ב"ה
Enseignement

"La terre sera soumise à un chômage en l'honneur de l'Éternel" (Béhar-Bé'houkotaï)



Par le Rav Yagal NAON
À la mémoire de M. Haïm NAON zal



Dans la Paracha de Béhar, la Torah nous ordonne la mitsva de la chemita de la terre. Une fois tous les sept ans, chaque résident et propriétaire d'un terrain de la terre d'Israël devra respecter les lois de la chemita.   Les lois de la chemitah se distinguent en trois grands sujets : 

1.      Faire chômer le terrain et ne pas y travailler, pendant toute l'année, on devra s'abstenir de travailler la terre, de labourer, planter, etc.

2.      Abandonner la production de la terre (Hefker) : tout ce qui pousse pendant la septième année devra être laissé à l'abandon, les champs devront être accessibles à tous, afin que tous ceux qui le désirent puissent avoir accès aux fruits et légumes de la chemita.

3.      Kédouchat perot cheviit : les fruits ayant poussé pendant l'année de la chemita auront une certaine sainteté. Cette kedoucha implique qu'on ne pourra pas les abimer ou les jeter, on ne pourra pas les vendre ou en faire des conserves. Les fruits n'ont été permis qu'à une consommation personnelle à court terme. 

Quelle est la raison de la mitsva de la chemita ?  

Le Talmud (Sanhédrin 39) ramène qu'un des élèves posa cette question à Rabbi Abahou, il lui répondit : "D. dit à Israël, plantez pendant six années et chômez la septième, afin que vous sachiez que la terre m'appartient, ils n'ont pas fait ainsi et ont fauté, ainsi ils seront punis d'exil." Rachi dans notre paracha (25,6) explique dans le même sens : "bien que je t'ai donné des interdits, mais tu peux en profiter et les manger, juste il sera interdit de te comporter en propriétaire sur ton champ, tous seront à même d'en profiter."

Il s'avère donc que la mitsva de la chemita vient encrer en nous la notion que la terre appartient à D., et ainsi nous ne devons pas nous comporter comme des propriétaires pendant cette année. Nous comprenons aisément les deux premiers sujets. En effet, il est interdit de travailler son terrain, pour montrer qu'on ne se comporte pas comme un propriétaire. De même pour le Hefker, il faut abandonner sa production afin de montrer que la terre ne nous appartient pas. Ainsi le Hinou'h (mitsva 84) nous explique :" il existe un maître au-dessus des propriétaires, et lorsqu'il le désire il peut ordonner que tout soit abandonné aux autres". 

Ce qu'il faut comprendre c'est le troisième sujet : "kédouchat chéviit", pourquoi la Torah a-t-elle donné une kédoucha aux produits de la chemita, d'un côté il nous est permis de les manger, d'un autre côté on ne peut pas les vendre ni en faire des conserves, et on doit surtout faire attention à ne pas les abimer ou les jeter. Comment ces lois correspondent à la raison de la mitsva de la chemita ?

Le Ibn Ezra fait remarquer que la Torah appelle la chemita : "chabbat lachem, l'année de la chemita ressemble au chabbat, et il rajoute que le secret de l'histoire de l'humanité fait référence à cette mitsva", mais sans en expliquer le sens.  

Le Ramban ramène les paroles du Ibn Ezra et l'explique : " D. a créé le monde en six jours et s'est arrêté, ainsi nous nous arrêtons le septième jour de travailler par la mitsva du chabbat. Et de la même façon que D. a créé le monde en six jours et le Chabbat il s'est arrêté, ainsi l'humanité durera six mille ans, chaque millénaire pour un jour, et le septième millénaire sera comme un grand chabbat ; ainsi le chabbat nous lisons le mizmor chir léyom hachabbat, qui fait référence au monde futur, à cette période qui sera un long chabbat. Le chabbat de la semaine fait référence à la création du monde et le chabbat des années fait référence au septième millénaire, d'où la grande importance de la chemita. "

Il ressort donc, qu'il y a un lien étroit entre tous les cycles de sept : les six jours de la création et ensuite le chabbat, six jours de la semaine et le chabbat, six années et la chemita, et les six millénaires de l'humanité et le septième millénaire qui sera un long chabbat. Ils ont tous six unités simples et une autre plus élevée : le chabbat. Il est intéressant de rajouter que le Maharal précise que dans les mois aussi le septième mois est le plus élevé spirituellement, puisqu'il s'agit du mois de Tichri (le compte des mois commençant au mois de Nissan). 

Le Maharal explique que le chiffre six détermine l'expansion du monde : les quatre points cardinaux ainsi que le haut et le bas. Au milieu se trouve le point central, qui représente le début, l'origine, le Maharal l'appelle "Heichal Kodech". Le chiffre sept représente le monde dans sa totalité, par ses six côtés qui existent en lui, avec le point d'origine. On arrive à ce niveau lorsqu'il y a un retour vers le point d'origine.

Le Maharal explique que lorsque D. créa le monde, il s'est en quelque sorte dissimulé, le monde s'appelle Olam qui veut dire en hébreu, dissimulation (העלמה). D. a créé un monde qui parait autonome, qui cache sa puissance, qui dissimule le fait que tout existe à chaque instant par lui. Le septième jour D. créa le chabbat, c'est le jour où toute la création se tourne vers son origine, et dévoile que D. est la source de toute création.

Chaque cycle de sept dévoile cela. Ainsi les six jours de la semaine l'homme travaille pour ses besoins quotidiens, et le septième jour il doit se rapprocher de son créateur par le chabbat. Ainsi l'homme s'arrête de travailler ce jour-là et la Chehina vient résider dans chaque foyer, ainsi nous devons l'honorer et la respecter (זכור ושמור).

Ainsi l'histoire de l'humanité sera faite, six millénaires d'un monde où le profane existe et le septième reviendra au point de départ, l'humanité vivra près de son créateur. Au summum de cette proximité, il est ramené dans le Zohar et dans plusieurs endroits du Talmud, que D. fera un grand banquet pour les tsadikim, où sera servi un vin gardé depuis les six jours de la création, le monde sera enfin arrivé à sa finalité suprême.

Dans le cycle de sept, des années, pendant six ans l'homme vit comme un propriétaire sur la terre, mais en réalité la terre appartient à D. La septième année l'homme se rapproche de cette réalité en se séparant de sa propriété sur la production de sa terre. Mais plus encore, le Ibn Ezra nous a dévoilé que l'année de la chemita fait référence au septième millénaire. Ainsi D. se rapproche de nous cette septième année, à l'image de cette grande Séouda où tous les tsadikim seront conviés à sa table, cette septième année, D. nous invite à sa table qui est Erets Israël, ainsi tous les fruits de la terre seront à disposition de tous. Ainsi, nous comprenons la notion de kédouchat chéviit. En effet la production de la terre sera sainte, car elle vient de la table même de D. Ainsi nous sommes tous des invités cette année-là, des invités de D. 

וְהָיְתָה שַׁבַּת הָאָרֶץ לָכֶם לְאָכְלָה   

Nous comprenons donc parfaitement toutes les lois concernant la kedouchat cheviit : nous pouvons manger ces fruits en tant qu'invité, ainsi nous ne pouvons pas les vendre, ni les jeter, ni les mettre en conserves. Un invité est convié à manger chez le propriétaire, mais il ne peut se permettre de récupérer la nourriture pour la vendre, ou la garder et évidemment ne peut pas se permettre de la jeter ! Un invité est invité à manger chez son hôte ! Ainsi toutes les raisons de la chemita convergent : nous arrivons à la conscience que la terre est réellement à D., en nous comportant non pas comme des propriétaires, mais comme des invités à sa table.

La punition d'exil pour le non-respect de la chemita est désormais très compréhensible. Puisque D. nous invite à sa table lors de cette année de chemita, ne pas respecter les lois de la chemita correspond à un affront. C'est se déclarer propriétaire chez celui qui nous invite ! Un tel comportement pousse le maitre des lieux à renvoyer son invité.

Ainsi nous enseigne Rachi dans notre paracha que l'Exil de Babel dura 70 ans par rapport au 70 chemitot et yovélot qui n'ont pas été respectés comme il se doit ! À l'inverse par le mérite du respect de la chemita, en réalisant que nous ne sommes que des invités de D. sur la terre d'Israël, nous pouvons activer la venue du Machiah et la guéoula.

Ainsi le Yalkout chimouni nous dit : "gardez-vous bien de garder la chemita, je suis D.'". Je suis D. qui vous donnera une récompense si vous respectez la chemita, et lorsque s'approchera l'année de la guéoula, moi-même je vous libèrerai."

 

כִּי יוֹם נָקָם בְּלִבִּי וּשְׁנַת גְּאוּלַי בָּאָה (ישעיהו סג,ד)

 

Rav Ygal NAON 
À la mémoire de M. Haïm Yéhouda NAON zal




La Béra'ha de la sixième année !


"Bonjour, je parle bien avec le Rav Réouven Meir ?"

"Oui, qui êtes-vous ?" répondit le Rav.

"C'est bien vous le responsable de l'organisme qui aide ceux qui veulent garder la chemita ?"

"Oui" répondit le Rav, attendant un peu plus d'explications.

"Je suis un agriculteur du sud d'Israël, je ne suis pas du tout religieux, mais j'ai l'intention de garder la prochaine chemita, je voudrais vous rencontrer".

Le Rav accepta avec plaisir la rencontre, et ils fixèrent un rendez-vous à Bné-Brak. Le Rav était stupéfait, car son organisme avait généralement tellement de difficultés à persuader les agriculteurs non religieux de garder la chemita, et cet homme de son propre gré désirait garder la chemita !

Lior, l'agriculteur et le Rav Meir s'assirent ensemble. Lior expliqua au Rav qu'il voulait absolument garder la chemita pour la première fois, et il n'avait aucune idée de ce qui lui incombait de faire, il était prêt à payer pour qu'on lui donne une formation à ce sujet !

Le Rav lui dit qu'il n'avait rien à payer, il lui expliqua qu'en gros il ne devait rien faire pendant un an de Roch Hachana au Roch Hachana suivant. Ensuite il rentra un peu plus dans les détails de la Halacha, et lui promit de lui envoyer une personne de l'organisme qui le guiderait dans tous les préparatifs, et tout au long de la chemita.

Lior remercia grandement le Rav pour ce qui lui avait appris et pour son aide, et lui avoua qu'il n’avait pas pensé que c'était aussi compliqué. Le Rav lui dit que c'était même plus difficile que ce qu'il pensait, mais il y a une aide divine particulière à ceux qui gardent la chemita ! Lior lui dit en souriant qu'il n'avait pas besoin de lui apprendre cela ! Le Rav étonné lui demanda des explications.

Lior dit au Rav :"dites-moi Rav, vous ne vous étonnez pas, qu'un homme comme moi non religieux soit prêt à laisser chômer des dizaines de champs qui sont très fertiles et qui nous donnent d'énormes quantités de production agricole chaque année ?"

Le Rav hocha de la tête, lui signalant que le suspens était à son comble !

Lior raconta son histoire au Rav :"un jour je discutais avec ma femme, nous nous sommes posé la question : que cela signifiait pour nous d'être juifs ? Pourquoi vivre en Israël en tant que juif avec tous les dangers de guerre et d'insécurité que cela représente, sans savoir ce que cela signifie pour nous. Nous avons donc décidé d'étudier la bible, tous les soirs nous lisons et débâtons sur quelques chapitres de la bible en famille, et ainsi nous nous sommes rattachés à l'histoire de notre peuple et à notre terre.

Un soir nous lisions la paracha de Béhar, et nous avons découvert la mitsva de la chemita. Moi et ma femme étions très étonnés, comment un peuple entier qui vit d'agriculture peut se passer pendant un an de sa terre ?

Ma fille nous dit que quelques versets plus tard, la réponse est mentionnée. Il existe une promesse que celui gardera la chemita recevra le triple la sixième année !

Moi et ma femme étions réellement étonnés, comment pouvoir promettre une telle chose qui relève du surnaturel, après cinq ans de production équivalente, la sixième année donnera le triple. Vivre par cette promesse relève d'un suicide collectif pour tout un peuple !

 

Ma femme me dit  : "essayons, décidons de garder comme il se doit la chemita, et on verra bien ce qui se passera la sixième année !", j'ai accepté en lui disant que c'était une belle façon de vérifier la véracité de la Torah. Je me suis renseigné, j'ai réalisé qu'on était la cinquième année. Nous attendions donc avec impatience donc de voir ce qui se passera la sixième année !"

Le Rav Meir demanda : "Eh bien, nous sommes maintenant à la moitié de la sixième année, avez-vous des résultats ?"

"Oui et... je suis désolé de dire que la bénédiction n'était pas triple !"

"Alors que s'est-il passé ? ", lui dit le Rav

 "Je suis agriculteur depuis trente ans, les données dont je dispose sont très précises, chaque année les bénéfices sont plus ou moins les mêmes, mais cette année, quelque chose de très étrange m'est arrivé, une coïncidence unique a fait que cette année j'ai gagné cinq fois le profit !

"Que s'est-il passé cette année qui ne s'est pas produit au cours des trente dernières années ?" lui demanda Rav Meir.

 "Je cultive des poivrons sur des dizaines d'hectares que je possède, principalement pour l'exportation à l'étranger. Je vends habituellement le kilo pour trois shekels et demi, cette année j'ai été contacté par diverses entreprises à travers le monde qui achètent des poivrons à prix de gros. Les prix qu'ils offraient montaient de plus en plus, et finalement un kilo de poivrons s'est vendu au prix de dix-huit shekels ! …


Bref, il y avait des demandes du monde entier, je ne comprenais pas ce qui se passait, j'ai commencé à me renseigner, et puis j'ai appris qu'il y avait une pénurie de poivrons dans le monde, divers pays d'Europe comme l'Espagne, sont les plus grands exportateurs de poivrons au monde. Il y a quelques mois, lors de tests menés par l'organisation mondiale de la santé en Europe, il est apparu à leur grand étonnement qu'une substance toxique se trouvait dans tous les produits.

Une brève enquête a révélé que cette année, une grande quantité  d'insecticide a été achetée à une entreprise chinoise à un prix très bas, le produit n'était pas adapté et tous les produits agricoles d'Espagne et d'autres pays devaient être jetés. Il y avait une pénurie mondiale de poivrons, Et les commerçants cherchaient désespérément partout dans le monde des plantations de poivrons. Quand ils ont découvert mon existence, ils étaient prêts à payer une fortune pour acheter mes poivrons. "

"Bien sûr, ma femme et moi sommes abasourdis par ce fait, nous n'avons rien à dire. Je vous ai déjà dit que c'est la trentième année que je suis agriculteur, et chaque année le rendement est plus ou moins le même et ainsi les prix. Pour nous, la coïncidence cette année est trop grande, nous ne savons pas comment l'expliquer sauf que c'est une bénédiction divine."

 "Ça y est, il est temps de faire notre part dans l'accord et de garder pleinement la chemitah"...


Rav Ygal NAON -
À la mémoire de M. Haïm Yéhouda Naon zal



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