Les mérites et Ségoulot de la prière au Nets
QU'EST-CE QUE LE NETS HA'HAMA ?
La journée d’un juif est rythmée par une série de mistvot, le premier devoir religieux lui incombant étant celui de la prière. Certains ont pour habitude de prier dès le Nets Ha’hama, soit au lever du soleil.
Le Nets correspond au moment où le soleil commence à poindre à l’horizon, vers l’est. Selon le Beit Yossef1, il s’agit du moment où la lueur du soleil est perceptible au-dessus des arbres. Aujourd’hui, nous pouvons nous appuyer sur un calendrier et une montre précise pour connaître l’heure exacte du Nets.
QUELQUES LOIS
●Le Choul’han Aroukh2 enseigne que la prière devra être récitée au Nets, conformément au verset : “Yéraoukha Im Chamech”3 (“Ils exprimeront leur crainte envers Toi au lever du soleil”).
●Dans l’idéal, la Amida du matin devra être récitée au Nets. Bien que prier au Nets ne soit pas une obligation, le Talmud affirme que celui qui prie au Nets sera préservé de la faute et imprégné de la crainte divine tout au long de la journée. Par conséquent, il sera également protégé de tout dommage physique et/ou matériel.
● Cependant, les hommes qui consacrent leur temps à l’étude de la Torah et qui craignent de ne pas réussir à se concentrer s’ils se lèvent tôt pour prier, ne sont pas tenus de prier au Nets.
● À priori, on ne priera pas avant le Nets. Mais à postériori (ou en cas de force majeure) celui qui a récité sa Amida avant le Nets, est quitte.
● La mitsva de prier au Nets s’applique également le Chabbat. Toutefois, certains ont pris pour habitude de prier ce jour-là, un peu plus tard que durant la semaine.
● Lors des veillées d’étude (Chavouot et Hochana Rabba), il est préférable de prier au Nets. Cependant si l’on craint de ne pas pouvoir prier convenablement à cause de la fatigue engendrée par la veillée, on pourra exceptionnellement prier avant le Nets.
● Celui qui a le choix entre prier seul au Nets ou prier plus tard avec minyan (quorum de dix hommes), devra se joindre au minyan. Selon certains avis, celui qui a l’habitude de prier quotidiennement au Nets, devra prier seul au Nets en pareil cas.
●Il est préférable de prier à l’heure exacte du Nets. Néanmoins, on ne retardera pas ou on n’accélérera pas le rythme de la prière pour que la Amida puisse être récitée à l'heure précise du Nets. D’après le Gaon Rav ‘Haïm Kanievsky4, une minute de plus ou de moins sur l’horaire indiqué par le calendrier est également considéré comme le Nets. Enfin, de nombreux décisionnaires ont statué que celui qui prie durant les trois ou quatre minutes situées aux alentours du Nets, est considéré comme ayant prié au Nets.
1au nom de Rabbénou Yona
2Chapitre58, §1
3Téhilim72:5
POURQUOI FAUT-IL RÉCITER LA AMIDA AU NETS ?
La Guémara5 dit que les “Vatikin” finissaient la lecture du Chéma au moment exact du lever du soleil, afin de commencer la Amida au Nets.
Qui sont les “Vatikin”? D’après Rachi, il s’agit d’hommes humbles qui accomplissent les mistvot avec empressement. D’après Rabbénou Yona, il s’agit de personnes suffisamment intelligentes et précises pour organiser leur prière de manière à débuter la Amida au moment exact du Nets.
Mais pourquoi la Amida doit-elle être récitée au moment du Nets?
La nécessité de prier au Nets résulte de la combinaison de trois halakhot :
1 - À priori toutes les mitsvot qui doivent se faire le jour doivent être accomplies à partir du Nets.
2 - Le Chéma est récité à partir de l’heure habituelle (c’est-à-dire, la plus commune) du réveil, soit avant le Nets6.
3 - Il est important de juxtaposer la lecture du Chéma à celle de la Amida.
Par conséquent, celui qui est zélé dans la pratique des mitsvot et souhaite combiner au mieux ces trois halakhot terminera le Chéma et ses bénédictions juste avant le Nets pour pouvoir débuter la Amida au moment du lever du soleil.
ZÉRIZIM MAKDIMIM - Les zélés s’empressent d’accomplir les mitsvot
Lorsque Avraham Avinou reçut l’ordre de procéder au sacrifice de son fils unique (lors de la Akédat Its’hak), le texte spécifie : « Avraham se leva de bon matin7 ». Avraham aimait son fils plus que tout, mais son amour inconditionnel pour Hachem surpassait celui qu’il éprouvait pour Its’hak. Bien que l’acte qu’il avait à accomplir fût terrible, « il se leva tôt le matin » car il était, malgré tout, pressé d’accomplir la volonté divine. Rachi écrit au sujet de ce verset : « Il s’empressa d’accomplir cette mitsva (cet ordre divin) » et nos Sages de commenter : « Quiconque agit avec zèle s’empresse d’accomplir les mitsvot.8»
En réalité, ce n’est pas la seule fois où le texte témoigne qu’Avraham agissait avec zèle pour Hachem. Après avoir constaté la destruction de Sodom et Amora, « Avraham se dirigea de bon matin vers l’endroit où il s’était tenu devant Hachem9». Nos Sages enseignent qu’Avraham se leva tôt pour prier en ce lieu, et institua par la même occasion, la prière de Cha’harit10.
Il en ressort que le fait de se lever tôt le matin pour prier, ou accomplir une Mitsva, prouve notre amour pour Hachem et notre empressement à réaliser Ses commandements. Faire la téfila au Nets, rejoindre un minyan à la synagogue avant même que le soleil ne soit levé, témoigne que nous sommes pressés d'entrer en connexion avec notre Créateur.
4Nékiout Vékavod Bétfila, p.191, ch.157
5Bérakhot 9b
6 À l’époque, les employés se levaient avant le jour pour démarrer leur journée de travail dès le lever du soleil.
7Béréchit 22:3
DE L’IMPORTANCE DE PRIER AU NETS
Le soleil répand chaleur et lumière sur le monde. C’est pourquoi, il fut longtemps considéré par de nombreuses civilisations comme une divinité. Ces idolâtres révéraient cet astre au plus haut point et lui adressaient de nombreuses louanges. Or, le soleil n’est que l’un des nombreux serviteurs du Créateur de l’univers et l’adoration que lui vouaient alors ces païens étaient une offense envers Hachem. Cette attitude éveillait le courroux divin. Même si le soleil est effectivement indispensable au maintien et au développement de la vie sur terre, son pouvoir est ridicule comparé à celui du Tout-Puissant.
Lorsqu’un juif adresse à D. une prière, avant même que le soleil ne soit pleinement visible dans le ciel, il prouve par là sa confiance absolue envers Hachem et attire la bienveillance divine sur le monde.
BÉNÉFICIER DE LA PROTECTION DIVINE
Le Rav Yossi Ben Eliakim témoigne au nom de “la sainte communauté de Jérusalem” que tout celui qui prie au Nets connaîtra une journée paisible et sans embûches. Cette communauté a mérité d’être qualifiée de sainte car les hommes qui la composaient s’efforçaient de prier quotidiennement au Nets. D’après certains, les membres de cette communauté partageaient leur journée en trois temps : ils en consacraient un tiers à la prière, un tiers à l’étude de la Torah et un tiers au travail. Selon d’autres avis, ils étudiaient la Torah durant tout l’hiver et ne travaillaient qu’en été.
HISTOIRE : PAR LE MÉRITE DE LA PRIÈRE AU NETS
Après la Seconde Guerre mondiale, un couple de rescapés décida de s’installer en Erets Israël. La perte de leurs deux enfants les avait profondément affectés, mais la naissance de leur fils Zeev, raviva quelque peu la joie dans ce foyer endeuillé. À leur arrivée en Israël, l'État leur assigna un logement à Pardesya, une ville dans laquelle le judaïsme était très peu développé. Le petit Zeev était scolarisé dans l’un des établissements de la ville et y recevait un enseignement laïc. Dans un environnement si peu enclin à la spiritualité, pratiquer Torah et mitsvot était fort complexe. Cependant, il y avait une mitsva à laquelle le père de famille était particulièrement attaché : la prière au Nets. Tous les jours, sans exception, en dépit de la fatigue engendrée par un réveil si matinal et de la journée de travail difficile qui l’attendait, il se levait avant l’aube pour aller prier avec le minyan du Nets.
Il semblait si investi dans les mots de la prière, et prononçait chaque mot avec une telle ferveur, qu’il attira l’attention de l’un des fidèles. Ce dernier s’approcha de lui et lui demanda : “Il semble que la prière revêt une importance toute particulière pour vous. Peut-être souhaiteriez-vous également étudier la Torah et progresser dans la pratique des mitsvot ?”
Notre homme répondit : “Je le souhaite plus que tout. Mais ici, dans un tel environnement, cela m’est impossible.”
“Qu’à cela ne tienne, répliqua l’homme. Je vais vous aider à trouver un appartement à Bnei Brak, pour que vous puissiez grandir et évoluer sur le chemin de la Torah et des mitsvot.”
Effectivement, quelque temps plus tard, la petite famille déménagea à Bnei Brak, une ville qui, comme on le sait, foisonne d’établissements scolaires religieux, de Yéchivot et de Kollélim. Le petit Zeev allait grandir dans un environnement baigné de Torah et intégrer la Yéchiva de Poniovitz à l’adolescence. Il allait découvrir un univers au sein duquel la volonté divine est au centre de toutes les préoccupations. Il allait devenir le célèbre Gaon Rav Zeev Guetsel, une véritable sommité en Torah, membre de l’association de Kirouv d’Arakhim.
Comment cet enfant qui ne connaissait rien au judaïsme a-t-il retrouvé la voie de la Torah ? Par quel mérite cet homme est-il parvenu à construire un véritable empire de Torah ?
Grâce à son père, qui en dépit de la fatigue et des efforts à fournir, n’a jamais renoncé à prier au Nets. C’est en participant au minyan des Vatikin qu’il rencontra celui qui allait permettre à sa famille de changer de destinée en s'installant à Bnei Brak.
8Pessa’him 4a
10Bérakhot 26b
LE GAON HATSADIK RAV NISSIM AMSELLEM Zatsal
Bien que prier au Nets ne relève pas d’une obligation halakhique, cette habitude témoigne d’un empressement dans l’accomplissement des mitsvot et assure à l’homme une protection spirituelle, physique et matérielle tout au long de la journée.
Notre maître et fondateur de l’association Tsidkat-Eliaou, HaGaon Hatsadik Rav Nissim Amsellem zatsal (disciple et beau-frère de Sidna Baba Salé zatsal) a toujours tenu à prier au Nets. Lorsqu’il fonda à Jérusalem la synagogue Ohr Yaacov VéIsrael en 1994, il y établit en premier lieu le minyan du Nets. Aujourd’hui, plusieurs Rabbanim et Dayanim se joignent quotidiennement à ce minyan qui est suivi de plusieurs cours de Torah et de Guémara. Avec l’aide d’Hachem, un Kollel devrait prochainement ouvrir ses portes au sein de la Synagogue devenue aujourd’hui la synagogue Baba Salé–Chaaré Nissim de Jérusalem.
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