Parachat Matot-Massei : la victoire sur Midiane et la future répartition d'Erets Israël
QUELS SONT LES SUJETS TRAITÉS DANS LA DOUBLE PARACHA MATOT-MASSEI ?
MATOT (Nombres XXX,1 à XXXII,41)
Les derniers chapitres des Nombres traitent d'abord de la loi sur les vœux et ordonnent des dispositions particulières pour les vœux prononcés par une femme mariée. Le texte continue par le récit de la victoire sur Midiane, qui avait, par ses filles, entraîné tant de jeunes à la perversion. Ce peuple méritait une punition et la main d'Israël s'appesantit lourdement sur lui. Les commandants d'armée signalent dans leurs rapports qu'aucun de leurs soldats ne manque à l'appel. En guise d'hommage, le peuple apporte tout le butin en or et pierres précieuses pour embellir la tente d'assignation. A la suite d'une demande présentée par les tribus de Ruben et de Gad, Moché leur attribue, en raison des immenses troupeaux qui forment la richesse de ces deux tribus, les vastes plaines de Transjordanie, en les engageant toutefois à participer à la conquête du pays de Canaan aux côtés de leurs frères.
MASSEI (Nombres XXXIII,1 à XXXVI,13)
Après une rapide récapitulation des étapes de leur voyage à travers le désert, les fils d'Israël apprennent par Moché le tracé des frontières qu'ils auront à respecter. D. désigne ensuite les responsables, qui aideront le grand-prêtre Eléazar et Josué à procéder au partage des terres et à l'installation du peuple. Chaque tribu réservera, en outre, quatre villes qui serviront de cités-refuges pour les meurtriers. Celle dernière institution est complétée par la loi sur le « Vengeur du sang ». En dernier lieu, Moché recommande à toutes les jeunes filles qui, en vertu de la loi antérieure, hériteront des terres de leur père, de se marier avec un fils de leur tribu afin de respecter l'intégralité des circonscriptions établies, et de ne pas transformer par mariage une terre d'une tribu en « enclave » d'une autre tribu.
Source : La Torah Commentée
L’ESSENTIEL ET L’ACCESSOIRE
« Alors ils s'approchèrent de Moché et dirent : "Nous construirons ici des parcs à brebis pour notre bétail et des villes pour nos enfants" » (32, 16).
Rachi commente : « Ils se souciaient plus de leur argent que de leurs fils et leurs filles car ils ont mentionné leur bétail avant leurs enfants. Moché leur dit : « Ne vous conduisez pas ainsi. Occupez-vous d'abord de l'essentiel et que l'accessoire vienne en seconde place. Construisez d'abord des villes pour vos enfants et ensuite seulement des parcs pour votre bétail » (voir verset 24).
Le midrach ajoute : « C'est ce qui est écrit (Kohélèt 10, 2): "Le cœur du sage est à sa droite [il s'agit de Moché] et celui du sot est à sa gauche" [ce sont les membres des tribus de Gad et Réouven]. »
Il est dit, en effet, à propos de la Torah : « La longueur de jours est à sa droite; et à sa gauche, la richesse et les honneurs » (Michlé 3, 16). La gauche représente les biens matériels. Il est à remarquer dans ce verset que dans l'alphabet, les lettres du mot cœur / lèv placées à la droite des lettres lamèd et vèt sont le kaf et le aleph et forment le mot "akh / seulement". Akh désigne une restriction (mi'out). Les lettres situées à leur gauche sont le mèm et le guimel qui forment le mot gam/aussi, terme employé pour ajouter (lérabot). Est-ce à dire que lorsque le cœur est à droite, il tend à réduire la recherche de biens matériels et quand il est à gauche, il aspire à en accumuler toujours davantage ?
Chaque père de famille doit se poser la question. Lui faut-il concentrer ses efforts sur son gagne-pain ou sur l'éducation de ses enfants ? Faut-il en premier lieu assurer leur avenir professionnel ou leur formation solide en tant que Juifs ? La Torah ne dit certes pas qu'il faut négliger la parnassa mais l'important est de faire la juste part des choses : les enfants et leur réussite spirituelle ont priorité sur toutes les préoccupations d'ordre matériel.
Comment les hommes de la tribu de Gad et Reouven ont-ils pu commettre une telle erreur ? Peut-être pensaient-ils que leur long séjour dans le désert où ils étaient nourris miraculeusement de manne prenait fin et que cette époque d'aide surnaturelle était révolue ?
La responsabilité du gagne-pain incomberait désormais à l'homme et devait donc primer sur ses autres préoccupations.
Dans sa réponse, Moché rabbénou leur a signifié que telle n'était pas la conception de la Torah. Même en temps normal, c'est D. et Lui seul qui accorde à l'homme sa nourriture, exactement comme à l'époque de la manne. Certes, l'homme « doit manger son pain à la sueur de son front » c'est-à-dire peiner et fournir des efforts (dans le travail.., et dans la prière) car c'est ainsi que D. l'a décrété pour réparer la faute d'Adam. Cependant, notre parnassa, elle, est fixée par le Tout-puissant depuis Roch Hachana. Par conséquent, comme elle est uniquement dans les mains de D., le véritable croyant ne doit pas considérer son gagne-pain comme le premier de ses soucis. Il aura l'esprit libre pour se préoccuper d'abord de son « bien-être » spirituel et de celui de ses enfants, au présent et dans l'avenir.
Le message que Moché rabbénou a transmis aux premières tribus qui ont commencé à s'installer sur leurs terres est clair: l'important, dans un foyer, est de ne pas confondre l'essentiel et l'accessoire.
QUI DÉPEND DE QUI ?
Moché rabbénou a dit aux tribus de Gad, Réouven et à la moitié de celle de Ménaché : « Mais si vous agissez autrement, vous serez coupables envers D. et [si vous ne participez pas à la conquête du pays] sachez quelle faute vous sera imputée. Construisez donc des villes pour vos enfants et des enclos pour votre bétail... » (32, 23-24).
Nous avons vu, à la lumière du commentaire de Rachi (32, 16), que Moché rabbénou a rectifié l'ordre des priorités des membres des tribus (des enclos pour le bétail avant les villes pour les enfants).
Le 'Hatam Sofer demande: pourquoi leur a-t-on reproché de se préoccuper de leurs animaux avant leurs enfants alors que la halakha stipule : « Il est interdit à l'homme de goûter à quoi que ce soit avant d'avoir donné à manger à ses animaux domestiques » ? En réalité, cette halakha découle d'un principe du Talmud: « L'homme doit tout d'abord s'occuper des besoins des membres de sa maisonnée car ils dépendent de lui alors que lui-même dépend de : "Celui qui a parlé et le monde fut" ». C'est la raison pour laquelle l'homme doit nourrir son animal domestique avant de se mettre à table car la bête ne peut être nourrie que par son maître. Ceci est valable, dit le 'Hatam Sofer, si ce maître est un homme digne, un tsadik et qu'il mérite que D. lui envoie sa subsistance.
Cependant, si l'homme en est indigne, il est dit dans Tehilim (36, 7): « Adam oubehéma tochi'a Hachem / l'homme et l'animal Tu sauveras, ô D. », verset que nos Sages interprètent ainsi: « Adam bizekhout behéma tochi'ah Hachem /ô D. Tu sauveras l'homme par le mérite de l'animal! » .
Si l'homme est un pécheur, D. lui accordera sa subsistance pour lui donner de quoi nourrir son animal (qui, lui, n'a pas commis de fautes). Dans ce cas, l'homme dépend de ses bêtes et non le contraire. C'est pourquoi, dans ce verset, l'homme est mentionné avant l'animal: les créatures "dépendantes" (dans ce cas, il s'agit de l'homme non méritant) doivent être nourries en premier !
Les membres de la tribu de Gad et Réouven et la moitié de Ménaché se considéraient comme des hommes de valeur, des justes. C'est la raison pour laquelle ils ont d'abord demandé des enclos pour leur bétail. Cependant, Moché rabbénou qui ne les jugeait pas si méritants au début (voir v. 6 à 15), a rectifié l'ordre des priorités: « des villes pour vos enfants et des parcs pour le bétail ».
On peut, toutefois, se demander pourquoi Moché rabbénou n'a pas jugé les membres de ces tribus suffisamment dignes. Ne lui avaient-ils pas déjà donné l'assurance de se joindre à leurs frères lors de la conquête du pays? Les hommes de Gad et de Réouven avaient dit à Moché (32, 17): « Mais nous, nous irons en armes, résolument, devant les Enfants d'Israël / lifené Bnei Israël / jusqu'à ce que nous les ayons amenés à leur destination ». Certes, il était très méritoire de prendre les premières places au combat devant les Enfants d'Israël, cependant, dans sa réponse, Moché rabbénou a rectifié (32, 20) : « Si vous vous mobilisez devant D. pour le combat / lifené Hachem bamil'hama ». Votre décision courageuse ne doit pas seulement être motivée par votre devoir vis à vis de vos frères mais aussi vis à vis de D.
Durant toute bataille, n'oubliez pas que c'est devant D. que vous vous tiendrez. La guerre que vous allez livrer pour conquérir la terre est une guerre ordonnée par D., une milhémèt mitsva ainsi qu'il est écrit à plusieurs reprises dans nos versets : « Tous vos guerriers passeront le Jourdain devant D. » (v. 21), « La terre sera conquise devant D. » (v. 22). Souvenez-vous aussi que tous vos rapports avec vos prochains concernent également vos rapports avec D. « Et vous serez quittes vis à vis de D. et vis à vis d'Israël et cette terre-ci vous sera alors légitimement acquise devant D. » (v. 22).
Les hommes des tribus de Gad et Réouven et Ménaché ont alors répondu à Moché : « Tes serviteurs, tous ceux qui peuvent s'armer pour le combat passeront devant D. pour faire la guerre comme l'a dit mon Maître » (v. 27). Ils ont compris le message !
Dans toute action en faveur de nos prochains (que ce soit pour les défendre dans un combat ou les aider dans une action de charité), n'oublions jamais que nous nous trouvons devant D., que nous accomplissons notre devoir envers Lui et en conformité avec Sa Volonté.
À L'HEURE PRÈS...
« Et Aaron était âgé de cent vingt-trois ans lorsqu'il mourut à Hor-la-Montagne » (33, 39).
Pourquoi cette précision ? Pour nous enseigner que Aharon Hacohen atteignit cet âge-là le jour même où il mourut. Comme Moché rabbénou, Aharon quitta ce monde le jour anniversaire de sa naissance, Roch Hodech Av.
« Cela nous apprend que D. complète les années des Tsadikim de façon à ce que leurs années de vie soient entières » dit la guémara.
A ce propos, le Maharcha s'interroge s'il en est ainsi, D. n'aurait-t-Il pas dû fixer la date de leur mort un jour avant celui de leur naissance (le six Adar pour Moché ou le vingt-neuf Tamouz pour Aharon) ? En effet, le jour de son anniversaire, on entre dans une nouvelle année de vie.
Le Maharcha répond que D. ne complète pas seulement les années des Tsadikim au jour près mais à l'heure près ! Les cent vingt années de Moché Rabbénou n'ont donc été complètes qu'à l'heure de sa naissance dans la journée du sept Adar.
Il en fut ainsi d'Aharon Hacohen. « Et le Cananéen, roi de Arad, entendit... » : que Aharon était mort et que les colonnes de nuées avaient disparu (33, 39). Il crut donc avoir le champ libre pour attaquer Israël, dit Rachi expliquant l'enchaînement des versets.
On sait qu'en réalité, sous ces Cananéens se cachaient les Amalécites toujours prêts à combattre Israël (commentaire de Rachi sur Bamidbar 21, 1). Ces Cananéens-Amalécites, pensant qu'Aharon haCohen était mort un jour avant son anniversaire, le vingt-neuf Tamouz, livrèrent bataille le lendemain, Roch Hodech Av. Il ne savait pas que D. complète les années d'un Tsadik comme l'était Aharon... à l'heure près. Le jour du combat, Aharon n'avait donc pas encore quitté son peuple. (Leur descendant, Haman haracha suivit leur exemple et crut avoir trouvé le moment propice pour son massacre au mois d'Adar, mois de la mort de Moché rabbénou).
Pourquoi D. complète-t-il les années des Tsadikim ?
C'est une rétribution mida kenéguèd mida /mesure pour mesure, parce que les Justes s'efforcent de servir D. tous les jours de leur vie, sans exception. Chaque journée a son Avodat Hachem spécifique comme il est dit: « VéAvraham zaqèn, ba bayamim / Avraham était âgé, avancé en jours » (Béréchit 24, 1).
Cela signifie, d'après nos commentateurs, qu'il pouvait "se présenter avec tous ses jours": le but de chaque journée de son existence avait été atteint. Plus encore, ce n'est pas seulement les journées du Tsadik qui sont exploitées à fond pour le service de D. mais également chaque heure, chaque moment de son passage sur terre. C'est pourquoi D. complète ses années de vie à l'heure près ainsi qu'il est écrit : « Vous servirez l'Et. votre D.... et Je remplirai le compte de vos jours » (Chémot 23, 25-26).
Rav Guerchon, Imrei Cohen
Pour bien commencer la journée, 5 minutes pour Hachem notre Roi Créateur
L’ACCUEIL DU CHABBAT
Dès lors que l’on a pris sur soi l’ajout fait au Chabbat (tosséfet Chabbat), on doit s’abstenir de tous les travaux interdits par la Torah et par les sages. Par contre, on peut demander à un autre Juif qui, lui, n’a pas encore accueilli le Chabbat, de faire un travail à son intention. Les femmes ont l’usage d’accueillir le Chabbat avant les hommes, car elles allument les bougies et accueillent la sainteté du jour à l’heure d’entrée du Chabbat, telle qu’indiquée sur les tableaux horaires, tandis que les hommes vont encore à la synagogue pour y faire la prière de Min’ha de semaine, et ce n’est qu’après cela qu’ils accueillent le Chabbat. Durant cette période, bien que la femme ait déjà accueilli le Chabbat, elle peut demander à son mari de faire des travaux, qui lui sont interdits, comme d’allumer la lumière ou de s’occuper du four… (Choul’han ‘Aroukh 263, 17 ; Michna Béroura 64). De même, à la sortie du Chabbat, celui qui n’a pas encore signifié sa fin du Chabbat par la Havdala, ou en prononçant une formule de distinction entre Chabbat et la semaine, peut demander à une personne l’ayant déjà signifié de faire un travail pour lui.
D’après le Midrach, Pniné Halakha
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Paru au Journal Officiel du 01/1990
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