Rachi : Lumière d'Israël, Lumière de l’exil
"Ce jeune homme éclairera les yeux de tout Israël par sa Torah."
Rabbénou Chlomo ben Yitz'hak, plus connu sous l'acronyme Rachi (רש"י), est une figure emblématique du judaïsme dont l'influence rayonne encore aujourd'hui. Il est considéré comme le plus éminent érudit et exégète biblique de l'histoire juive. Ses commentaires sur la Torah et le Talmud sont devenus des références incontournables. Né en 4800 du calendrier hébraïque (22 février 1040 de l'ère commune) à Troyes, en France, ce talmid ‘hakham incomparable a illuminé l'étude de la Torah et du Talmud par ses explications brillantes, toujours étudiées avec ferveur dans toutes les yéchivot, écoles et synagogues. L'impact de son travail sur l'étude des textes sacrés juifs demeure d'une importance capitale, même après un millénaire. Malgré le passage du temps, ses écrits conservent une place unique et prépondérante dans le monde du limoud.
À l’occasion de sa hiloula, Tsidkat-Eliaou lui consacre un article spécial et une journée d’étude au kollel Chaaré Nissim qui se situe dans la synagogue Baba Salé de Jérusalem.
Une naissance miraculeuse
La naissance de Rachi fut entourée de prodiges. Ses parents, Rabbi Yits'hak et son épouse, étaient déjà âgés et sans enfant lorsqu'un miracle se produisit. Rabbi Yits'hak possédait un joyau convoité par un évêque pour orner une croix. Plutôt que de contribuer à l'idolâtrie, Rabbi Yits'hak préféra jeter la pierre précieuse à la mer. Une voix céleste retentit alors, promettant à ce couple de tsadikim un fils qui "illuminerait les yeux d'Israël". L'année suivante naquit Chlomo, nommé ainsi en espérant qu'il atteigne la sagesse du roi Salomon.
Une autre histoire incroyable entoure la naissance de Rachi. On raconte que sa mère, dans les derniers mois de sa grossesse, marchait dans une impasse étroite et sombre lorsqu'une voiture faillit la renverser. Elle fut sauvée miraculeusement en s’appuyant contre le mur, qui se courba vers l'intérieur pour la protéger. On dit qu'à Troyes, une niche arrondie est encore visible dans les pierres, témoignage de ce miracle.
Une enfance vouée à l'étude de la Torah
Dès son plus jeune âge, Chlomo manifesta une intelligence et une piété exceptionnelles. Son père, érudit respecté, mais de condition modeste, lui enseigna les fondements de la Torah. Le jeune Chlomo passait de longues heures à étudier dans la synagogue locale, parfois jusqu'à s'y endormir. Un jour, alors qu'il somnolait, un livre de Torah tomba sur sa tête. Plutôt que de se plaindre, l'enfant y vit un signe divin l'exhortant à redoubler d'efforts dans son étude.
À l'adolescence, animé d'une soif de connaissance insatiable, Chlomo quitta Troyes pour les grandes yechivot ashkénazes de Worms et Mayence. Ce voyage, qui dura plusieurs années, fut marqué par des épreuves et des privations. Le jeune homme voyageait souvent à pied et dormait à la belle étoile, mais était toujours absorbé par l'étude de la Torah. Ses maîtres, disciples directs de Rabbénou Guerchom Méor HaGolah (la "Lumière de l'Exil"), jouèrent un rôle crucial dans la formation intellectuelle et spirituelle du jeune Chlomo. Parmi eux, on compte notamment Rabbi Yaacov ben Yakar, Rabbi Yits’hak HaLévi, et Rabbi Yits’hak ben Yéhouda, chacun apportant une contribution unique à son développement.
Rabbi Yaacov ben Yakar, connu pour sa piété exceptionnelle, enseigna à Rachi l'importance de l'humilité dans l'étude. C'est de lui que Rachi apprit à toujours chercher le sens le plus simple et le plus direct du texte, une approche qui deviendra la pierre angulaire de sa méthode exégétique. Rabbi Yits’hak HaLévi, quant à lui, était réputé pour sa maîtrise de la Halakha. Sous sa tutelle, Rachi développa une compréhension profonde des subtilités légales du Talmud, ce qui se reflètera plus tard dans ses commentaires précis et nuancés sur les passages halakhiques.
Rabbi Yits’hak ben Yéhouda, le dernier des maîtres principaux de Rachi, était connu pour son immense érudition. Il encouragea Rachi à élargir ses connaissances au-delà des textes traditionnels, incluant des domaines tels que l'astronomie, la botanique et les langues, qui enrichiront plus tard ses commentaires.
"Ce jeune homme éclairera les yeux de tout Israël par sa Torah."
Ces maîtres furent unanimement impressionnés par l'acuité d'esprit et l'assiduité du jeune Chlomo. Sa capacité à poser des questions perspicaces et à proposer des interprétations originales tout en restant fidèle à la tradition était remarquable. Rabbi Yaacov ben Yakar avait un jour déclaré : "Ce jeune homme éclairera les yeux de tout Israël par sa Torah."
C'est durant cette période d'apprentissage intensif que Rachi commença à développer sa méthode d'analyse rigoureuse et son style d'écriture limpide qui caractériseront plus tard ses commentaires de la Torah et du Talmud. Il apprit à disséquer chaque mot du texte, à en examiner les nuances et les implications, tout en gardant toujours à l'esprit le contexte global.
Rachi adopta également l'approche de ses maîtres consistant à consulter de nombreuses sources pour chaque interprétation. Il étudia non seulement les textes talmudiques traditionnels, mais aussi les Midrachim, les Targoumim (traductions araméennes de la Bible), et même des sources non juives lorsqu'elles pouvaient éclairer le sens du texte. Une anecdote raconte que Rachi passait souvent des nuits entières à étudier, ne s'arrêtant que lorsque la mèche de sa bougie s'éteignait. Cette dévotion à l'étude impressionna tellement ses maîtres qu'ils lui permirent parfois d'enseigner à leurs autres élèves, préfigurant ainsi son futur rôle de grand éducateur.
La formation reçue auprès de ces éminents maîtres de Torah façonna non seulement l'approche intellectuelle de Rachi, mais aussi son caractère. Il apprit à combiner une érudition pointue avec une grande modestie, une clarté d'expression avec une profondeur de pensée, des qualités qui feront de lui le commentateur par excellence de la tradition juive. Cette période d'apprentissage intense jeta les bases de ce qui allait devenir l'œuvre monumentale de Rachi, une œuvre qui allait révolutionner l'étude de la Torah et du Talmud pour les siècles à venir.
Le retour du Tsadik à Troyes
Rachi ne revit pas ses illustres maîtres, mais il resta avec eux en contact par correspondance. Dans une de ses lettres, Rabbi Yits’hak Halévi lui écrit : « Elle n'est pas orpheline, notre génération, puisque tu t'y trouves ; puissent être nombreux en Israël ceux qui te ressemblent ! »
À 30 ans, Rachi revint à Troyes, auréolé d'une réputation de Talmid ‘Hakham exceptionnel. Il fonda sa yéchiva, introduisant une approche novatrice qui combinait l'étude du Talmud, du Tanakh et de leurs commentaires. Sa méthode, basée sur la clarté et la concision, attirait des étudiants de toute l'Europe.
Bien que nommé rabbin de Troyes, Rachi refusa tout salaire, préférant subvenir à ses besoins comme vigneron. Cette humilité et ce dévouement à la Torah caractérisaient sa personnalité. Il accueillait chez lui des étudiants nécessiteux, partageant avec eux son pain et son savoir avec une égale générosité.
Son expertise en viticulture n'était pas que pratique. Rachi rédigea un recueil halakhique, un "Kountrass", qui traite principalement des lois concernant le vin des non-Juifs, reflétant ainsi sa connaissance approfondie du domaine.
Un foyer de Torah
Rachi se maria et eut trois filles : Yokheved, Myriam et Rachel. Fait remarquable pour l'époque, il leur donna une éducation basée sur l’étude approfondie de la Torah. Ces femmes érudites épousèrent des Talmidei 'Hakhamim (savants en Torah) et donnèrent naissance à une lignée de commentateurs célèbres, les Tossafistes, parmi lesquels Rabbénou Tam et le Rachbam.
L'attitude de Rachi envers l'éducation des femmes était en avance sur son temps. Dans certains de ses commentaires, il souligne l'importance et la valeur des femmes dans la tradition juive, adoptant des positions plutôt progressistes pour son époque.
La maison de Rachi était un véritable foyer de Torah. On y étudiait jour et nuit, et les plus grands rabbanim de l'époque venaient y chercher conseil. Malgré sa renommée grandissante, Rachi restait d'une modestie exemplaire. Dans sa correspondance, il n'hésitait pas à reconnaître ses erreurs, utilisant des expressions comme "je me suis trompé" ou "je ne sais pas", incarnant ainsi l'enseignement talmudique : "Qui est sage ? Celui qui apprend de chacun" (Avot 4:1).
Une œuvre lumineuse
L'œuvre majeure de Rachi, ses commentaires sur la quasi-totalité du Tanakh et du Talmud, révolutionna l'étude juive. Pour la Bible, Rachi s'attache principalement au pchat (sens littéral), tout en puisant dans la richesse du Midrach pour éclairer les passages obscurs.
Son approche pédagogique innovante, utilisant la technique du "Dibour Hamat'hil" (parole qui commence), où il cite les premiers mots du verset qu'il va commenter, a grandement facilité la navigation dans ses commentaires. Son commentaire sur le Talmud est un chef-d'œuvre de clarté et de concision. Il nous guide à travers les méandres des discussions talmudiques, expliquant chaque terme difficile et clarifiant la structure des arguments.
Un aspect fascinant des commentaires de Rachi est l'utilisation des mots étrangers (en "loazit"), environ 3000 mots en vieux français transcrits en caractères hébreux. Ces termes sont aujourd'hui d'une valeur inestimable pour les linguistes étudiant l'évolution de la langue française.
Bien que Rachi soit principalement connu pour son approche du pchat, certains commentateurs ultérieurs, notamment les Kabbalistes, ont trouvé dans ses écrits des allusions à des concepts mystiques profonds, ajoutant une dimension supplémentaire à son œuvre.
Les dernières années de la vie de Rachi furent assombries par le massacre des juifs des bords du Rhin, lors des premières Croisades. On peut percevoir dans son œuvre l'écho de ce terrible moment: « Israël qui a l'amertume au cœur dans son exil et dont les fils sont tués pour la sanctification du Nom... », écrit-il dans un commentaire (Pirkei Avot 14, 10). Rachi a également composé des responsa, des ouvrages de Halakha et des piyoutim (poèmes liturgiques), pendant ces périodes tragiques qui affligèrent les communautés juives d'Europe. Certains de ces piyoutim sont intégrés dans la liturgie ashkénaze, en particulier dans les Seli'hot récitées avant Roch Hachana.
L'héritage vivant de Rachi
« Il n’y a pas de paix qui vient de la discorde… Appliquez-vous, disait Rachi à ses disciples, à poursuivre la paix, elle sera votre bouclier contre l'envie. »
Aujourd'hui, l'étude du 'Houmach avec le commentaire de Rachi est une étape essentielle dans l'éducation juive. Dans les yéchivot du monde entier, et du 'heder (école primaire) au kollel, les paroles de Rachi occupent une place centrale. Dans de nombreuses communautés, l'étude de la paracha (section hebdomadaire de la Torah) avec le commentaire de Rachi est devenue une tradition. "Chnayim Mikra Ve'é’had Targoum" (deux fois le texte et une fois la traduction), inclut la lecture du commentaire de Rachi comme "traduction".
Certains courants ‘hassidiques ont développé des rituels spécifiques autour de l'étude de Rachi. Par exemple, dans la tradition Loubavitch (Chabad), Rabbi Menachem Mendel Schneerson a institué la pratique d'étudier chaque jour une portion du commentaire de Rachi sur la paracha de la semaine.
De nombreux talmidé 'Hakhamim ont l'habitude de réciter une prière spéciale avant d'étudier Rachi, reconnaissant la sainteté et la profondeur de ses enseignements. Cette prière, écrite par Rabbi ‘Haim Yossef David Azoulay (le ‘Hida), commence par les mots : "Léchèm yi’houd Koudcha Bri’h Hou..." (Pour l'unification du Saint, Béni soit-Il, et de Sa Présence Divine...). On demande l'aide divine pour comprendre les paroles de Rachi et mériter la protection de son mérite.
Dans certaines yechivot, il existe une tradition de "Kountrass Rachi" - un cahier spécial dédié à l'étude approfondie et à l'analyse des commentaires de Rachi. Les étudiants y notent leurs remarques et leurs questions, perpétuant ainsi la tradition du pilpoul (débat talmudique) autour des paroles de Rachi. L'influence de Rachi s'étend même au-delà de l'étude formelle. Dans de nombreuses maisons juives, on peut trouver des recueils de "Perles de Rachi" - des collections d'enseignements profonds et d'anecdotes inspirantes tirés de ses commentaires, que l’on aime lire lors des repas de Chabbat.
Enfin, avec l'avènement de l'ère numérique, des applications et sites web ont été développés pour faciliter l'accès aux commentaires de Rachi. Ces outils modernes permettent à un public plus large que jamais d'étudier ses enseignements, que ce soit dans le train, au bureau ou à la maison. L’étude de la paracha avec Rachi le chabbat est considérée comme une grande ségoula pour la longévité et la prospérité. Ainsi, près de mille ans après sa disparition, Rachi continue d'être un compagnon d'étude quotidien pour des milliers de Juifs à travers le monde, témoignant de la pérennité et de l'universalité de son œuvre. La sagesse de Rachi continue d'éclairer le chemin de l'étude juive et restera à jamais une lumière pour Am Israël.
La Hiloula de Rachi
L'anniversaire du décès de Rachi, le 29 Tamouz, (13 juillet 1105) est marqué par des études spéciales et des pèlerinages à Troyes. Bien que sa tombe originale ait disparu, un mémorial a été érigé en son honneur, attirant des visiteurs du monde entier qui viennent se recueillir et prier pour l'élévation de son âme. À Worms, une chaire en pierre connue sous le nom de "Chaire de Rachi" était conservée dans l'ancienne synagogue, témoignage de son passage dans cette ville. Bien que détruite pendant la Seconde Guerre mondiale, elle reste un symbole puissant de l'héritage de Rachi. Que le mérite de ce Tsadik continue de protéger le peuple juif et d'inspirer tous ceux qui s'engagent dans l'étude de la Torah. Yéhi Zi’hro Barou’h - Que sa mémoire soit une bénédiction.
Tsidkat-Eliaou marquera ce jour par une journée d’étude au Kollel Chaaré Nissim situé dans la synagogue Baba Salé de Jérusalem, suivie d’une collation après la prière de min'ha.
À l'occasion de la Hiloula de ce grand Tsadik, Tsidkat-Eliaou vous invite à allumer une veilleuse, à sa sainte mémoire, à lire quelques psaumes de Téhilim (si possible ) et à prier pour le Am Israël !
Puis, récitez la formule ci-après :
Zékhouto taguen alénou véal kol Israël, Amen.
Le Tsadik priera pour vous.
Vous pouvez également associer vos prières à la noble et grande mitsva de la Tsédaka et nos Rabbanim vous bénirons dans la synagogue Baba Salé - Chaaré Nissim de Jérusalem.
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Prochaines dates de la Hiloula de Rachi
2024 ► DImanche 4 Août
2025 ► Vendredi 25 juillet
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Paru au Journal Officiel du 01/1990
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