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Parachat Chéla'h Lékha : l'expédition des explorateurs

 
 

DE QUOI PARLE NOTRE SIDRA CHÉLA'H LÉKHA ?

Le peuple hébreu approche d’Érets Israël. Mais le pays n'est pas inhabité, des populations guerrières s'opposeront sans doute à l'entrée de la nation en Terre Promise. D. ordonne alors à Moché Rabbénou de désigner un responsable par tribu pour aller explorer le pays et préparer l'invasion. Les douze s'en vont et restent quarante jours dans le pays. À leur retour, ils rapportent des fruits merveilleux, produits du pays, mais déclarent (à l'exception de Josué et de Caleb) que jamais ces hommes, guerriers géants, ne pourront être vaincus. Un profond désespoir s'empare aussitôt du peuple qui pleure toute une nuit sa misère. Ils vont jusqu'à réclamer leur retour en Égypte, pour ne pas mourir en face d'un pays imprenable, dans le désert inhospitalier.

Caleb et Josué s'efforcent en vain, tout en admettant les difficultés de l'expédition, d'encourager le peuple et d'affermir sa confiance en D. Rien n'y fait, et la décision de D. condamne toutes ces générations à finir leur vie dans ce désert, au cours de quarante années de pérégrinations jusqu'à ce que leurs enfants, mûris, riches de l'expérience de leurs pères, puissent entrer dans le pays. À la communication de ces décisions, le peuple reconnaît sa faute et veut alors immédiatement partir à l'attaque. Mais il est trop tard, et cet essai spontané se termine par une défaite sanglante devant la frontière du pays.

Après un rapide exposé du mode de sacrifice tel qu'il sera effectué après la prise de possession du pays, le texte rapporte l'incident d'un homme qui ramassait du bois le jour du Chabbat. Cet homme est puni de mort, et expie en présence de toute l'assemblée. La Sidra s'achève par l'ordonnance des franges (tsitsit) qui doivent rappeler tous les commandements de D. pour les mettre en pratique.

Source : La Torah commentée

LA POSSESSION DE LA TERRE SAINTE

Les commentaires s'efforcent de comprendre pourquoi l'expédition des explorateurs en Terre Sainte a échoué avec les graves conséquences que cela a entraîné.

Le No'am Elimélekh souligne que Moché leur a dit  : « ... allez vers le sud... » (13, 17) et il nous rappelle que, dans nos Écrits, le sud symbolise la 'Hokhma, la sagesse. « Celui qui veut acquérir la sagesse, dit la Guémara, se tournera vers le sud ». Observer les faits, être témoin des événements qui nous entourent est, certes, une chose indispensable mais ce qui reste essentiel, c'est de les interpréter avec 'hokhma. Les 'Anaqim, les géants, ont jeté le trouble parmi eux au point de faire échouer la mission des explorateurs. En réalité, ces géants que le Tout-Puissant avait fait surgir sur le chemin des explorateurs devaient provoquer la réaction contraire. Nourris aux sources vives de la Torah, les envoyés auraient dû comprendre que ces êtres quasi invincibles jouaient un rôle précis : montrer au peuple juif qu'une solution humaine au problème de l'acquisition de la terre d'Israël était impossible. On ne pouvait prendre possession du pays qu’en se tournant vers D. . Le Créateur nous offrira la Terre promise en réponse à notre élan inconditionnel vers Lui.

« Lorsque tu diras dans ton cœur : "Ces peuples sont plus nombreux que moi, comment pourrais-je les vaincre? " Ne les crains point... » (Dévarim 7, 18). C'est seulement lorsque tu auras compris que tes forces sont insuffisantes pour remporter la victoire, lorsque tu mettras donc toute ta confiance dans l'aide du Très-Haut, que la crainte qui t'avait saisi pourra disparaître.

Par ailleurs, un midrach sur le premier verset de notre paracha précise que le Saint béni soit-Il a dit à Moché : « J'ai promis aux Patriarches de leur donner la Terre et, bien qu'ils soient morts, Je ne me rétracterai pas car (Isaïe 40) «la Parole de D. se réalisera toujours. »

Quel est le sens de ce midrach ? demande le Rabbi de Kotsk. En quoi la mort des Avot remettrait-elle en question notre droit sur Érets Israël ?

C'est que, explique ce commentaire, Avraham avait hérité de la terre sainte parce qu'il avait manifesté une confiance quasi irrationnelle envers le Créateur (témimout). Il s'était mis en route sur l'ordre de D. sans même savoir vers quel pays il devait se diriger (Béréchit 12, 1). « Marche devant Moi et sois intègre dans ta foi... » (Beréchit 17, 1) lui dit D. avant de conclure Son alliance avec lui.

Or, les explorateurs, eux, voulaient savoir où on les conduisait. Leur manque de Émouna va non seulement rendre impossible leur entrée dans le Pays mais il préfigure également Tich'a béAv et le début de l'Exil. C'est le péché des méraglim, dit le Rabbi de Kotsk, qui marque véritablement "la mort" d'Avraham. Cette génération n'aura pas droit à Érets  Israël et ses enfants en hériteront uniquement à cause de la promesse divine.

Le problème de la Terre d'Israël ne peut se soustraire à la constante que nos 'Hakhamim ont mise en relief, aujourd'hui comme jadis. Ce n'est pas par hasard que ses habitants sont dangereusement menacés par des ennemis sans nombre. D. nous a mis dans une telle situation d'impuissance pour nous forcer à dire : « Comment pourrais-je les vaincre? ! » (Dévarim 7, 18) en nous tournant uniquement vers D. comme les explorateurs auraient dû agir. En effet, seule une foi totale nous permettra d'hériter de notre terre.

Mettre notre confiance en un potentiel humain serait faire fausse route et risquerait de rendre le Pays inaccessible à ceux qui, depuis des millénaires d'exil, n'ont pu s'en détacher. Pour y revenir, prenons la seule voie que le Créateur nous indique : « Nous ne pouvons nous appuyer que sur notre Père qui est au Ciel » (Michna Sota).

UNE ÉMOUNA SANS FAILLE

 « Envoie pour toi des hommes afin d'explorer le pays de Canaan » (13, 2).

Plusieurs questions se posent à propos de l'épisode des explorateurs :

-Si cette exploration devait mal se terminer, pourquoi D. at-Il ordonné à Moché d'envoyer ces hommes ?

- Pourquoi l'envoi d'explorateurs au temps de Yéhochou'a ne fut-elle pas désapprouvée ?

- Et surtout, comment comprendre la contradiction entre deux explications de Rachi ?

 

• Sur le verset (13, 3) : « Tous étaient des personnages [respectables] » Rachi précise qu'à ce moment-là [béotha cha'ah], ils étaient kachères.

• Par contre, sur le verset (13, 26) : « Ils allèrent et arrivèrent chez Moché et Aharon », Rachi dit : « Pourquoi est-il écrit ‘‘ils allèrent’’ ? Pour comparer leur départ et leur arrivée : de même qu'à leur arrivée, ils étaient de mauvaise foi ainsi l'étaient-ils à leur départ. »

Le 'Hatam Sofer répond à ces différentes questions en expliquant, entre autres, qu'il est écrit : « Ils n'étaient kachères que be'otha cha'ah », c'est-à-dire pendant un temps très court.

Certes, D. a accepté que l'on envoie des explorateurs mais leur mission devait se faire dans le même but que celui de Yehochoua : ceux-ci ne sont pas allés vérifier si la ville de Jéricho était bonne ou non. Ils voulaient seulement voir si ses habitants étaient terrorisés de l'approche des Enfants d'Israël, peuple de D. Ce devait être le signe que le moment de la conquête était arrivé comme cela le sera au temps de la rédemption finale où la royauté divine sera reconnue. Pour cette mission, une courte incursion une «visite d'une heure, cha'ah a’hat » leur avait suffi.

Les explorateurs de Moché, eux, se sont attardés davantage en traversant le pays de long en large. Pour quelle raison ? Parce qu'ils étaient envoyés par le peuple qui, par manque de Émouna, voulait savoir si la terre était bonne ou mauvaise... (voir Rachi, Dévarim 1, 23). C'est pourquoi les Enfants d'Israël furent punis en payant les quarante jours d'exploration par quarante ans dans le désert : une année pour chaque jour d'exploration (14, 34). Leur envoi était donc légitime mais leur intention et celle du peuple, étaient corrompues au départ.

En fait, rapporte le 'Hatam Sofer, les explorateurs se sont attardés bien plus que prévu. Moché rabbénou, pressé par le peuple (Dévarim 1, 22), a accepté d'envoyer des explorateurs mais avec certaines précautions : il les a fait partir le 29 Sivan de façon à ce qu'ils soient de retour vers le dix-sept Tamouz, jour qui marquait le début d'une période funeste pour le peuple d'Israël (le péché du Veau d’or avait eu lieu à cette date-là). D'ailleurs, la traversée de tout le pays ne devait prendre que vingt jours, en marchant jour et nuit.

Cependant, les explorateurs, craignant d'être découverts, se cachèrent dans les vignes pendant la journée et ne marchèrent que la nuit. Ceux de l'époque de Yéhochou'a s'étaient introduits en plein jour, déguisés en marchands. (C'est ainsi que le roi de Jéricho avait appris leur intrusion et ils furent sauvés miraculeusement).

Comme ils manquaient de bita'hone, les explorateurs crurent qu'Érets  Israël serait conquis par des moyens naturels et ils prolongèrent ainsi leur mission de vingt à quarante jours. Leur itinéraire de retour s'étendit donc du dix-sept Tamouz au neuf Av, période fâcheuse pour le destin d'Israël.

Nous réparerons cette faute en ayant une Émouna totale et sans réserve que D. seul peut nous faire hériter de notre terre par des moyens surnaturels. C'est n'est que par cela que l'exil, décrété à ce moment-là, prendra fin.

TIRER LES LEÇONS DE NOTRE HISTOIRE

« Pourquoi la paracha des explorateurs suit-elle celle de Myriam ? Car ces méchants ont vu qu'elle a été frappée de lèpre pour avoir médit de son frère et ils n'en ont pas pris leçon » (Rachi 13, 2).

Le Min'hat 'Ani fait remarquer que la Torah nous parle du lachone hara et de son châtiment à quatre occasions :

1) « Yossef débitait des médisances sur leur compte à leur père » (Béréchit 37, 2). Yossef dit du mal de ses frères et toutes les peines qu'il traversa furent une punition mida kénéguèd mida par rapport à chaque parole de lachone hara (voir Rachi).

2) « Myriam et Aharon parlèrent de Moché » (12, 1) et tous les Enfants d'Israël furent témoins de sa punition car D. retint d'une semaine la poursuite de leurs pérégrinations pour attendre qu'elle fut guérie de la lèpre.

3) « Et ils médirent aux Enfants d'Israël de la terre qu'ils avaient explorée » (13, 32). C'est l'épisode des explorateurs. Nous connaissons le châtiment dont ils furent frappés : « Les hommes qui avaient dit du mal du pays périrent d'une plaie devant D. » (14, 37), d'une maladie qui atteignit leur langue mida kénégèd mida (Rachi).

4) Qora'h dit du mal de Moché et de Aharon : « Pourquoi vous érigez-vous en supérieurs sur le peuple de D. ? » (16, 3). En retour, lui et ses acolytes connurent une fin terrible : « La terre ouvrit sa bouche et les a engloutis » (16, 32).

Ce que la Torah reproche à ceux qui commettent le péché de la médisance, c'est de n'avoir pas tiré leçon des punitions qui ont sanctionné la calomnie. Outre l'interdiction même du lachone hara (Vayiqra 19, 16), nous avons l'obligation, dans le cadre des mitsvot, de nous souvenir de ce que D. a fait à Myriam. Ce fut pourtant le cas le plus léger de lachone hara qui puisse être!

L'un des buts des punitions que D. inflige aux hommes est de mettre les autres en garde pour les éloigner de la faute. Si nous manquons de tirer un enseignement des évènements de l'Histoire ou des faits, petits et grands dont nous avons été témoins, nous risquons, 'hass véchalom, d'aggraver la sévérité de notre jugement. Mettons donc à profit ce dont nous avons connaissance - non pas pour accuser ou disserter vainement - mais pour améliorer notre conduite et nous rapprocher de D.

Rav Guerchon, Imrei Cohen


LES HORAIRES DU CHABBAT 

Dans tous les domaines de la Torah, la nuit précède le jour, comme il est dit au chapitre de la Création  : « Il fut soir, il fut matin, jour un » (Bérechit 1, 5), ce qui revient à dire que la journée commence par la nuit. De même, par rapport au Chabbat, la septième journée de la semaine commence la nuit. Cette conception juive du monde porte en elle une idée essentielle : la nuit et l’obscurité précèdent le jour et la lumière. D’abord apparaissent les questions, l’homme se trouve dans l’obscurité et le doute, puis les réponses lui apparaissent, et la lumière rayonne sur lui. Telle est aussi notre histoire. Nous étions d’abord asservis à Pharaon en Égypte, puis nous avons été délivrés de cet exil, avons accédé à la liberté ; nous avons reçu la Torah et sommes entrés en Israël. Ainsi en va l’histoire du peuple juif  : au départ, les ténèbres et les souffrances, ensuite la lumière et la délivrance. D’abord, on se mesure avec les problèmes ; de là, on s’élève et on se perfectionne.

Au contraire, parmi les nations du monde, le jour précède la nuit; les nations, l’une après l’autre, s’élèvent dans l’Histoire dans de grandes clameurs, font trembler le monde, puis les difficultés arrivent, et la nation sombre et disparaît. Ce fut le cas des Babyloniens, des Perses, des Grecs et des Romains. Le secret de l’éternité juive est lié au fait que la nuit précède le jour. Revenons à la halakha : quand, exactement, la nuit commence-t-elle ? En effet, la période qui s’étend du coucher du soleil (cheqi’at ha’hama) à la tombée de la nuit (tset hakokhavim- sortie des étoiles) est définie comme une période de doute. Est-ce le jour ou la nuit ? On l’appelle le crépuscule (bein hachemachot- entre les astres). Pour toute mitsva de la Torah elle-même – et la mitsva du Chabbat en est une –, on suit le principe selon lequel, quand un doute existe sur une règle toraïque, on est rigoureux.  Par conséquent, le Chabbat commence le vendredi au coucher du soleil et s’achève le samedi soir à la tombée de la nuit. 

D’après le Midrach, Pniné Halakha

 

 

 

 

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Association pour la Torah, l’Enseignement et les Mitsvot

 

Paru au Journal Officiel du 01/1990
 

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