Pourim : bas les masques !
Avez-vous déjà été dans une situation où vous avez eu peur de révéler qui vous êtes vraiment ? Avez-vous déjà eu l'impression de porter un masque ? Cela peut arriver à des individus, mais également à une nation. Une des conséquences de vivre dans un nouvel endroit est l'assimilation. On essaye de se faire discret, de ne pas se faire remarquer. C'est précisément ce qui est arrivé à une grande partie du peuple juif il y a environ 2500 ans. Exilé dans un pays étranger, il a fait ce qu'ils pensait être son devoir pour « s'intégrer ». Malheureusement, les forces de l'assimilation ont menacé l'identité juive dans tant d'endroits à travers l'histoire que le récit du Livre d'Esther transcende les particularités de cette époque et de cet endroit.
Le livre d'Esther se déroule lors d'un coup d’état.
À Suze, un nouveau dictateur arrive au pouvoir. Le roi Ahachvérosh célèbre ses nombreuses conquêtes, et les Juifs acculturés de Suze se trouvent au centre de cette célébration. La participation aux festivités est bien entendu obligatoire. Imaginez donc le malaise des Juifs lors de la célébration de la conquête de Jérusalem par Ahachvéroch. Quand ce dernier apparait devant ses sujets, vêtu des vêtements du Cohen Gadol dérobés lors de la destruction du Temple, les Juifs doivent certainement se sentir bien mal à l’aise. Ahachvéroch avait abandonné les vêtements royaux qu'il avait usurpé à son prédécesseur en faveur d'un nouveau costume, afin de souligner son succès tout en éteignant en même temps la lueur d'espoir de retour des juifs.
La reine Vachti avait sa propre interprétation du bal costumé. Elle était l'une des conquêtes les plus importantes d'Ahashvéroch, car c'était son sang royal qui lui donnait sa légitimité. Quand il exigea d’elle qu'elle parût devant les invités sans son costume royal, il avait l'intention de la dépouiller du pouvoir et de la noblesse que ces vêtements symbolisaient. Il voulait l'humilier et lui rappeler qui était à présent le roi. Elle refusa de se présenter sans ses vêtements royaux et fut répudiée.
À Suze vivait une jeune fille juive que tout le monde connaissait sous le nom d'Esther, mais son vrai nom était Hadassah. Esther fut forcée de participer à ce "concours". Elle fut la seule à ne pas réclamer d'accessoires, d'huiles ou de parfums. Contrairement à ses concurrentes, elle n'avait aucun désir d'être la reine.
Mais quelque chose d'inattendu se produisit. De toutes les femmes, celle que le roi choisit fut Esther. Les hommes désirent souvent ce qu'ils ne peuvent pas avoir, et la reine Esther, distante, était remarquablement différente de toutes les autres, qui souhaitaient désespérément être remarquées. Esther était royale.
Haman, un conseiller rusé, impitoyable et manipulateur du roi, utilisait son intelligence pour se catapulter au-dessus de tous les autres conseillers. C’était un mégalomane, qui décrétait que tous les sujets du roi devaient s'incliner devant lui. Tous s’y conformaient, craignant pour leurs vies. Un seul homme, Mordékhai, refusait de se prosterner. Ce même Mordékhai avait autrefois alerté le roi au sujet d'un complot d'assassinat et avait gagné sa confiance. Pour compliquer davantage les choses, Mordékhai, était également le cousin d'Esther et son conseiller le plus fiable.
Haman ne pouvait pas supporter cet affront, il cherchait sa revanche. Non seulement il tuerait Mordékhai, mais il anéantirait tous les Juifs. Le roi, qui avait toutes les raisons d'être paranoïaque, serait facile à convaincre. Haman n'avait qu'à lui suggérer les dangers que représentait ce groupe d’exilés éparpillés dans tout le royaume. Après avoir fait un don important aux coffres du roi, Haman reçut le sceau d'approbation de ce dernier, et le sort de tous les Juifs du royaume fut scellé.
Quand Mordékhai entendit parler du décret, lui aussi "s'habilla", avec des vêtements de deuil. Esther était consternée car on ne pouvait tout simplement pas circuler dans la capitale ainsi vêtu. Le roi était heureux, les gens célébraient et une telle robe pouvait être interprétée comme un symbole de rébellion. Elle essaya de convaincre Mordékhai d’être raisonnable, mais il fut catégorique, allant jusqu'à suggérer que son destin était maintenant devenu limpide. Elle était montée sur le trône dans le seul but de sauver le peuple juif. Esther savait ce qu’il lui restait à faire. Elle devait revêtir les vêtements de la reine, et tenter d'approcher le roi. Le risque était énorme : il avait conquis le pays par la force, et était convaincu qu'il y avait des personnes qui complotaient pour le renverser. Personne ne pouvait l’approcher sans y être invité, même pas la reine.
Ahashvéroch avait passé une mauvaise soirée. Il était certain qu'il y avait une intrigue. Sa reine et son conseiller étaient-ils de mèche ? Il ne pouvait pas trouver le sommeil. Il passait en revue le journal royal, et il lut qu'un homme appelé Mordékhai l'avait alerté d'un complot d’assassinat. Il étudia l'intrigue, cherchant des rapprochements à sa situation actuelle, mais, parallèlement, il remarqua que Mordékhai n'avait jamais été correctement récompensé.
Quand le roi ordonna à Haman, l'antisémite notoire, de faire toutes ces choses pour Mordékhai le Juif, et de conduire personnellement le cheval dans les rues, Haman fut dévasté. Il ne porterait pas les vêtements du roi, et il apparaîtrait à tous ceux qui le verraient comme l’homme de main du roi.
Tout à coup, Haman fut diminué, car en réalité, il n’était que "déguisé" en conseiller du roi. Son vrai statut était beaucoup plus modeste.
Pourim nous rappelle que nous passons une grande partie de nos vies à nous habiller, à paraitre, et à mener des vies qui sont en désaccord avec nos âmes. Nous permettons à nos déguisements de nous influencer, plaçant notre foi dans les masques que nous portons plutôt que dans la beauté naturelle du destin juif. Notre but en tant que juifs est de trouver nos vrais vêtements et notre véritable moi, aussi bien en tant qu'individus qu’en tant que Nation.
LES MITSVOT DE LA FÊTE DE POURIM
Le Jeûne d'Esther.
À l’époque de Mordékhai et d’Esther, les juifs rassemblèrent le 13 du mois d’Adar pour se défendre de leurs ennemis. Ils demandèrent alors miséricorde à D. pour qu’Il leur vienne en aide. Ils jeûnèrent également le 13 du mois d’Adar. Pour cette raison, nos Sages ont fixé ce jour comme étant un jour de jeûne public : le jeûne d’Esther.
On lit la Méguila le 14 Adar.
Par contre, dans les villes qui étaient entourées de murailles à l’époque de Yéochoua bin Noun, on lit la Méguila le 15 Adar. C’est le cas par exemple de Jérusalem. La Méguilla est lue deux fois à Pourim, une fois le soir et une fois en journée. Il est très important d’écouter chaque mot de la lecture, c’est pourquoi il faudra faire attention à ne pas parler, ou faire du bruit. C’est une mitsva très importante de lire ou d’écouter la Méguila dans une grande assemblée, car on glorifie ainsi le nom de D. en public. Le peuple juif, ainsi uni, remercie et loue D. pour les miracles qu’Il a accompli pour nos ancêtres à notre époque. Même pour celui qui possède sa propre Méguila Cachère il est préférable d’entendre la lecture effectuée par l’officiant à la synagogue.
Les femmes ont l’obligation d’écouter la Méguila avec ses bénédictions, car elles ont aussi participé au miracle de Pourim. Haman voulait anéantir tous les juifs, hommes et femmes, du plus petit au plus grand, et D. nous a tous sauvé de ce terrible danger.
La mitsva de Michloa'h Manot
Tout juif a l’obligation d’offrir à un ami, le jour de Pourim, un cadeau appelé Michloa'h Manot, contenant au minimum deux aliments prêts à être consommés, de bénédictions différentes. Les Sages ont institué cette mitsva pour renforcer l’amour et la fraternité entre amis et contredire ainsi les propos d’ Haman qui nous décrivait comme « une nation répandue, disséminée… dont les cœurs sont désunis ».
Le jour de Pourim est un jour d’Ahdout, d’unité dans le Klal Israël. Ce présent peut également nous permettre de faire parvenir aux personnes dans le besoin, de manière respectueuse, tout le nécessaire pour fêter Pourim avec nourriture et boissons en abondance. Ils pourront alors organiser un repas de fête dans la dignité. Celui qui multipliera l’envoi de présents sera digne de louanges, car il intensifiera l’amour et la fraternité au sein du peuple juif.
Dons aux pauvres
Donner de la Tsédaka est une mitsva tout au long de l’année. Cependant la mitsva le jour de Pourim de Matanot Laévyonim, dons aux pauvres, vient se rajouter à celle de la charité habituelle. À l’occasion de Pourim, on est tenu d’effectuer des dons d’argent à deux pauvres au minimum. Il est préférable de faire beaucoup de dons aux pauvres plutôt que de préparer un grand repas pour soi-même (ou sa famille), ou d’envoyer beaucoup de cadeaux à ses amis. Lorsque l’on donnera Matanot Laévyonim, on s’efforcera de le faire avec un visage rayonnant de joie pour ne pas faire honte à celui qui reçoit.
C’est une grande mitsva, pendant cette fête du partage, de multiplier les gestes de Tsédaka selon ses possibilités, comme il est mentionné dans le Zohar Hakadoch (Parachat Béchala'h). Vous pouvez envoyer vos dons à Tsidkat-Eliaou. Nous nous chargerons de les redistribuer le jour-même aux familles démunies de Jérusalem que nous parrainons.
Michté de Pourim
Michloa'h Manot, le Michté (repas de Pourim), Matanot laévionim (Tsédaka), la lecture de la Méguila...
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Association pour la Torah, l’Enseignement et les Mitsvot |
Paru au Journal Officiel du 01/1990
Aides et secours aux nécessiteux