Rabbi Chalom Charabi : Maître incontournable de la Torah et de la Kabbale (18e siècle)
Dans la ville antique de Sanaa, capitale du Yémen, l'année 5480 (1720) vit naître un enfant destiné à illuminer le monde de la Torah. Rabbi Chalom Charabi zatsal, connu plus tard sous l’acrostiche Rachach, vint au monde dans la modeste cité de Charab. Dès ses premières années, le jeune Chalom manifesta des dons intellectuels extraordinaires, comme si une étincelle divine brillait déjà en lui. Hélas, le destin allait mettre à l'épreuve la détermination du jeune prodige. La mort prématurée de son père le contraignit à quitter le Talmud Torah pour devenir l'unique soutien de sa famille. Mais Hachem transforme parfois les épreuves en opportunités…
L'ascension secrète de Rabbi Chalom Charabi
Chalom devint marchand ambulant, parcourant les rues de Sanaa, ses marchandises sur le dos. Mais son cœur et son esprit restaient fixés sur un trésor bien plus précieux : la Torah. Chaque soir, après une journée de labeur, il se rendait à la maison d'étude, s'immergeant dans les textes sacrés jusqu'aux premières lueurs de l'aube. C'est durant ces nuits d'étude intense que Chalom découvrit le monde mystérieux de la Kabbale, atteignant rapidement des niveaux de compréhension qui dépassaient de loin son âge.
Malgré ses progrès rapides et son niveau de compréhension supérieur, Chalom resta fidèle à son humilité. Il continuait à travailler comme marchand pour subvenir aux besoins de sa famille, gardant secrète l'étendue de ses connaissances. Un jour, lors d'un de ses voyages commerciaux, Chalom se trouva face à un péril mortel. Les détails exacts de cette situation restent inconnus, mais la tradition rapporte qu'il était en danger de mort. Dans ce moment de vérité, il fit un vœu à Hachem : s'il survivait, il irait vivre en Terre Sainte. Par la grâce divine, il échappa au danger, et fidèle à sa parole, il entreprit le long et périlleux voyage vers Eretz Israël.
Son périple le mena à travers l'Inde, Bagdad et Damas. Dans chaque ville, il laissa une empreinte indélébile, impressionnant les Rabbins locaux par son érudition et sa piété. Ces escales n'étaient pas de simples haltes, mais des étapes dans son ascension spirituelle, chaque rencontre, chaque discussion enrichissant sa compréhension de la Torah et de la Kabbale.
Le bedeau de la yéchiva Beth El
Enfin, Chalom arriva à Jérusalem. Sans hésiter, il se dirigea vers la yéchiva Beth El, le centre névralgique de l'étude de la Kabbale, dirigé par le vénéré Rav Guédalia Hayoun. Cette yéchiva était l'une des plus importantes de Jérusalem, attirant même des disciples du Baal Chem Tov lors de leurs visites en Terre Sainte.
Ici commence l'un des chapitres les plus extraordinaires de sa vie. Malgré son immense savoir, Chalom choisit la voie de l'humilité absolue. Il se présenta comme un simple Juif yéménite et demanda à être engagé comme chamach (bedeau) de la yéchiva. Le Rav Hayoun, prenant pitié de ce jeune orphelin, lui accorda le poste. Pendant des mois, il servit silencieusement, réveillant les étudiants pour la prière de minuit, rangeant les livres saints, apportant de l'eau et servant du thé chaud, et surtout, ne perdant pas une miette des cours de Torah. Et la nuit, quand tous dormaient, il s'immergeait dans les textes les plus profonds de la Kabbale, son véritable savoir dissimulé aux yeux de tous.
Mystère à la yéchiva
Un jour, une question d'une grande complexité fut posée à la yéhiva. Pendant des jours, les plus grands érudits se penchèrent sur le problème, sans succès. Le Rav Hayoun lui-même était profondément troublé par cette énigme apparemment insoluble. Chalom, qui avait écouté leurs discussions, connaissait la réponse, mais ne voulait pas révéler sa sagesse. Cependant, voyant la détresse du Rav Hayoun, qui pleurait même sur un livre ouvert en implorant Hachem d'illuminer son esprit, Chalom décida d'agir. La nuit, quand la salle d'étude fut enfin vide, il écrivit la réponse sur un petit morceau de papier et le glissa entre les pages du livre du Rav Hayoun.
Le lendemain matin, c'était l'effervescence dans la yéchiva. Le problème qui semblait si complexe avait été résolu de manière claire et logique. Tout le monde se demandait d'où venait cette explication impressionnante, mais le mystère restait entier. Ce phénomène étrange se répéta à plusieurs reprises, laissant la yéchiva perplexe et fascinée. L'énigme fut finalement résolue de manière inattendue par Hanna, la fille du Rav Hayoun. Curieuse de découvrir l'origine de ces mystérieuses réponses, elle décida d'espionner la salle d'étude la nuit à travers la fenêtre. Une nuit, elle vit le "chamach yéménite" glisser un papier dans un livre sur le bureau du Roch Yéchiva. Elle en informa immédiatement son père.
La révélation du Rachach
Le Rav Hayoun, stupéfait, confronta Chalom qui fut contraint d'admettre qu'il était l'auteur de ces réponses. Il supplia qu'on le laisse rester dans l'anonymat, mais le Rav Hayoun vit dans la découverte de sa fille un signe du Ciel qu'il était temps pour Chalom de se révéler. Impressionné par l'érudition et l'humilité de Chalom, le Rav Hayoun le désigna comme son successeur, malgré son jeune âge de 27 ans, et lui donna sa fille Hanna en mariage. C'est ainsi que Rabbi Chalom Charabi devint le Roch Yéchiva de Beth El, poste qu'il occuperait pendant 30 ans. Sous sa direction, la yéchiva Beth El devint un centre d'étude de la Kabbale de renommée mondiale. Le Rachach forma de nombreux disciples qui devinrent eux-mêmes des figures importantes du judaïsme. Parmi eux, on compte le Hida (Rabbi Haïm Yossef David Azoulay), Rabbi Yom-Tov Algazy, Rabbi Haïm De La Roza et Rabbi Gerchon de Kitov (beau-frère du Baal Chem Tov).
L'héritage du Rachach
Le Rachach est surtout connu pour ses contributions majeures à l'étude de la Kabbale. Il écrivit un commentaire sur les écrits du Ari zal (Rabbi Isaac Louria), considéré comme révolutionnaire. Le Rabbi Yédidya Abulafia a dit que quiconque étudie l'Etz Haïm sans le commentaire du Rachach est comme un aveugle tâtonnant dans l'obscurité.
Son œuvre la plus célèbre est sans doute le Siddour HaRachach, également connu sous le nom de "Siddour Ha-Kavanot". Ce livre de prières kabbalistique est devenu la référence pour tous les kabbalistes séfarades jusqu'à aujourd'hui. Il contient des méditations kabbalistiques extensives et des intentions spéciales pour la prière. L'introduction de ce siddour, appelée "Re’hovot HaNahar", est considérée comme un texte fondamental pour comprendre la Kabbale selon l'approche du Rachach. Parmi ses autres écrits importants, on peut citer "Emet VeChalom" (Vérité et Paix), "Nahar HaChalom" (Fleuve de paix) dans lequel il répond à 70 questions des sages de la Torah de Tunis, "Rechovot HaNahar" (Les routes du fleuve), et "Deroush HaChemot" (L'étude des noms divins). Il a aussi produit une édition exclusive du Choul'han Aroukh (Code de la loi juive), où il donne ses interprétations de la loi juive et note les coutumes particulières de la communauté yéménite Chami.
Le Rachach était connu pour sa grande piété et son humilité. Malgré sa vaste connaissance, il insistait pour ne s'appuyer que sur les écrits de l'Ari et de son disciple Rabbi Haïm Vital pour ses études kabbalistiques, refusant les enseignements des autres écoles. Cette approche rigoureuse et puriste de la Kabbale est devenue une caractéristique de son école de pensée.
Miracles et anecdotes de Rabbi Chalom Charabi
De nombreuses histoires miraculeuses sont associées au Rachach. On raconte qu'il avait la capacité de lire les pensées des gens et de voir leur passé et leur futur. Une anecdote célèbre rapporte qu'un jour, un homme vint le voir pour lui demander conseil sur un problème personnel. Avant même que l'homme ne puisse parler, le Rachach lui dit : "Ne t'inquiète pas, ton fils qui est parti il y a longtemps reviendra bientôt sain et sauf." L'homme, stupéfait, n'avait mentionné à personne la disparition de son fils. Une autre histoire raconte comment le Rachach a sauvé la communauté juive de Jérusalem d'un décret cruel. Le gouverneur ottoman de la ville avait décidé d'imposer une taxe exorbitante aux Juifs, menaçant de les expulser s'ils ne payaient pas. Le Rachach, informé de la situation, se rendit au palais du gouverneur. On dit qu'en entrant dans la pièce, une lumière éblouissante émanait de son visage. Le gouverneur, impressionné et effrayé, annula immédiatement le décret et promit de protéger la communauté juive.
Le Rachach était également connu pour son ascétisme. Il jeûnait fréquemment et dormait très peu, consacrant la majeure partie de son temps à l'étude et à la prière. Malgré cela, il était toujours disponible pour aider les autres, qu'il s'agisse de conseils spirituels ou d'aide matérielle.
La lumière éternelle du Rachach
Rabbi Chalom Charabi s'est éteint le 10 Chevat 5537 (1777) à l'âge de 57 ans à Jérusalem. Il est enterré sur le Mont des Oliviers, où sa tombe est devenue un lieu de pèlerinage jusqu'à ce jour. Selon la tradition, il aurait promis avant sa mort que quiconque visiterait sa tombe et prierait avec un cœur pur verrait sa prière exaucée. Cette promesse attire encore aujourd'hui de nombreux fidèles qui viennent chercher l'intercession du saint Rabbi.
L'héritage du Rachach continue d'influencer profondément l'étude de la Kabbale et la pratique de la prière dans le monde juif, en particulier dans les communautés séfarades. Il est considéré comme le père de tous les kabbalistes séfarades contemporains, et son approche unique de la Kabbale continue d'être étudiée et vénérée jusqu'à aujourd'hui. Le grand kabbaliste, Rabbi Haïm Palagi, a témoigné que l'âme de Rabbi Chalom Charabi était celle du saint Ari zal de Safed réincarnée, soulignant ainsi la stature spirituelle extraordinaire du Rachach dans la tradition kabbalistique.
Rabbi Yitzhak Kadouri, l'un des plus grands kabbalistes du 20ᵉ siècle, avait l'habitude de dire : "On peut avoir mémorisé tous les enseignements écrits du Ari zal, les avoir étudiés ainsi que leurs commentaires en profondeur, mais si on n'a pas étudié les œuvres du Rachach, on n'est pas encore entré dans l'étude de la Kabbale."
Rabbi Chalom Charabi reste une figure lumineuse de l'histoire juive, un Maître dont la sagesse, l'humilité et la piété continuent d'inspirer les générations. Son parcours, de simple orphelin du Yémen à l'un des plus grands kabbalistes de tous les temps, témoigne de la profondeur de son engagement envers la Torah et de la puissance de son esprit. Puisse le mérite de ce Tsadik nous protéger et puissions-nous tous être inspirés par son exemple de Torah, d'humilité et d'amour pour le peuple juif. Que sa mémoire soit une bénédiction pour Israël et le monde entier.
Tsidkat-Eliaou marquera ce jour par une journée d’étude au Kollel Chaaré Nissim situé dans la synagogue Baba Salé - Chaaré Nissim de Jérusalem.
À l'occasion de la Hiloula de ce grand Tsadik, Tsidkat-Eliaou vous invite à allumer une veilleuse, à sa sainte mémoire, à lire quelques psaumes de Téhilim (si possible ) et à prier pour le Am Israël !
Puis, récitez la formule ci-après :
Zékhouto taguen alénou véal kol Israël, Amen.
Le Tsadik priera pour vous.
Vous pouvez également associer vos prières à la noble et grande mitsva de la Tsédaka et nos Rabbanim vous bénirons dans la synagogue Baba Salé - Chaaré Nissim de Jérusalem.
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Prochaines dates de la Hiloula de Rabbi Chalom Charabi zatsal, dit le Rachach
2025 ► 8 février
2026 ► 28 janvier
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Paru au Journal Officiel du 01/1990
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