LA FORCE EXTRAORDINAIRE DES BÉNÉDICTIONS DE L’ADMOUR SIDNA BABA SALÉ zatsal
Je voudrais témoigner d’une histoire extraordinaire que j'ai vécue avec Sidna Baba Salé zatsal dans les années 70.
Mon père, Hagaon Hatsadik Rav Nissim Amsellem zatsal, que son Souvenir soit béni, me demandait toujours de la raconter…
Mais pour révéler, de mon expérience, la Grandeur de Sidna Baba Salé zatsal, je dois tout d’abord préciser les circonstances exceptionnelles qui m’ont amené à solliciter d’urgence Sa bénédiction…
En 1966 j'avais quitté Lyon, où je travaillais dans une grande société, pour rejoindre une importante entreprise d'aviation près de Pau où mon père avait été nommé Rabbin régional par le Grand Rabbin Kaplan. J'avais appris qu’il y avait un poste important à pourvoir, un poste de spécialiste en comptabilité analytique d'exploitation, gestion commerciale et industrielle. À l'époque, cette forme de comptabilité n'existait pas encore dans cette entreprise qui comptait 4.500 employés et travaillait avec plus de 100 pays de par le monde.
Ayant réussi le concours de recrutement avec succès, j'ai d'abord été engagé pour un stage de trois mois, prorogé de trois mois supplémentaires. Venant d'une société industrielle très importante de plus de 15.000 personnes, en comptant toutes les filiales, je bénéficiais d’une solide expérience professionnelle. Je n’avais que 26 ans, passionné par mon travail et plein d’ambition. Mais lors de mon embauche j’ai exigé une condition non négociable : tous les vendredis et veilles de fêtes juives, quels que soient les impératifs de travail, de quitter le bureau à midi. Et même lorsque je suis passé cadre-dirigeant / Chef de service, cette condition n’a pas changé.
Dès les premiers mois, j'ai constaté de nombreuses anomalies dans l'organisation du travail. On m'a confié un important dossier financier à régler avec le Ministère de l'Économie et des Finances que j'ai réussi à mener à bien, en prenant les devants et en faisant preuve d'autonomie dès le début, ce qui a permis à l'entreprise de récupérer des sommes importantes.
Après mon embauche définitive, j'ai réalisé que l'expansion de cette société avait été si rapide que la gestion n'avait pas suivi. Tout était resté archaïque, fait à la main. C'était l'époque des cartes perforées, et des bordereaux à remplir pour certaines applications, mais pas pour toute la comptabilité. L'entreprise était passée de 1.200 à 4.500 personnes en à peine trois ans mais les méthodes de gestion n'avaient pas évolué. Les relevés-clients, le livre d'achats, le livre des ventes, tout se faisait manuellement alors que nous étions subventionnés par l'État et que nous avions d'importants marchés à gérer, très complexes sur le plan comptable.
Il fallait vérifier où et comment ces sommes étaient investies, et surtout, suivre le service de recherche & développement, financé par l'État.
Je dépendais du Directeur de la comptabilité qui, plutôt vieux jeu, n’était pas favorable au changement alors que pour une entreprise de cette taille, il était indispensable d'informatiser les processus. J'ai commencé à en parler, mais j'ai vite compris qu'il ne voulait pas entendre parler de modernisation. J'ai donc renoncé à ce projet.
On m’avait pourtant envoyé en formation chez IBM à Paris pour y faire des stages d’ingénieur informatique en gestion, et j’avais bien vu qu’il y avait de grandes possibilités de moderniser tous les systèmes comptables existant à l’époque.
Puis, quelque temps plus tard, le PDG de la Compagnie m'a convoqué. C'était rare qu'il appelle quelqu'un qui venait d'être embauché. J'avais peut-être sept ou huit mois d'ancienneté. Il m'a dit : « Monsieur Amsellem, vous êtes nouveau ici, comment ça se passe ? » Je lui ai répondu : « Monsieur le Président, ça tombe bien, j'ai beaucoup de choses à vous demander. Si vous me donnez carte blanche, je voudrais me lancer dans un travail qui serait très bénéfique pour la Société. C'est indispensable car la Société a connu une expansion fulgurante mais la comptabilité et la gestion industrielle ne sont toujours pas informatisées. » Il m'a demandé de lui rédiger une note de service de 10 à 15 lignes exposant mes idées principales. Je lui ai promis de la lui envoyer dès le lendemain matin.
Le soir même je suis resté tard au bureau. J'ai rédigé une note concise, reprenant les points essentiels, et je l'ai faite porter au PDG par ma secrétaire. Le lendemain, il m'a appelé : « Vous êtes sûr de vous ? » Je lui ai répondu : « Monsieur le Président, ne vous inquiétez pas, il n'y aura pas de désordre. » Il m'a alors donné carte blanche, en me prévenant que je rencontrerais probablement des résistances, mais que je pouvais compter sur son total soutien. Je n'avais pas l'intention de dénoncer qui que ce soit. Ce n'était pas mon style.
Avec cette carte blanche, je savais que j'étais devenu autonome. J'ai expliqué au Président que j'avais besoin d'engager un ingénieur analyste en informatique et de sous-traiter certaines applications. Je connaissais un excellent ingénieur, Monsieur Tuffet, qui avait notamment inventé le système de pressurisation des avions Boeing. C'était un grand ingénieur et un pro-israélien convaincu.
J'ai également insisté sur la nécessité de choisir les machines adaptées car l'ordinateur industriel existant était déjà sollicité. Le Président m'a assuré que je pouvais faire mes propositions au fur et à mesure et que je disposerais de tout ce dont j'aurais besoin.
Avec cette liberté de travail, il allait falloir se retrousser les manches et se mettre au travail sérieusement. J'avais besoin d'un gestionnaire diplômé, avec une certaine expérience, pour me seconder. Le Président m'a autorisé à organiser un concours d'embauche. J'ai recruté une personne qui avait le niveau d'expert-comptable et qui sortait de l'Institut de Contrôle de Gestion de Grenoble. Je me suis entouré de deux ou trois personnes, dont l'ingénieur analyste et Monsieur Tuffet, rémunérés par la Société. Nous avons commencé à travailler sur les organigrammes, les ordinogrammes et le plan de la future comptabilité et gestion industrielle de l'entreprise. C'était un travail énorme, car tout était archaïque, mais un travail passionnant...
Alors voilà, nous avions commencé à travailler sur l'informatisation des organismes. Tout était à refaire : les journaux comptables, les bordereaux, les plans... J'avais demandé une secrétaire supplémentaire car le travail manuscrit et les détails me prenaient énormément de temps. Je dictais et elle sténographiait. Elle était également très compétente en gestion. C'était une personne vraiment modeste et discrète mais qui a fait un travail de qualité extraordinaire.
Dès que j'ai commencé à mettre en place ces changements, l'opposition s'est manifestée. Le Directeur de la comptabilité et son Adjoint voyaient d'un mauvais œil ces transformations. Le Directeur du personnel, ouvertement antisémite, me mettait constamment des bâtons dans les roues. J'étais le seul Juif dans la société, hormis un vieil homme, M. Lévy, qui travaillait aux magasins.
Pourtant, bien que j’aie tenté de les rassurer : « Je ne veux prendre la place de personne, je ne suis pas là pour nuire à qui que ce soit », il m'a répondu : « Monsieur Amsellem, avec ce que vous faites, vous allez mettre 50 % du personnel au chômage. » Je l'avais tenu informé par politesse tout en l’assurant qu'au contraire, il n'y aurait pas de licenciements. J'ai expliqué que les départs à la retraite ne seraient pas remplacés et qu'il serait même possible d'embaucher.
J’étais sujet à mesquineries pendant des semaines mais j'ai continué à faire mon travail. Un jour, le Secrétaire Général, qui était toujours avec le PDG, est venu me voir et m'a dit : « Monsieur Amsellem, qu'est-ce qu'on entend dire ? Il paraît que vous êtes en train de tout chambouler. » J'avais pris soin de leur expliquer que nous allions travailler en parallèle : durant trois mois, nous continuerions à faire la comptabilité manuellement tout en mettant en place le nouveau système informatique. Une fois les programmes finalisés et tous les contrôles effectués, nous comparerions les résultats des deux méthodes. On m'a dit que cela me donnerait beaucoup de travail, mais j'ai répondu que je m'en occuperais. J'avais engagé du personnel intérimaire pour accélérer le processus, mais les mesquineries à mon égard continuaient.
Un soir, alors que je travaillais tard pour vérifier les modules de contrôles, le Directeur Général est venu me voir. C'était un homme grand et imposant, avec une personnalité extraordinaire. Il m'a dit : « Monsieur Amsellem, j'espère qu'il n'y aura pas de bordel. » J'ai été tellement choqué par ses mots que je me suis levé et je lui ai dit : « Monsieur le Directeur, si vous voulez prendre ma place, je vous la laisse. » Il m'a demandé pourquoi je disais cela, et je lui ai répondu que je ne supportais pas cette façon de parler. Il est parti sans dire un mot. J'étais furieux ! Je ne sais pas comment j'ai fait pour ne pas avoir eu peur à l'époque. J'avais peut-être 26 ou 27 ans, mais j'avais la conviction que seul D. comptait, Directeur ou pas, pour moi, c'était une personne comme une autre.
Les mesquineries ont continué. Je n'en pouvais plus. J'ai décidé de prendre un congé, de voyager en Israël me reposer et rendre visite à Sidna Baba Salé zatsal. J'avais besoin d'être dans un état de sérénité complète pour mener à bien cette affaire. J'étais monté à Paris pour choisir les machines : fallait-il travailler sur IBM, sur Logabax ou sur un autre système ? J'avais finalement été conseillé par un ingénieur commercial d'IBM. Nous avions déjà plusieurs ordinateurs IBM pour la gestion industrielle mais nous les avions renforcés pour l'informatisation de la comptabilité.
J’ai donc voyagé en Israël et, dès le lendemain de mon arrivée, je me suis rendu à Nétivot pour voir Sidna Baba Salé zatsal. J'ai attendu un peu dans la salle à manger, à l’époque il vivait encore dans un shikoun. Puis Sidna Baba Salé zatsal est arrivé. Je lui ai embrassé la main et il m'a accueilli avec sa prestance habituelle, s'est enquis de mes parents, de mes oncles Henri et Gaston.
Je lui ai expliqué directement mon problème en judéo-arabe. Je lui ai parlé de ces gens qui me mettaient des bâtons dans les roues et me tourmentaient. Je lui ai même demandé de les maudire, précisant qu’ils n’étaient pas juifs. Sa réaction m'a stupéfait. Il refusait de les maudire et m'a dit : « Écoute mon fils, mon père Rabbi Messaoud zatsal m'a dit quand j'avais 10 ans : Israël écoute-moi bien, fais attention à tout ce que tu sors de ta bouche, parce que tout ce que tu dis est scellé dans le Ciel. » Sidna Baba Salé zatsal m'a alors béni, m'assurant que tout s'arrangerait à mon retour. Il a dû faire des kavanot, car il voyait tout, même ce que je ne lui disais pas, il avait le Rouah Hakodech (l’inspiration divine).
Ce jour-là, il a insisté pour que je reste partager le repas avec lui parce qu'il attendait un grand Sage, Rabbi Moché Pinto zatsal (le père de Rabbi David chalita), qui est arrivé, tout vêtu de blanc, majestueux comme un ange. Baba Salé zatsal lui a alors dit : « Tu vois ce jeune homme à ma droite, son grand-père, Rabbi Eliaou Amsellem zatsal, était un des Richonim, ses midot, sa générosité, sa façon de prier, c’était unique, c’était un Gadol Hador, et surtout, je peux témoigner que même la soucca d'Abraham Avinou n'atteignait pas celle de son grand-père. Et son père, Rabbi Nissim, c’est un grand Talmid ‘Hakham qui a étudié chez nous…. » J'étais très touché par ses paroles, je lui ai embrassé la main ainsi que celle de Rabbi Moché.
À mon retour en France c’était bientôt la rentrée et l’usine reprenait le travail. Mais les changements ont été stupéfiants. J'ai appris que le Directeur de la comptabilité était hospitalisé à 100 km de Pau, son Adjoint était décédé et le Directeur du personnel (antisémite qui me haïssait), avait démissionné sans aucune raison apparente. Personne n’a jamais su pourquoi…
L'atmosphère dans l'entreprise s'est complètement transformée. Le Directeur Général, qui d'habitude ne serrait la main à personne, a commencé à me saluer chaleureusement.
J'ai pu alors mettre en place tous les changements prévus. Nous avons travaillé en parallèle pendant trois mois, gardant l'ancien système manuel tout en développant le nouveau système informatique. Nous avons créé des états statistiques qui n'existaient pas auparavant : gestion financière, statistiques des ventes du service après-vente, analyses par pays, comparaisons sur trois ans. Nous avons mis en place des tableaux de bord complets pour la gestion financière. Même les ingénieurs en profitaient pour leur production. Nous fabriquions des moteurs d’hélicoptères civils et de combats, ainsi que d’autres composés pour les plus grosses sociétés d’aviation militaire, pour 120 pays. Ce fut un énorme travail, personne n’a été licencié, au contraire, et tout s’est très bien passé. Toutes les Directions nous ont félicités pour ces améliorations. Le système que nous avons mis en place à l'époque fonctionne encore aujourd'hui sur les mêmes bases…
Par la suite, nous avons réussi à développer avec mon équipe une superbe application contenant un ensemble de programmes informatiques très complexes pour pouvoir calculer automatiquement le PRU (Prix de Revient Usine) des composés et moteurs d’hélicoptères.
Ce qui nous a valu des félicitations chaleureuses de toutes les Directions : Générale, Industrielle, Commerciale et SAV (service après-vente) … avec promotions de salaire pour tous mes collaborateurs !
Nous avons également réussi à mettre au point avec succès un programme très ingénieux et très complexe permettant de calculer automatiquement l’analyse des soldes dues au niveau de chaque marché d’État. Cet exploit nous a permis de préparer et d’éditer chaque mois, en quelques heures, des centaines de Relevés-Clients représentant des sommes colossales à récupérer chaque fin de mois. Et ce, avec plus de trois semaines d’avance par rapport à l’ancien système manuscrit et dactylographié devenu obsolète….
C’est ainsi qu’en calculant les intérêts sur de très gros montants récupérés avec trois semaines d’avance et investis dans nos banques à des taux d’intérêts de l’époque (entre 15% et 17% l’an !!!) l’entreprise amortissait largement la quasi-totalité des frais de fonctionnement du nouveau service informatique de gestion comptable et financier ! Par la suite, le PDG me confiait même d’autres missions sensibles, notamment auprès de la filiale israélienne.
Un an plus tard, tous mes soucis étaient oubliés et je voyageais de nouveau en Israël. Je retournais bien sûr voir Sidna Baba Salé zatsal pour le remercier. Dès qu'il m'a vu, il m'a demandé : « Ah Raphaël, dis-moi, est-ce que tout va bien dans ton travail ? » J'étais stupéfait qu'il se souvienne de mon histoire après tout ce temps ! Et pourtant, il n’avait rien oublié… Nous avons pris le petit-déjeuner ensemble, je lui ai raconté le dénouement miraculeux de mon histoire et il m’a encore béni avant mon départ.
Cette histoire nous montre la force de la prière des grands Sages d’Israël tels Sidna Baba Salé zatsal qui, grâce à sa Sainteté, et de par ses « interventions », a accompli des milliers de miracles. Aujourd'hui encore je sais que, par son Mérite, il continue à protéger tout le Peuple d'Israël, l’accompagnant dans toutes ses actions.
Depuis le départ de ce grand Tsadik, une veilleuse est allumée en permanence chez moi. Je continue à évoquer ce grand Saint dans mes prières, et quand j’ai besoin d’aide, grâce à D. par le mérite de ce Saint grand Tsadik, je suis exaucé.