Charabi (le Rachach), connu pour sa grande sainteté et sa compréhension profonde des mystères de la Torah.
Le quotidien à la yéchiva était très structuré : dès minuit, le Rav et ses étudiants étudiaient les textes ésotériques (Torat Hassod) jusqu'à l'heure de la prière du matin. Ils pratiquaient alors leurs dévotions avec une grande solennité à l'aube (au nets), utilisant le sidour kavanot (livre de prières intentionnelles) édité par le Rachach. Après la prière, ils étudiaient quotidiennement les textes du Beit Yosef et du Rambam. Grâce aux efforts constants de Mordé'hai Charabi, de nombreux étudiants furent formés à la Kabbale et la tradition des kavanot du Rachach fut préservée et transmise à la génération suivante.
Le Rabbin de tout le Am Israël
En 1968, le Rav Mordé'hai Charabi fut victime d'une grave crise cardiaque et hospitalisé à l'ancien hôpital Shaarei Tzedek. Durant son hospitalisation, il raconta avoir reçu une révélation divine lui indiquant qu'il avait accompli sa mission de tikoun olam (réparation du monde). S'il souhaitait continuer à vivre, il devrait désormais se mettre au service des autres en recevant ceux qui cherchaient guérison, bénédiction et salut. Le Rabbin accepta cette mission et se rétablit peu après.
Dès lors, devenu célèbre et reconnu comme le "Rabbin de tout Israël", il recevait quotidiennement chez lui des dizaines de personnes qui affluaient de partout dans le monde pour des conseils et des bénédictions. Doté d'un cœur compatissant et tendre, il partageait la peine de ceux qui venaient le voir, allant jusqu'à pleurer avec eux, et leur dispensait bénédictions et réconfort. Face à la maladie ou aux difficultés particulières, il pratiquait un tikoun (réparation spirituelle) selon les enseignements du Rachach, ou une expiation des péchés. L'argent reçu pour ces tikounim était redistribué à la yéchiva et aux étudiants.
Malgré son emploi du temps extrêmement chargé, sa disponibilité pour autrui était remarquable. Un jour, face à plus de cent personnes venues le consulter, il reçut chacune d'entre elles en leur accordant une attention totale, comme si elle était l'unique visiteur de la journée. Nombreux furent ceux qui trouvèrent le salut grâce à ses prières, mais aussi grâce à l’argent qu’il distribuait aux plus pauvres. On lui attribue notamment des guérisons miraculeuses, des bénédictions pour la fertilité ayant abouti à des naissances, comme ce couple infertile, marié depuis 20 ans, qui donna naissance à des jumeaux après avoir reçu sa bénédiction, et des réussites dans tous les domaines. Le Rav Réouven Elbaz affirme que “le Rav Mordé'hai c’était le Kotel (Mur des Lamentations), avant même que l’accès au Kotel ne soit rétabli, et tout ce qu’il bénissait réussissait…”
Une vie de sainteté et de modestie
La routine quotidienne de Rabbi Mordé'hai témoignait d'une dévotion extraordinaire. Il se levait généralement à minuit pour le Tikoun 'Hatsot, puis étudiait sans interruption jusqu'à l'aube. Après les prières du matin, il poursuivait son étude, ne s'accordant que deux heures de sommeil par jour, parfois moins – un rythme qu'il maintint pendant des décennies. Il veillait à se plonger dans le mikvé chaque matin et portait simultanément deux paires de téfilines, selon les méthodes de Rachi et de Rabbénou Tam. Sa concentration dans la prière était légendaire ; il mettait particulièrement l'accent sur la kavana, enseignant que la véritable connexion spirituelle nécessitait une concentration totale et une préparation mentale appropriée. Le Rav Benaya témoigne qu'il semblait complètement détaché du monde physique pendant ses prières. Cet exemple l’illustre bien : lors de la guerre de Kippour, alors que tous se précipitaient aux abris durant un bombardement, il demeura en prière, inconscient du danger.
Il prescrivait également de réciter la prière "Notre Père, notre Roi" tout au long de l'année et de faire Hatarat Nedavot (rupture des vœux) chaque vendredi. Pendant six ans, Rabbi Mordé'hai s'imposa des jeûnes fréquents, parfois durant plusieurs jours consécutifs. Il ne reprit une alimentation normale que la septième année, en référence à la Création du Chabbat le 7ᵉ jour. Durant la guerre des Six Jours, il jeûna durant six jours d'affilée, priant pour la protection du peuple juif.
Malgré sa réputation grandissante, Rabbi Mordé'hai cultiva toujours une profonde humilité, comme l'illustre sa célèbre maxime : "La vraie grandeur réside dans l'humilité et le service sincère de Dieu". Il refusa l'offre de bienfaiteurs de lui donner une villa spacieuse, préférant son modeste appartement. Une anecdote raconte qu'un riche donateur souhaitant faire un don important à sa yéchiva, il n'en accepta qu'une petite partie, jugeant ce montant suffisant, et suggéra de distribuer le reste à d'autres institutions plus nécessiteuses.
Dans sa vieillesse, affaibli des jambes et presque aveugle, il demandait à ses étudiants qui le portaient sur une chaise, de lui lire le livre du Zohar ou le Talmud de Babylone, corrigeant au besoin les versets qu’il connaissait par cœur. Durant cette période, il réduisit considérablement ses paroles, ne parlant quasiment plus.
Rabbi Mordé’hai Charabi : un Gadol Hador nous a quittés
Rabbi Mordé'hai Charabi quitta ce monde en 1983, le 20 du mois de ‘Hechvan, à l'hôpital Shaarei Tzedek de Jérusalem, succombant à une grave crise cardiaque un mercredi avant l'aube. Il repose au cimetière Har Hamenou'hot à Jérusalem. Son héritage perdure à travers plusieurs institutions créées en son nom : un Beth Midrach à Herzliya, la yéchiva ‘Hazon Mordé’hai et la yéchiva Chaaré Mordé’hai à Jérusalem, ainsi que les institutions Meichar à Bat Yam.
Le Rabbin Mordé'hai Charabi s'est imposé comme l'une des figures majeures de la Kabbale au 20ᵉ siècle, reconnu unanimement pour sa maîtrise exceptionnelle des enseignements mystiques juifs. Sa vie, caractérisée par un dévouement total à l'étude et à la prière, a laissé une empreinte indélébile sur le judaïsme contemporain. Les plus grands kabbalistes eux-mêmes, surtout le Roch Yéchiva Beth El, le Rabbin et Dayan Ovadia Hadaya zal, venaient le consulter dans leurs moments de doute. Le Rav Ovadia Yossef zal, qui eut le privilège d'être son élève, affirma qu'il était "le plus grand de la génération" et que nul ne l'égalait dans l’étude de la Kabbale.
Puisse le mérite de cet immense Tsadik protéger le peuple d'Israël.
Tsidkat-Eliaou marquera ce jour par une journée d’étude au Kollel Chaaré Nissim situé dans la synagogue Baba Salé - Chaaré Nissim de Jérusalem.
À l'occasion de la Hiloula de ce grand Tsadik, Tsidkat-Eliaou vous invite à allumer une veilleuse, à sa sainte mémoire, à lire quelques psaumes de Téhilim (si possible ) et à prier pour le Am Israël !
Puis, récitez la formule ci-après :
Zékhouto taguen alénou véal kol Israël, Amen.
Le Tsadik priera pour vous.
Vous pouvez également associer vos prières à la noble et grande mitsva de la Tsédaka et nos Rabbanim vous bénirons dans la synagogue Baba Salé - Chaaré Nissim de Jérusalem.
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Prochaines dates de la Hiloula de Rabbi Mordé'hai Charabi zatsal, le "Zaken Hamékoubalim"
2024 ► 21 novembre
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Paru au Journal Officiel du 01/1990
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