Faire beaucoup d'actes de charité, c'est propager la concorde
On raconte qu'un étudiant talmudiste pieux, adepte et proche du vénérable et saint Rabbi Arié Leib de Chipoli n'avait pas d'enfants. Il vivait avec son épouse depuis dix ans et il en était très peiné. Chaque fois qu'il se rendait chez son maître le Tsaddik et qu'il le suppliait d'intercéder en sa faveur auprès de Hachem Yitbarakh pour qu'il lui accorde un entant, il le renvoyait, disant que nos Sages nous mettent en garde (Bérakhot 64 a) : "Celui qui se montre pressant est repoussé lui-même et celui qui se laisse éconduire méritera que les circonstances soient modifiées en sa faveur". L'épouse de l'étudiant se plaignit à son mari : "A quoi cela sert-il que tu m'abandonnes pour les fêtes et que tu ailles chez le Rabbi, s'il ne te promet pas que nous aurons un bébé. Elle pleura tellement qu'il se jura que lors de son prochain déplacement chez le maître, il n'aura de cesse que d'obtenir cette promesse.
Mais voilà qu'en arrivant là-bas il trouva le Rabbi plongé dans sa méditation. Il l'interrompit et insista pour qu'il adresse une prière à Hachem afin qu'il ait un enfant. Le Rabbi le repoussa comme d'habitude : "Je suis occupé actuellement par le sort de la collectivité, je ne peux prendre en compte un problème particulier".
L’étudiant insista davantage : "Je ne bougerai pas d'ici tant que vous ne me promettrez pas que j'aurai un enfant !" Le vénérable maître de Chipoli se mit en colère et s'exclama "Je jure par la Torah que tu n'auras pas d'enfant, car tu es trop pressant !"
L'étudiant retourna chez lui, brisé, plein de tristesse et quasiment désespéré. Il raconta à sa femme ce qui s'était passé et pleura à chaudes larmes.
Certainement, se disait-il, les paroles du Rav seront gravées au Ciel et tout espoir que Hakadoch Baroukh Hou exauce son vœu était perdu.
Quelques temps après, il changea de ville pour raisons commerciales et s'installa à Koretz où il prospéra et s'enrichit. Le saint maître de Koretz, Rabbi Pin'has, disciple de Rabbi Israël Ba'al Chem Tov, vivait dans la pauvreté. Il passait la totalité de son temps à étudier la Torah, jour et nuit, mais sa maison était démunie de tout.
Les jours du mois de Nissan et de la fête de Pessa'h approchaient à grands pas et toujours rien, ni vin, ni Matsa, ni Maror, ni rien de tout ce qu'il fallait pour la fête. L'étudiant pieux en eut connaissance, il se rendit chez le Tsaddik Rabbi Pin'has et constata par lui-même le dénuement dans lequel vivait ce dernier. Il questionna la Rabbanit, l'épouse de Rabbi Pin'has qui lui confirma qu'il n'y avait rien dans la maison et ne savait d'où viendrait un quelconque soutien. L'étudiant lui répondit : "Ne vous faites pas de souci, je prendrai en charge tous vos besoins, je vous demande seulement de ne rien dire au Rav, de garder le secret et de me permettre d'assister au Séder les soirs de la fête. La veille de Pessa'h arriva, le Tsaddik était très préoccupé, il se rendit au Bet Hamidrach avec amertume et se plongea dans l'étude de la Torah, dans l'espoir de ne pas être abandonné par Hachem. Il était aussi très étonné que son épouse le laisse en paix, se consacrer à l'étude. Il ne posa aucune question. Quant à l'étudiant pieux et fortuné, il prépara la Matsa, le Maror, la quantité de vin nécessaire pour les quatre coupes et les apporta chez le Tsaddik, la veille de la fête. Il procura également de beaux habits pour le Rav et pour son épouse, une nouvelle vaisselle et du linge de maison neuf. Il alluma de belles lumières et la maison de Rabbi Pin'has fut toute illuminée. Le soir de la fête, quand le Tsaddik rentra chez lui, il fut surpris de voir tant de lumière, une table garnie de tout le nécessaire pour Pessa'h qu'il n'espérait plus. Il fut très heureux et demanda à la Rabbanit d'où provenait tout cela. Elle lui raconta ce que l'étudiant avait fait et tout ce qu'il avait apporté pour la fête. Ce dernier arriva, sans dire un mot.
Le Rav commença par faire le Kiddouch, puis il récita la Haggada et parla de la Sortie d’Egypte avec un enthousiasme et une joie intenses. L’étudiant écoutait attentivement, sans rien dire, les précieux commentaires du Rav sur la libération de l'esclavage et sur les miracles qui avaient été réalisés en faveur d'Israël.
Lorsque le moment du repas proprement dit arriva, la Rabbanit présenta des mets de viande, comme il convient pour la fête. La joie au cœur, le Rav exprima sa grande et agréable surprise devant l'étudiant, il lui demanda la raison de son geste généreux et se dit prêt à réaliser ce qu'il demanderait. L'étudiant raconta qu'il n’avait pas d'enfant et que, malheureusement le vénérable saint de Chipoli s’était emporté contre lui, en raison de son insistance et avait juré qu’il n’aurait pas de progéniture. Puis il supplia son hôte de prier pour que le serment du Rav de Chipoli soit annulé et que Hachem lui accorde un bébé.
Alors le Tsaddik se dressa et déclara : « Si j’ai un quelconque mérite au Ciel, je jure par la Torah que cette année ton épouse te donnera un garçon ! »
Il y eut un grand tumulte au Ciel, on vérifia dans le livre des Tsaddikim et on constata que jamais Rabbi Pin’has de Koretz n'avait prêté serment, même pas à l'appui de la vérité. Aussi, fut-il décrété d'accomplir ce serment. La même année, le pieux étudiant eut effectivement un garçon.
(Tout ce récit a été raconté par le saint Rabbi Israël de Rijin et rapporté dans le livre Dérekh Hanécher p. 51 et suivantes).
On apprend d'ici la grandeur de la Mitsva de la Tsédaka faite avec bon cœur et générosité, à la manière de ce pieux étudiant qui en fut récompensé par la naissance d'un bébé, pour avoir occasionné une telle joie au Tsaddik le soir de la fête. "Et l'œuvre de la Tsédaka sera la paix".
Michloa'h Manot, le Michté (repas de Pourim), Matanot laévionim (Tsédaka), la lecture de la Méguila.
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