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Tsadikim

Rabbi Yaacov Abi'hssira : L'empreinte d'une sommité de la Torah dans l'histoire juive, fondateur d'une lignée sainte

Hiloula Abir Yaacov

Rabbi Yaacov Abi'hssira zatsal, connu sous le nom d'Abir Yaacov, naquit en 1806 au Tafilalet, une région du sud-est marocain. Il vit le jour dans une famille de Rabbins éminents, descendant d'une lignée de sages remontant jusqu'à Rabbi Chmouel Elbaz zatsal, un imminent kabbaliste du XVe siècle expulsé d'Espagne. Son père, Rabbi Messaoud zatsal, était le Grand-Rabbin respecté de la province du Tafilalet, renommé pour sa sagesse et sa piété. Rabbi Yaacov Abi'hssira était également le grand-père du légendaire Baba Salé, qui naîtra dix ans après sa mort. L’ Abir Yaacov s’est éteint à l’âge de 74 ans, en 1880, mais sa vie, riche d’enseignements, continue à inspirer le peuple juif, tout comme celle de son illustre descendance. 

Rabbi Yaacov Abi'hssira : une naissance prometteuse

La naissance de Rabbi Yaacov fut entourée de prodiges et de révélations. Avant sa venue au monde, son père, Rabbi Messaoud, eut un rêve prémonitoire dans lequel son propre père, Rabbi Avraham, lui apparut. Dans cette vision, Rabbi Avraham annonça la venue d'un fils qui illuminerait le monde par sa Torah, comparant sa lumière à celle du soleil. De même, la mère de Rabbi Yaacov, pendant sa grossesse, rêva à plusieurs reprises d'un taureau majestueux aux cornes de buffle. Ce rêve récurrent fut interprété comme un présage de la grandeur future de l'enfant, tant dans l'étude de la Torah que dans sa personnalité.

Le jour de sa naissance, un phénomène extraordinaire se produisit : la maison familiale fut soudainement emplie d'une lumière surnaturelle, signe manifeste de la sainteté de l'enfant qui venait de naître. Cette lumière miraculeuse rappelle celle qui, selon la tradition, illumina la maison à la naissance de Moïse, établissant ainsi un parallèle entre Rabbi Yaacov et le plus grand prophète d'Israël.

Le jeune Rabbi Yaacov Abi'hssira : un Tsadik très précoce

Dès son plus jeune âge, Yaacov manifesta un intérêt et une aptitude exceptionnels pour l'étude de la Torah. Son intelligence stupéfiait son entourage. À l'âge de six ans, il maîtrisait déjà l'intégralité de la Bible et plusieurs traités talmudiques complexes, témoignant d'une précocité intellectuelle remarquable. Son père, reconnaissant le potentiel extraordinaire de son fils, prit personnellement en charge son éducation, l'initiant aux profondeurs de la Torah écrite et orale.

La routine quotidienne du jeune Yaacov était déjà empreinte d'une rigueur et d'une dévotion peu communes. Il se levait bien avant l'aube pour étudier, ne s'accordant que quelques heures de sommeil. Sa concentration était telle qu'il pouvait passer des journées entières, plongé dans l'étude sans lever les yeux de ses livres. Cette assiduité exceptionnelle ne tarda pas à porter ses fruits, et bientôt, sa réputation de prodige commença à se répandre au-delà du Tafilalet.

À l'âge de 26 ans, la sainteté de Rabbi Yaacov était déjà bien connue, non seulement au Maroc, mais aussi dans les communautés juives des pays voisins. Une histoire particulièrement marquante illustre cette renommée précoce. 

Lorsque le couple se présenta devant Rabbi Yaacov, celui-ci les accueillit avec beaucoup de chaleur. Après avoir écouté attentivement leur requête, l'Abir Yaacov les bénit, leur assurant qu'ils auraient un fils qui éclairerait tout le peuple juif par sa Torah. Exactement un an plus tard, naquit celui qui allait devenir le célèbre Ben Ich 'Haï, l'un des plus grands décisionnaires séfarades de son époque, auteur de plus de 100 ouvrages d'une importance majeure pour le judaïsme.

Le Tsadik Rabbi Eliaou

Une vie de sainteté et de mitsvot

La routine quotidienne de Rabbi Yaacov, une fois adulte, témoignait de sa dévotion extraordinaire à l'étude et à la prière. Chaque soir, dès la tombée de la nuit, il entamait l'étude de 18 chapitres de Michnayot, chiffre correspondant à la valeur numérique du mot "vie" en hébreu. Après un léger repas, il se plongeait dans l'étude approfondie du Talmud et de la Halakha, explorant les subtilités de la loi juive avec une acuité remarquable.

Fidèle à l'enseignement talmudique selon lequel le sommeil excessif prive l'homme de la vie éternelle, Rabbi Yaacov ne s'accordait ensuite qu'une demi-heure de repos. Il veillait scrupuleusement à ne pas dépasser 60 respirations endormi, nombre considéré dans la mystique juive comme un soixantième de la mort. Cette pratique ascétique témoigne de sa volonté de consacrer chaque instant de sa vie à l'étude et au service divin. À minuit précise, Rabbi Yaacov se levait pour réciter le Tikoun 'Hatsot, une série de prières et de lamentations sur la destruction du Temple de Jérusalem. Ces moments de profonde introspection et de connexion spirituelle étaient suivis par l'étude de la Kabbale, principalement à travers les écrits du Ari Zal, jusqu'aux premières lueurs de l'aube.

Après la prière du matin (Cha'harit) et l'étude quotidienne du 'Hok Lé-Israël, un recueil de textes sacrés, Rabbi Yaacov consacrait le reste de sa journée à l'enseignement. Sans interruption, il dispensait à ses élèves les enseignements du Talmud et du Choul'han Aroukh, le code de loi juive, jusqu'au soir. Sa capacité à clarifier les concepts les plus complexes et à les rendre accessibles à tous était légendaire.

L’immense générosité de l’Abir Yaacov

La piété exceptionnelle de Rabbi Yaacov s'accompagnait d'une générosité tout aussi remarquable. Sa maison était constamment ouverte aux nécessiteux, et il ne refusait jamais d'aider quiconque venait solliciter son aide, que ce soit pour un conseil spirituel ou une assistance matérielle. Un disciple raconte une anecdote particulièrement touchante :

"Un jour d'hiver particulièrement rigoureux, un pauvre vint frapper à la porte de Rabbi Yaacov. Le malheureux tremblait de froid et ses vêtements en lambeaux ne le protégeaient guère des intempéries. N'ayant rien d'autre à lui donner sur le moment, le Rav n'hésita pas un instant : il retira son propre manteau, le seul qu'il possédait, et le lui offrit en disant : "Ce manteau réchauffera ton corps comme ta visite a réchauffé mon âme." Cette histoire, loin d'être un cas isolé, illustre parfaitement l'attitude constante de Rabbi Yaacov envers les plus démunis. Lors de ses nombreux voyages à travers le Maroc, il ne manquait jamais de collecter des fonds pour les nécessiteux, considérant cette mission comme une partie intégrante de son rôle de leader spirituel. Sa générosité s'étendait également à sa table du Chabbat. Bien que la coutume du Ari zal préconise d'avoir 12 pains sur la table, symbolisant les 12 tribus d'Israël, Rabbi Yaacov n'hésitait pas à y renoncer lorsqu'il y avait dans son entourage des pauvres qui n'avaient même pas de pain à manger. Pour lui, nourrir les affamés primait sur le respect strict des coutumes, aussi saintes soient-elles.

Le Tsadik avait le Rouah Hakodech

Des miracles et des prodiges

L'Abir Yaacov était réputé pour être doté du Roua’h Hakodech (l'Esprit Saint) et avait le pouvoir d'accomplir des miracles. On raconte que même le prophète Élie lui apparaissait pour étudier avec lui. De nombreux récits circulent sur ses capacités surnaturelles, mais l'un d'entre eux, datant de son enfance, est particulièrement saisissant :

Lorsque Rabbi Yaacov avait environ 10 ans, une terrible famine frappa le Maroc. Les récoltes avaient été catastrophiques et la faim sévissait dans tout le pays. Un jour, alors que sa famille n'avait plus rien à manger depuis plusieurs jours, le jeune Yaacov décida d'aller au marché, malgré le scepticisme de sa mère qui savait qu'ils n'avaient pas d'argent pour acheter quoi que ce soit. En chemin, Yaacov rencontra un homme à l'apparence inhabituelle : il était noir, ce qui était rare au Maroc à cette époque, et monté sur une mule chargée de sacs de blé. L'homme s'adressa à l'enfant et lui proposa de vendre son blé. Surpris mais rempli d'espoir, Yaacov courut chercher sa mère pour conclure l'achat. Cependant, lorsqu'ils revinrent sur place, l'homme avait mystérieusement disparu, laissant derrière lui la mule et tout le blé.

Cette provision inattendue permit non seulement à la famille de Rabbi Yaacov de survivre à la famine, mais aussi de nourrir de nombreux voisins dans le besoin. Plus tard, la famille comprit que cet homme mystérieux n'était autre que le prophète Élie, envoyé pour sauver le futur Tsadik et sa communauté.

Le Gaon Rabbi Nissim Amsellem zatsal sur la sainte tombe du grand Tsadik Le dernier voyage de Rabbi Yaacov Abi'hssira

En 1879, à l'âge de 73 ans, Rabbi Yaacov entreprit un pèlerinage vers la Terre Sainte, un voyage qu'il avait longtemps rêvé d'accomplir. Son itinéraire le conduisit à travers l'Algérie, la Tunisie et la Libye, où il fut accueilli avec les plus grands honneurs par les communautés juives locales. Partout où il passait, des foules se pressaient pour recevoir sa bénédiction et écouter ses enseignements. Cependant, en traversant la ville égyptienne de Daman'hour, dans le delta du Nil, Rabbi Yaacov tomba gravement malade. Sentant que sa fin était proche, il rassembla ses compagnons de voyage et leur annonça avec sérénité :

"Mes chers amis, aujourd'hui, vous n'irez pas travailler, car le moment est venu pour moi de quitter ce monde. Mon âme aspire à rejoindre son Créateur." Il désigna ensuite deux Rabbins parmi ses compagnons, leur demandant s'ils étaient prêts à s'occuper de sa dépouille après sa mort, une tâche sacrée dans la tradition juive. Le médecin appelé à son chevet annonça que le Rabbi décéderait probablement dans la nuit. Cependant, avec un sourire paisible, Rabbi Yaacov rectifia : "Je dois vivre encore jusqu'après Chabbat, car j'ai certaines réparations spirituelles à y effectuer. Mon âme ne quittera ce monde que lorsque j'aurai accompli ma mission jusqu'au bout." Lorsqu'on lui demanda s'il souhaitait être enterré à Daman'hour, il accepta à condition que ce soit dans un cimetière juif. 

Et effectivement, contre toute attente médicale, Rabbi Yaacov vécut jusqu'au dimanche matin. Ce jour-là, le 20 Tevet 5640 (4 janvier 1880), après avoir récité le Cantique des Cantiques, le Vidouï (confession) et d'autres prières pour demander le pardon de ses péchés, l'Abir Yaacov prononça le Chema Israël et rendit son âme pure au Créateur. La nouvelle de son décès se répandit rapidement, plongeant dans le deuil non seulement la communauté juive d'Égypte, mais aussi celles du Maroc et du monde entier. Des milliers de personnes affluèrent à Daman'hour pour assister à ses funérailles, témoignant de l'impact profond qu'il avait eu sur tant de vies.

L'épitaphe gravée sur sa tombe témoigne de la grandeur de ce sage.
En voici la traduction française :

Douleur pour cette splendeur
Qui s'efface dans la terre
Le Grand Homme du Maghreb
Maître exceptionnel
Patriarche de la Loi
Saint Kabbaliste, Pieux et Saint
Versé dans les sciences
Révélées et cachées
Notre Maître, Notre Rabbi
Couronne de notre tête
Diadème de notre gloire
Rabbi Yaacov Abi'hssira
Que la mémoire du Juste et du Saint soit bénie
Que son mérite nous protège
Appelé à la Cour Céleste
Le 20 Tevet de l'année 5640
Que son âme soit liée à la lumière de l'éternité.

 

L’héritage de Rabbi Yaacov

Rabbi Yaacov Abi'hssira a laissé un héritage spirituel considérable, composant douze livres au total. Certains voient dans ce nombre une allusion au verset biblique "Les fils de Jacob étaient au nombre de douze" (Genèse 35:22). Parmi ses œuvres, on trouve des commentaires sur la Torah (Pitou'hé Hotam, Ma'hsof Halavan, Lévona Zacca), des responsa (Yorou Michpatkha Léyaacov), un recueil de sermons (Dorech Tov), et des ouvrages kabbalistiques (Bigdé Haasérad, Guinzé Hamélekh). Ces écrits, publiés après sa mort, témoignent de l'étendue de son savoir et de sa profondeur spirituelle. L'influence de Rabbi Yaacov Abi'hssira s'est perpétuée bien au-delà de sa vie terrestre, notamment à travers ses descendants. Son petit-fils, Rabbi Israël Abi'hssira, connu sous le nom de Baba Salé, est devenu l'un des Rabbins les plus vénérés du XXe siècle, perpétuant la tradition de sainteté et de sagesse de son illustre grand-père. Les enseignements de l'Abir Yaacov continuent d'être étudiés et appliqués dans de nombreuses communautés juives à travers le monde. Ses écrits, en particulier ses commentaires sur la Torah et ses ouvrages kabbalistiques, sont considérés comme des trésors de sagesse, offrant des perspectives profondes sur la spiritualité juive et la vie éthique. La vie de Rabbi Yaacov Abihssira, l'Abir Yaacov, reste un exemple lumineux de dévotion, de sagesse et de sainteté. Son parcours, de sa naissance miraculeuse à Tafilalet jusqu'à son dernier souffle à Daman'hour, est jalonné d'actes de piété, d'étude assidue et de compassion envers son prochain. Il incarne l'idéal du sage juif, alliant érudition et humilité, mysticisme et pragmatisme.

Ouvrages du Tsadik

La tombe de Rabbi Yaacov à Daman'hour est rapidement devenue un lieu de pèlerinage important. Chaque année, le 19 Tevet, veille de l'anniversaire de son décès, des centaines de fidèles se rassemblent pour prier sur sa tombe, réciter des Tehillim (Psaumes) et étudier ses enseignements. Cette tradition, connue sous le nom de Hiloula, est l'occasion de célébrer la vie et l'héritage de ce grand Sage.

Cependant, ce pèlerinage n'est pas sans controverse. Certains Égyptiens ont protesté contre l'autorisation accordée aux pèlerins israéliens d'entrer en Égypte pour cette visite annuelle. En 2012, le ministère égyptien des Affaires étrangères a même informé Israël qu'il ne serait pas "approprié" pour les pèlerins israéliens d'effectuer cette visite. Ces tensions reflètent les complexités politiques et religieuses de la région, mais soulignent également l'impact durable de Rabbi Yaacov Abi'hssira sur les communautés juives du monde entier.

Tsidkat Eliaou célèbre chaque année la Hiloula de l’Abir Yaacov et à cette occasion prie pour tous les donateurs et tout le peuple d'Israël. Que le mérite de ce grand Tsadik nous protège tous.

Dates de la Hiloula du Tsadik

 

Tsidkat-Eliaou marquera ce jour par une journée d’étude au Kollel Chaaré Nissim situé dans la synagogue Baba Salé - Chaaré Nissim de Jérusalem.

À l'occasion de la Hiloula de ce grand Tsadik, Tsidkat-Eliaou vous invite à allumer une veilleuse, à sa sainte mémoire,  à lire quelques psaumes de Téhilim (si possible ) et à prier pour le Am Israël !

Puis, récitez la formule ci-après : 
Zékhouto taguen alénou véal kol Israël, Amen.
Le Tsadik priera pour vous.

Vous pouvez également associer vos prières à la noble et grande mitsva de la Tsédaka et nos Rabbanim vous bénirons dans la synagogue Baba Salé - Chaaré Nissim de Jérusalem. 


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Prochaines dates de la Hiloula de Rabbi Yéhouda Ptaya

2025 ► 20 janvier 

2026 ► 9 janvier

 

 

 

 

 

 

 

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Paru au Journal Officiel du 01/1990
 

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