Parachat Rééh : choisir la vie !
QUELS SONT LES SUJETS ABORDÉS DANS PARACHAT RÉÉH ?
Alors que les Bnéi' Israël s'apprêtent à traverser le Jourdain pour prendre possession d'Erets Israël, Moché Rabbénou les place face à un choix :
Une décision à prendre qui aura une conséquence capitale pour leur vie et celle de leur descendants. L'accomplissement des mitzvot sera la seule source de bénédictions.
Aussitôt après la prise de possession de son pays, Hachem désigne l'endroit où s'élèvera son sanctuaire, et où le peuple viendra recueillir les enseignements de ses chefs. Une mesure particulière prévoit la permission d'abattre les bêtes pour la consommation en dehors des limites du Temple, contrairement à la pratique dans le désert. La Torah prononce des paroles sévères à l'égard de tout faux prophète et de toute personne qui voudrait introduire un culte étranger dans la nation. Quelques lois suivent, qui ont trait aux animaux purs et impurs, aux dîmes, à l'année sabbatique et à l'esclave. À la fin de la sidra se place l'ordre de célébrer les trois fêtes de pèlerinage et de rassembler en ces occasions à Jérusalem tous les hommes d'Israël.
Source : La Torah commentée
LA BÉNÉDICTION ET LA MALÉDICTION
« Vois ! Je place devant vous, aujourd’hui, la bénédiction et la malédiction » (11.26)
On peut se demander comment D. peut envoyer la malédiction alors que nos Sages disent : « Toute parole qui sort de la bouche du Saint béni soit-Il est pour le bien. »
De façon générale, c’est tout le problème du mal dans le monde qui est posé ici.
En réalité, la notion du mal est faussée chez nous : nous appréhendons le bien ou le mal par rapport à notre condition d’homme. Pour nous, le bonheur est un Bien et la souffrance est un mal; la vie est un Bien, la mort est un mal. Cependant, le but de la Création est la réalisation de notre perfection morale et c’est cela le bien absolu.
Sur ce verset, le Midrach rapporte les propos de D. au sujet d’Israël : « Ce n’est pas pour leur faire du mal que Je leur propose les bénédictions et les malédictions mais pour leur faire connaitre la bonne voie à choisir afin qu’ils puissent bénéficier de la Récompense. »
L’homme est libre, certes, mais il est responsable; il est maitre de sa destinée et doit subir les conséquences de ses décisions. Pour montrer clairement les implications de son choix, D. place devant l’homme la bénédiction et la malédiction. Si l’être humain est inconscient des répercussions de ses actes, il risque de s’engager sur une voie qui le mènera à sa perte. C’est par amour pour son peuple que D. lui a décrit en détail les plus terribles châtiments afin de l’amener à choisir le bien, la vie, sources de la bénédiction.
Cependant, on peut commettre une erreur et croire que le critère du bien peut-être fixé par sa propre conscience. C’est pour cette raison que le Midrach dit sur notre verset : « Reéh Anokhi… » De quel Anokhi s’agit-il ? Du Anokhi des Dix Commandements ». Le choix permanent que nous devons opérer et qui détermine chacun de nos actes ne doit pas être guidé par notre Anokhi, par notre "égo", car notre conscience est toujours subjective et soumise à notre "moi". Le seul critère objectif, pour nous, est le Anokhi des Dix Commandements, c’est le Bien absolu d’origine divine qui nous a été révélé au Sinaï.
C’est en suivant cette voie que nous mériterons la Brakha, la bénédiction.
L’IMPORTANCE DE L’ENJEU
Le Midrach explique : « Rabbi Eléazar dit : "Lorsque D. a prononcé ces paroles : « Vois ! Je place devant vous, aujourd'hui, la bénédiction et la malédiction », à ce moment-là on s'est étonné car il est écrit : "de la bouche du Très-Haut n'émane ni le mal, ni le bien" (Eikha 3, 38). Mais la bénédiction et la malédiction sont les conséquences des actes et viennent d'elles-mêmes. Le mal vient sur celui qui fait le mal, et le bien vient sur celui qui fait le bien. » Rabbi 'Haggaï ajoute : « Je n'ai pas seulement placé devant vous deux voies [dit D.] mais Je suis allé avec vous au-delà de la ligne de la stricte justice en vous disant : "tu choisiras la Vie !" » (Dévarim 30, 19).
Comment la recommandation du Saint béni soit-Il, de faire le bon choix, est-elle sous-entendue dans le premier verset de notre paracha ?
L'explication du 'Hatam Sofer nous livre la réponse suivante :
Pour quelle raison, demande-t-il, ce verset débute-t-il par un singulier reéh / vois et continue-t-il par un pluriel, Iifnékhèm / devant vous ?
Peut-être est-ce pour faire allusion au conseil de nos Sages : « l'homme doit toujours voir le monde comme à moitié méritant et à moitié coupable. En accomplissant une seule mitsva, il fait pencher le monde entier du côté du mérite et, au contraire, en faisant une avéra, il le rend punissable. »
Ainsi, en employant le singulier Reéh puis le pluriel lifnékhèm, la Torah responsabilise chaque individu vis-à-vis du monde entier : ton petit acte à toi peut faire pencher l'équilibre de l'Univers d'un côté ou de l'autre !
Nous montrer l'importance, la dimension cosmique de l'enjeu du moindre de nos actes est, en soi, une incitation à choisir le Bien. Or inciter à choisir, c'est déroger à la justice pure, c'est aller lifenim michourath hadin. C'est donc en cela que notre verset fait allusion à l'injonction de D. « tu choisiras la vie », car la conscience de notre responsabilité nous poussera nécessairement vers le bon choix.
Peut-être est-ce là aussi la réponse à la première question que pose le verset suivant (11, 29) : « tu placeras la bénédiction sur le mont Guérizim et la malédiction sur le mont Eival ».
Est-ce la bénédiction ou la malédiction qui devaient être placées sur ces montagnes ?
Non, explique Rachi en rapportant le Targoum. II s'agissait de placer les tribus qui allaient répondre aux bénédictions sur le Mont Guérizim et celles qui devaient répondre aux malédictions sur le mont Eival. S'il en est ainsi, pourquoi la Torah ne dit-elle pas « tu placeras ceux qui bénissent... » ?
Pour nous apprendre que la bénédiction et la malédiction sont entre les mains des hommes et ne dépendent pas de causes extérieures. Selon la voie qu'il choisit, chaque être humain est lui-même porteur de bénédiction ou, 'hass véchalom, de malédiction.
Dans Sa bonté infinie, D. a voulu faire prendre conscience au peuple d'Israël de cette réalité dès son entrée en Terre promise.
LES ENFANTS DE D.
« Vous êtes les enfants de l'Et., votre D. : ne vous tailladez point [la chair], ne vous arrachez pas les cheveux entre les yeux à cause d'un mort . » (14, 1)
En quoi le fait d'être les enfants du Saint béni soit-Il explique-t-il l'interdiction de se taillader la chair lors d'un deuil ? Le Or Ha'haïm explique que la mort d'une personne ne signifie pas qu'elle disparaît. « Cela est comparable à un homme qui a envoyé son fils traiter des affaires dans un autre pays. Au bout de quelque temps, il l'enverra chercher. L'absence du fils n'est ressentie que dans l'endroit qu'il vient de quitter, mais il existe toujours. Bien plus, il est heureux de retourner chez son Père qui est la source de la vie. »
De la même façon, l'existence dans ce monde ci n'est qu'un passage et, lorsqu'une personne nous quitte, il n'y a donc pas lieu de prendre le deuil de façon exagérée. Le Sefat Emet fait remarquer l'opposition entre l'interdiction de s'arracher les cheveux entre vos yeux / qore'ha bein einékhèm pour un mort et la mitsva de mettre les téfilines « létotafot bein einékhèm /comme un signe entre vos yeux ».
S'arracher les cheveux pour un mort, c'est donner une importance disproportionnée à l'existence corporelle et au monde ici-bas. À cause de cette pratique, un vide spirituel s'installe à l'endroit des téfilines. Les téfilines doivent être placées entre les yeux pour nous rappeler que notre esprit, nos yeux doivent être continuellement dirigés vers notre Créateur, notre Père qui nous appelle "Ses enfants". Une réaction exagérée devant la mort est l'antithèse de cette conception.
C'est en replaçant le 'Olam hazé / le monde ici-bas dans son contexte que nous pourrons retrouver le véritable sens de la vie humaine. La Torah dit (Vayikra 18, 5) : « Vous garderez Mes statuts et Mes lois car l'homme qui les pratique va'haï bahèm / obtient par eux la vie. »
Rachi explique ainsi ce verset : « Il s'agit de la Vie du monde futur ! Et si tu dis qu'il est question de la vie de ce monde, comment est-ce possible car l'homme finira par mourir ! » Nous voyons donc que, dans la Torah, la véritable Vie est celle du monde futur dont notre existence ici-bas n'est qu'une préparation. Or « vous êtes les enfants de l'Et., votre D. ! » signifie que « tout Israël a une part au monde futur ». Un juif n'a donc aucune raison de ressentir une peine excessive pour un deuil. Nos Sages nous enseignent que dans l'interdiction lo titgodédou (ne vous tailladez point) se retrouve le terme d’agouda / groupe. Ce verset recommande allusivement au peuple d'Israël de ne pas former de groupes, de ne pas causer de dissensions ou de querelles au sein de la communauté.
« Vous êtes les enfants de l'Et. votre D. » À ce titre, nous sommes tous égaux devant Lui et nous devons rester unis comme les membres d'une même famille. Cette interprétation rejoint la première car la cause essentielle des querelles, des discordes est l'importance excessive que l'on porte aux choses de ce monde.
Si nous restons conscients d'être « les enfants de D. » et que nous connaissons le but de notre passage sur terre, la paix et l'harmonie règneront sur tous.
Rav Guerchon, Imrei Cohen
Chabbat Parachat Rééh : Bonnes nouvelles en vue !
Saviez-vous qu'il y a un jour spécial dans l'année où une bonne nouvelle est garantie ? C'est ce Chabbat Parachat Rééh qui précède Roch 'Hodech Eloul...
Un jour propice aux bonnes nouvelles
Il existe un jour exceptionnel dans l'année, porteur de promesses et d'espoirs. En ce jour particulier, si l'on accomplit les gestes appropriés, une bonne nouvelle est assurée. Cette nouvelle s’étend à tous les domaines : guérison, mariage, succès financier, apaisement psychologique, ou tout autre bienfait, qu'il soit personnel ou collectif. Cette année, ce moment propice qui s'étend sur les prochaines 25 heures de ce Chabbat, du vendredi soir au samedi soir, est le plus favorable pour accueillir de bonnes nouvelles !
L'origine de cette tradition
C’est le rav Mena'hem Mendel de Vitebsk, disciple du Baal Chem Tov et du Maggid de Mézeritch, connu sous le nom de son ouvrage, le Péri Haaretz, qui a fait cette découverte remarquable. Il a observé que lorsque le Chabbat précédant Roch ‘Hodech Eloul coïncide avec la lecture de la Parachat Rééh (Vois), comme c'est le cas cette année, des bonnes nouvelles s'offrent à nous.
La Paracha commence par ces mots évocateurs : "Vois, je donne aujourd'hui la bénédiction". L'emploi du verbe "voir" souligne la nature concrète et tangible de cette bénédiction. Il ne s'agit pas d'une simple métaphore, mais d'une bénédiction réelle, que nous pouvons percevoir de nos propres yeux et saisir pleinement.
Comment bénéficier de cette bénédiction ?
Plusieurs segoulot, nous permettent de nous ouvrir à cette bénédiction et de recevoir des bonnes nouvelles :
Cultiver un regard bienveillant : Appliquer le précepte "Tov Ayin Hou Yévora'h" - celui qui a un regard bienveillant sera béni. Cela implique de voir son prochain d'un bon œil, d'être bienveillant envers autrui, de partager, de sourire et d'aider, et plus que jamais ce Chabbat!
Lire les Tehilim (Psaumes) : Rabbi 'Haïm Pallagi assure à quiconque lira l'intégralité des Téhilim le jour du Chabbat, que le Roi David lui-même, lui assurera la protection, une longue vie, la santé et la réussite dans tous les domaines. Cette bénédiction prend une dimension encore plus intense en ce Chabbat spécial qui précède le mois d'Eloul.
Alors plus que jamais, en ce Chabbat Rééh, nous allons porter un regard bienveillant sur tous, et nous plonger dans la lecture des Psaumes du Roi David, avec espoir et gratitude. Que ce Chabbat apporte de bonnes nouvelles à chacun en particulier et à tout le peuple d'Israël. Chabbat Chalom !
Pour bien commencer la journée, 5 minutes pour Hachem notre Roi Créateur
L’ALLUMAGE DES BOUGIES QUAND ON EST INVITÉ
Quand une famille est invitée, l’invitée pourra dire la bénédiction sur l’allumage de ses bougies, car toute bougie supplémentaire ajoute à l’éclairage. Tel est l’usage de toutes les communautés ashkénazes et d’une partie des communautés séfarades, par exemple celles originaires du Maroc. C’est également l’avis de la majorité des décisionnaires. D’autres décisionnaires estiment que seule la maîtresse de maison doit prononcer la bénédiction de l’allumage, tandis que l’invitée allumera des bougies sans prononcer de bénédiction.
De nos jours, on a l’habitude de réserver une chambre aux invités; dans cette chambre, l’invitée peut allumer avec bénédiction. De même, quand la cuisine est séparée de la salle à manger, l’invitée peut allumer ses bougies dans la cuisine et y dire la bénédiction. Si les invités se trouvent dans un appartement séparé, il est recommandé que l’invitée y allume ses bougies, et récite la bénédiction. Afin qu’elle puisse profiter de leur lumière, elle doit utiliser des bougies assez grandes afin qu’elles restent allumées jusqu’à son retour du repas du soir de Chabbat. Si elle allume des bougies ordinaires, elle restera près d’elles jusqu’à ce qu’il commence à faire sombre, afin que l’allumage et la bénédiction ne soient pas vains.
À l’hôtel, où tous les pensionnaires prennent ensemble leur repas dans la salle à manger :
- selon la coutume ashkénaze et d’une partie des femmes séfarades, toutes peuvent allumer leurs bougies à une même table et dire la bénédiction ;
- selon la coutume de nombreuses communautés séfarades, seule la première femme qui allume récitera la bénédiction, tandis que les autres allumeront sans dire la bénédiction.
D’après le Midrach, Pniné Halakha
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Association pour la Torah, l’Enseignement et les Mitsvot |
Paru au Journal Officiel du 01/1990
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