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De l’importance d’aider nos frères

 

Un riche demanda un jour à un Sage pourquoi la Mitsva de pratiquer la Tsédaka (charité) faisait-elle l’objet de tant de mises en garde aussi bien dans la Torah que dans les Ecrits Saints : Prophètes, Hagiographes, Talmud de Babel et Talmud de Jérusalem, Midrach et bien d’autres livres encore, ce qui n’est pas le cas des autres Mitsvot pour lesquelles on ne trouve pas le dixième des avertissements formulés pour la Mitsva de charité. Le Sage lui dit : « Car tous les hommes du monde ont besoin de charité. »

Tsedaka« Mais, ceux qui ont besoin de charité sont très peu nombreux, » rétorqua le riche. « Ainsi notre ville compte 5 000 habitants et le nombre de ceux qui reçoivent la Tsédaka n’atteint pas cent personnes. J’ai par ailleurs entendu dire que dans certains pays, il existe des milliers et des centaines de milliers d’habitants, alors qu’il ne s’y trouve pas un seul qui demande la charité. »

« Je voulais dire que tous les hommes ont besoin d’êtres gratifiés de la charité et de la bonté de l’Éternel, béni soit-Il ; même un très grand riche a besoin de recevoir de l’Éternel Tout-Puissant l’octroi de la vie et de la santé, la réussite et la protection afin que soient éloignés de lui tous les éléments néfastes de la nature et toutes les calamités qui déferlent sur le monde. Si l’homme veut ignorer la Tsédaka et la bonté, il fournit une bonne raison aux accusateurs qui interviendront. »

«  Pourquoi la récompense octroyée a ceux qui pratiquent la Tsédaka est-elle plus importante que celle accordée pour les autres Mitsvot ? »

« Parce que l’homme qui pratique la Tsédaka voit de ses propres yeux son argent, pour lequel il a peiné, diminuer- s’il avait dix pièces, il ne lui en reste que neuf- et cependant, il continue à faire la charité. »

Le riche demanda aussi : « Pourquoi le châtiment de ceux qui s’exemptent de la Tsédaka est-il très sévère ? L’homme a pourtant une raison de se détourner du pauvre qui lui tend la main pour recevoir la Tsédaka. Peut-être n’est-il pas dans la gêne au point qu’il faille lui octroyer la Tsédaka. Peut-être est-il seulement un hypocrite et n’est-il pas dans le besoin du tout ? Peut-être a-t-il la possibilité de trouver du travail et de gagner de quoi acheter son pain et ses légumes et la charité qu’il demande est-elle en fait destinée à l’achat de viande et d’objets superflus ? Peut-être appartient-il à une classe aisée et s’est-il seulement habitué à recevoir la Tsédaka ? »

« -Je vais te rapporter un récit »,  lui dit alors le Sage.

« Un riche habitait une ville dans laquelle se trouvait un Sage. Ce riche avait pris l’habitude d’envoyer chaque année à ce Sage, le premier jour du mois de Hechvan, des céréales, du riz, de l’huile et du bois en quantité suffisante pour les besoins de sa famille pour l’année entière. Ce même jour, il lui envoyait également des habits chauds pour lui et sa famille afin qu’ils puissent se vêtir chaudement durant les jours froids de l’hiver. Une année, le premier jour du mois de Hechvan arriva, et le riche n’envoya rien. Il était très absorbé et il oublia. Le premier jour du mois de Kisslev arriva ensuite, et là encore il oublia de faire l’envoi. Puis arriva le premier jour du mois de Tévèt, et ce jour-là, un froid glacial se déclencha brutalement dès le matin, de façon toute a fait inattendue. Le froid était vif et violent, comme il ne l’avait jamais été au cours des dernières années écoulées. La neige atteignait une hauteur de cinquante centimètres. Personne ne sortait ni n’entrait.

Or, ce jour-là, le riche avait un travail considérable dans son entrepôt. Il fut contraint de quitter sa maison et de se rendre à son travail. Il ne prit pas le temps d’avaler un petit-déjeuner et travailla sans relâche jusqu’au soir. Il ne gouta rien non plus du repas qui lui avait été envoyé à midi. Le soir, après avoir achevé son travail, il sentit que tout son corps était gelé. L’air était très froid et ses membres s’étaient transformés en glace. Il était aussi affamé. Ses deux serviteurs l’empoignèrent et le portèrent sur leurs épaules jusqu’à sa maison. Il s’affala alors sur le sol à demi-mort, incapable de prononcer le moindre mot, tant la faim l’avait affaibli. Il n’avait pas la force de bouger les mains et les pieds du fait de l’intensité du froid. Ses serviteurs allumèrent un grand feu autour de lui et appliquèrent sur tout son corps des vêtements chauds. Ils déployèrent mille efforts jusqu’au milieu de la nuit avant de parvenir à le réchauffer et à faire revivre son corps gelé. Il demanda alors à manger et avala en toute hâte son repas, tant la faim était grande. Une heure après, il s’allongea dans son lit.

-Lorsqu’il posa sa tête sur l’oreiller, il se souvint du Sage. Comment par une année pareille ne lui avait-il pas envoyé les céréales et le riz, le bois, l’huile et le charbon ? Comment ne lui avait-il pas envoyé des vêtements épais pour le protéger ainsi que sa famille du froid de l’hiver ? Il se fit beaucoup de souci pour lui et s’affligea profondément. Il se dit : «  Qui sait ce qu’il est devenu par un jour pareil dans ce froid terrible, alors que ni lui ni les membres de sa famille n’ont de vêtements d’hiver ? » Il ne voulut pas attendre le matin et appela ses domestiques au milieu de la nuit pour leur demander d’aller sur le champs lui apporter toutes les provisions en question ainsi que des vêtements épais et chauds, car il avait toutes ces choses en stock chez lui.

Ainsi firent-ils. Ils frappèrent à la porte du sage après le milieu de la nuit et déposèrent chez lui toute la marchandise. Le sage se réjouit profondément. Il réfléchit et se dit que, sans doute, on avait vu dans le ciel sa souffrance et on l’avait pris en pitié. Alors, cette nuit, on avait dû en rêve rappeler au riche l’envoi dont il avait l’habitude et éveiller ses sentiments de regret. C’est pourquoi il s’était hâté de lui faire apporter les produits, la nuit-même, sans attendre le lever du jour. Le matin, il se rendit auprès du riche et lui dit :

« Pour quelle raison étais-tu inquiet au point de me faire l’envoi habituel au milieu de la nuit ? Certes, du ciel, on a du te réveiller et te rappeler en rêve ce que tu avais l’habitude de faire chaque année et que tu avais oublié cette année. C’est pourquoi tu t’es empressé de procéder à l’envoi au cœur de la nuit, sans plus attendre. » Le riche lui répondit :

« Il ne fait aucun doute que, du ciel, que fut provoqué mon réveil et suscité le souvenir de mon envoi. Toutefois, ceci ne s’est pas passé en rêve mais dans la réalité. Ainsi s’écoula en effet ma journée d’hier, et lorsque le soir arriva, je ressentis une faim atroce. Je me retrouvais en danger, le corps gelé par un froid immense au point de demeurer sans force, et ce n’est qu’au milieu de la nuit que je parvins à retrouver ma vitalité. Lorsque je voulus m’endormir, ton souvenir m’est revenu à l’esprit. Comment donc ai-je pu t’oublier cette année et ne t’ai-je pas envoyé ce qui était habituel ? Je tirai alors les conclusions qui s’imposaient à partir de ma propre expérience. Si n’ayant pas mangé un seul jour, j’éprouvai une si grande faiblesse du fait de la faim, à fortiori, toi, qui n’as dans ta maison ni céréales ni riz ni huile. Peut-être n’avez-vous pas pu vous alimenter un jour et une nuit entière, combien dure votre souffrance doit-elle donc être et combien grande votre faiblesse l Et si moi, qui porte trois et quatre vêtements de laine enfilés l’un sur l’autre, j’éprouvais cette torture et me trouvais en danger par suite du froid, toi qui n’a pas du tout d’habits d’hiver, qu’a-t-il pu advenir de toi dans ce froid cinglant ? Je tirai toutes ces conclusions concernant tes besoins et tes souffrances de ce que je venais de vivre, et je compris que celles-ci devaient être très grandes. C’est pourquoi je me hâtai de te faire l’envoi habituel au milieu même de la nuit et que je n’attendis pas jusqu’au matin.

On comprend de la réponse que le Rav fit au riche au sujet de la charité.

I - Que celui qui prodigue la charité au pauvre qui le lui demande doit penser que lui aussi sollicite la charité de l’Eternel Tout-Puissant, constamment, à chaque instant. S’il se montre bon envers le pauvre, l’Eternel, de même, se montre bon et charitable envers lui. S’il pourvoie le pauvre de ses bienfaits une, deux ou trois fois par semaine, D. , quand à Lui, le comble de Sa charité et de Sa bonté plusieurs fois par jour. C’est à ce sujet que l’Éternel a dit : « Si tu prêtes de l’argent à Mon peuple... », à savoir, ce que de ton coté, tu fais envers le pauvre, te sera fait. »

II - Que si le riche invoque une raison pour se soustraire à la punition pour avoir négligé la Mitsva de charité, si par exemple les trésoriers de la caisse communautaire lui demandent de verser une somme pour les besoins des pauvres en habits durant l’hiver et qu’il réponde : « Est-ce qu’il se trouve donc un pauvre qui se promène avec une simple chemise ? Certes, il a un manteau ! Et que peut-il bien lui arriver s’il ne porte pas d’habit de laine épaisse, est-ce qu’il va mourir de froid ? » Dis-lui : «  Ne te souviens-tu pas combien tu souffris du froid qui ne t’agressa qu’une heure seulement ? Tires-en les conclusions en les rapportant au cas du pauvre qui se trouve chaque instant heurte et blesse par le froid qui le tourmente comme ce riche tira la conclusion qui s’imposait de l’expérience qu’il avait vécue et du danger auquel il s’était trouvé exposé du fait du froid qu’il avait éprouvé un seul jour. »

De même si les trésoriers lui demandent de donner de l’argent pour acheter du pain à ceux qui ont faim, qu’il ne dise pas : «  Pourquoi toute cette inquiétude ? Existe-t-il un homme qui n’a pas la possibilité de se procurer un morceau de pain ? S’il n’a pas de quoi se nourrir a sa faim, il ne va pas en mourir pour autant ! Si durant quelques jours, il n’a pas mangé le matin et a dû attendre le soir pour consommer quelque aliment, il n’en est pas en danger pour autant ! » Réponds-lui : « Ne te souviens-tu pas du jour où tu ne pris ni ton petit-déjeuner ni ton repas de midi et que tu te laissas absorber par ton travail jusqu’au soir ? Ne te souviens-tu pas dans quel état de faiblesse tu sombras ? Tires-en les conclusions nécessaires à propos de ce pauvre comme le fit ce riche ! »
Ainsi si quelqu’un se présente devant cet homme et lui demande de lui prêter cent dinars afin de régler ses créanciers qui le poursuivent, alors qu’il n’a pas de quoi les rembourser. S’il lui dit qu’en lui faisant la faveur de les lui prêter, il lui permettrait de continuer à vivre, mais que cet homme lui réponde : «  Tout ceci est faux ! Tu exagères. Tu peux en fait faire attendre tes créanciers deux ou trois jours, le temps que tu ais une rentrée d’argent et que tu puisses les rembourser » Dis-lui : « Ne te souviens-tu pas du jour où tu te trouvas dans ce même cas ». Tu eus alors besoin de cent dinars et tu ne trouvas personne pour te les prêter. Ton désarroi fut alors très grand. Tires-en la conclusion nécessaire en pensant que malgré ta richesse, tu traversas l’épreuve douloureuse d’être dans la gêne au point de ne pas disposer de cent dinars et considère ce que doit être la souffrance de ce pauvre dont l’avoir n’atteint pas le cinquième de ce que tu as. »

Ce verset « Si tu prêtes de l’argent à mon peuple… »  fait allusion à bien d’autres notions encore ; tu dois penser et comprendre que ce pauvre Imekha (est avec toi), c’est-à-dire réaliser que cette gêne qu’éprouve le pauvre, se trouve parfois Imekha avec toi. Tires-en donc la leçon qui s’impose en pensant que dans ton cas cette gêne sera légère, car elle ne sera que passagère, tandis que pour le pauvre elle est constante et plus dure en quantité et en qualité.

Source : NIFLAIM MA’ASSEKHA 


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Paru au Journal Officiel du 01/1990

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