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Parachat Lekh-Lékha : l'alliance d'Avraham

 

QUELS SONT LES SUJETS TRAITÉS DANS PARACHAT LEKH LÉKHA ?

Hachem s’adresse à Avram et lui ordonne de quitter sa terre : « Va pour toi hors de ta terre, de ton pays natal et de la maison de ton père, vers la terre que Je te montrerai ». Avram, écoute Hachem et réunit son épouse Saraï, son neveu Loth ainsi que les personnes qu’il avait convaincues d’abandonner l’idolâtrie pour le monothéisme. Ils quittent Harân et s’acheminent vers la terre de Canaân, Avram confiant qu’il sera le père d’une « grande nation » comme Hachem lui confirme et que « toutes les familles de la terre seront bénies » par lui.

Pour échapper à une famine, ils doivent cependant se rendre en Égypte où ils se présentent à Pharaon comme frère et sœur afin d’éviter les mauvaises intentions de ce dernier envers Saraï et éviter la mort. Mais Saraï est conduite au palais et seule une intervention divine, par le biais d’une plaie qui touche Pharaon, permettra sa libération. Pharaon ira jusqu’à offrir du bétail, de l’or et de l’argent à Avram.

De retour en Canaân, les bergers de Loth et d’Avram se disputent. Les deux clans se séparent et Loth se retire dans la ville de Sodome. Ce dernier est fait prisonnier par Kedarlaomer et ses alliés. Avram et ses hommes les affrontent et sortent victorieux de cette bataille, libérant ainsi Loth. Le roi de Chalem, Malki-Tsedek, le bénit : « Béni soit Avram par le D-ieu suprême, auteur des cieux et de la terre! »

Hachem conclut une alliance avec Avram et l’informe du futur exil de ses descendants tout en lui assurant qu’Erets Israël sera leur héritage éternel. Ne réussissant pas à avoir des enfants avec Saraï, cette dernière lui propose d’épouser sa servante Hagar, qui donnera un fils à Avram : Ichmaël.

Par la suite, Hachem décide de changer le nom d’Avram en Avraham, qui signifie « père d’une multitude de nations » puis, celui de son épouse Saraï en Sarah. Il leur annonce qu’ils auront un fils avec lequel Il perpétuera son alliance. Notre paracha prend fin avec la mitzva de la  circoncision, symbole de cette alliance unique, pratiquée sur Avraham, son fils et les hommes qui vivent avec lui.

 
« Vayomer Hachem el Abraham: lekh lekha. » D. dit à Abraham : "va-t’en de ton pays, de ton lieu de naissance et de la maison de ton père”. Béréchit (12;1).
Cette  phrase, par laquelle débute notre Sidra, n’a cessé d’intriguer les commentateurs. Qui est Abraham pour que D. lui adresse la parole ? Si l’on regarde les versets précédents, on nous présente Abraham par rapport à sa famille qui partage les préjugés idolâtres de son milieu. Et voilà qu’il doit quitter tous ces liens familiaux, il doit devenir indépendant, aller s’installer à son propre compte lekh lékha.
 
 
Qui le lui demande ? D. ? Au nom de quoi ? C’est notre problème. A cette question, il existe deux types de réponse. La première est basée sur l’image que nous donne la Tradition Orale de la personnalité d’Abraham. On nous raconte comment il a découvert D. unique par son propre raisonnement, à l’âge de trois ans selon les uns, quarante-huit ans selon les autres.
 
Pourquoi trois ans ? Les psychologues diraient que c’est l’âge de l’affirmation de la personnalité en conflit avec le monde extérieur. On trouve un verset dans la Sidra de Toledot Beréchit (26 ; 5) :
עקב אשר שמע אברהם בקולי וישמור משמרתי מצותי חקותי ותורתי
« En vertu du fait qu’Abraham a écouté ma voix, observe mon observance, mes mitsvots, mes statuts et mes enseignements ». Le premier mot, Ekev, a pour valeur numérique 172. Abraham vécut 175 ans. Il a donc observé les lois 172 ans durant, soit depuis l’âge de trois ans.
Selon d’autres, il avait 48 ans ; cela ne contredit pas nécessairement le premier Midrach. Il est possible que dans un premier temps, Abraham ait affirmé son opposition aux croyances de son milieu familial idolâtre, dès l’âge de trois ans, tout en ayant de D. une conception non élaborée correspondant à son âge et qu’ensuite, ayant atteint l’âge adulte, il soit parvenu à une conception plus mature de D.(מח = 48 = cerveau).
 
La Tradition Orale nous parle aussi du conflit qui l’opposa à Nimrod ou il risqua sa vie pour défendre ses idées, puisque Nimrod le jeta dans une fournaise ardente et qu’Abraham en réchappa. On nous présente enfin, en se basant sur le verset cité précédemment -Beréchit (26; 5) dans la Michna de Qidouchin IV; 14 et dans le Midrach Tan’houma sur Vayéra ,comme observant  scrupuleusement les mitsvot dans leurs moindres détails, avant la lettre.
À l’appui de cette thèse, citons deux textes du Midrach Rabba (chap 39; 1 et 3). R. Yitz’haq choisit une parabole pour répondre à notre question : pourquoi Abraham a-t-il été choisi pour recevoir un message de D. ? Cela ressemble, dit-il, à un passant qui voit un palais en flammes et se pose la question : ce palais n’a-t-il pas de propriétaire (pour alerter les pompiers) ? De même, Abraham se pose la question : le monde peut-il évoluer sans un dirigeant ? Et D. lui répond en s’adressant à lui : c’est Moi qui dirige l’histoire et à ce titre je t’ordonne : Lekh lékha, de tout quitter.
Le deuxième texte du Midrach, au nom de Rabbi Bérékhia, part d’un verset du Cantique des Cantiques : a’hot lanouqétana. « Nous avons une petite sœur, elle n’est pas encore formée ». Nous avons une petite sœur, dit le Midrach, désigne Abraham. Pourquoi est-il désigné par le terme a’hot ? (sœur)
 
Parce qu’il a raccommode D. avec le monde.
 
En effet, la racine signifiant "frère" et "sœur" en hébreu est à rapprocher du verbe signifiant "coudre",  "raccommoder", pour insister sur la force des liens qui unissent les frères et sœurs entre eux. C’est du Montaigne avant l’heure : « En l’amitié de quoi je parle, dira Montaigne, les âmes se mêlent et confondent l’une l’autre, d’un mélange si universel, qu’elles effacent et ne retrouvent plus la "couture" qui les a jointes ». Et comme si l’image n’était pas assez claire, Bar Kappara insiste : S’il y a reprisage, raccommodage, c’est qu’il y avait eu une déchirure auparavant : כזה שהוא מאחה את הקרע
 
La déchirure désigne les déceptions successives éprouvées par D. au sujet du monde, durant les dix générations menant d’Adam à Noé, puis de Noé à Abraham. Le terme de "recoudre" ou ne pas recoudre la déchirure, nous les retrouvons dans le Choul’han Aroukh à propos des lois sur le deuil, et c’est bien l’idée exprimée par certains midrachim à propos du verset Béréchit (7; 10) : « vayehi léchivat hayamim, oume hamaboul hayou al haaret » soit « au bout de sept jours, D. déclencha le déluge sur le monde ».
Que désignent ces sept jours supplémentaires (après les cent vingt ans de délai) ? Ce sont les sept jours de deuil que D. a observés sur le monde qu’il s’apprêtait à détruire.
C’est donc à Abraham qu’incombe la tache de sortir D. de son deuil, de le raccommoder avec le monde et de lui redonner confiance en l’homme.
Cette thèse attribue donc l’appel de D. aux mérites d’Abraham. Si D. s’adresse à lui plutôt qu’à un autre, c’est qu’il a un certain nombre de mérites à son actif. L’objection que l’on peut faire à cette thèse est la suivante : si telle est la raison de l’élection d’Abraham, pourquoi la Torah se montre-t-elle si discrète au sujet des motifs qui ont poussé D. à choisir Abraham ?
Pourquoi ne trouve-t-on pas au début de la Sidra, l’équivalent de ce que la Torah dit au sujet de Noé : « Noa’h ich tzadiq, tamimhaya bedorotav », Noé était un homme juste, intègre, dans sa génération » ?
C’est pourquoi il existe une deuxième thèse, opposée à la première, qui proclame que - au moins dans un premier temps- l’élection d’Abraham a été totalement arbitraire, de même que le sera plus tard celle d’Israël. (C’est ce que le Maharal de Prague explique dans Nétsa’h Israel chap 11). Il existe une différence fondamentale entre Israël et les Nations en ce qui concerne leurs relations avec D. Au sujet d’Israël, il est écrit : « Je serai votre D. et il sera mon peuple » tandis qu’au sujet des Nations il est écrit : « vous serez mon peuple et je serai votre D. » L’élection d’Israël par D. est quelque chose d’essentiel, puisque le mouvement part de D. et n’a pas de fin ; il est totalement indépendant de l’attitude d’Israël vis-à-vis de D. Tandis que le choix par D. de tel ou tel peuple est variable, puisque le mouvement part du peuple en question ; l’élection dure le temps que durent les "bonnes dispositions" de ce peuple vis-à-vis de D…
 
C’est la raison pour laquelle, conclut le Maharal, la Torah n’a pas commencé par nous exposer les mérites d’Abraham, pour que tu ne crois pas qu’Abraham et sa prospérité ont été choisis à cause de mérites personnels. Ce choix de D. est arbitraire et c’est pourquoi il ne dépend pas de la conduite d’Abraham vis-à-vis de D. Dans cette optique, les dix épreuves imposées par D. à Abraham seront là pour justifier à posteriori le choix de D., pour «  fermer la bouche du Satan », comme l’écrit Rachi dans son commentaire sur la Aqéda.
 
Source : Rabbin Alain Weil, Petites lumières pour le Chabbat
 
 
 
L’alliance entre les morceaux (Béréchit 15) à laquelle D. convie Avraham n’est, d’après l’ensemble des commentateurs, que la préfiguration de l’histoire du peuple juif. La génisse, la chèvre et le bélier qu’Avraham découpe en leur milieu correspondent aux grands empires qui s’attaqueront tour à tour à la Communauté d’Israël et qui s’effondreront les uns après les autres. « Et l’oiseau, il ne le fendit point. »
 
La colombe, symbole d’Israël, ne disparait pas; elle résiste à toutes les épreuves de l’histoire et le peuple juif se perpétue, intact, à travers les âges. Cette vision extraordinaire qui s’offre à Avraham n’a pas seulement une portée historique, c’est toute une conception philosophique du monde que D. révèle à notre Patriarche. La destinée d’Israël se place entièrement en dehors des notions de force matérielle et numérique. Le Tout-Puissant dit, en effet, à Avraham (Rachi sur Béréchit 15, 5) : Sors des conceptions (astrologiques) qui étaient les tiennes jusqu’à présent. Tu considérais, jusqu’à maintenant, que tu ne pourrais pas avoir de descendant. Effectivement, Avram n’aura pas de fils mais Avraham engendrera… » Pourquoi ceci sera-t-il possible précisément par l’adjonction de la lettre "hé"? Il est écrit, à ce propos, dans Béréchit 2; 4 : Béhibaréam = Bé "Hé" baréam- C’est avec un "hé" qu’Il les créa. 
 
Le "hé" est la lettre qui se prononce avec le moins d’efforts, comme si le Saint béni soit-Il avait voulu montrer aux êtres humains que Sa Toute Puissance est telle que la Création de notre Univers, aux dimensions et aux structures infinies, ne Lui a demandé absolument aucune peine. Tel est le signe dont seront porteurs les descendants d’Avraham : s’efforcer de vivre en tenant compte le moins possible des notions de force numérique, physique, matérielle ; c’est avant tout s’affirmer le témoin permanent du fait que c’est D. et D. seul qui, dans Son infime grandeur, régit partout et toujours le développement de l’histoire du monde. Appartenir à la minorité spirituelle que représente le peuple juif, c’est réunir en ses mains des atouts décisifs pour approfondir sa foi, pour reconnaitre véritablement son Créateur.
 

Cependant, D. a voulu assurer à Son peuple un autre avantage en concluant cette Alliance avec Avraham. Orienter l’histoire d’un peuple qui ne représentera, selon les valeurs des nations, qu’une minorité numérique quasi dérisoire, c’est assurer d’emblée une objectivité totale, un caractère de vérité absolue au message que ce peuple apportera à l’humanité. Si les nations, soucieuses de préserver leur influence et leur position de force, font fi de tout souci de vérité ou de justice pour ne chercher à préserver que leurs intérêts propres, certaines autorités spirituelles en font tout autant. Voulant conserver, par opportunisme politique, leur influence dans telle ou telle partie du monde, elles ont couvert, par leur silence complice, les crimes les plus atroces perpétrés contre l’humanité. Le peuple juif, « le moins nombreux parmi les peuples » s’est dégagé de ces contingences ; la voix qu’il peut élever pour faire entendre la Vérité est une voix pure. C’est cette voix décisive que l’humanité, cherchant au fond d’elle-même cette vérité, attend pour trouver son chemin. Au temps de la rédemption, lorsque cette vérité sera révélée aux yeux de tous, Israël pourra alors devenir « nombreux comme les étoiles du Ciel »

Source : Imrei Cohen- Rav Guerchon nous parle
 
 
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LA LUMIÈRE SPIRITUELLE DE CHABBAT
 

chabbatLes bougies de Chabbat diffusent une lumière spirituelle dans notre foyer. Celle-ci reflète l’âme Divine et la lumière du Monde Futur. C’est cette lumière spirituelle qui nous permet, un jour par semaine, de créer un havre de paix préservé des soucis quotidiens de la semaine. Il est intéressant de noter que la valeur numérique (guématria) de ‘‘or’’, lumière, est la même que celle de ‘‘raz’’, secret. La lumière symbolisée par les bougies de Chabbat est un secret profond de la Création. 

◙ Le jour de Chabbat, le monde « brille » étant donné que la lumière intérieure de chaque chose est perçue plus aisément. Le monde entier est rattaché et lié à la sainteté. Le Chabbat, la lumière intérieure de chaque chose est dévoilée et la seule condition pour la voir est d’avoir la volonté de recevoir cette lumière.

Sfat Emèt, Parachat Ekèv, 5632.

Une bougie allumée sert de métaphore à l’âme d’une personne. L’âme d’une personne est la bougie de D.ieu, qui promène ses lueurs dans les replis du cœur.
Michlé (Proverbes) 20:27 

Source : Olami

 

 

 

 

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Association pour la Torah, l’Enseignement et les Mitsvot

 

Paru au Journal Officiel du 01/1990
 

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