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Parachat BO : fixer le temps des fêtes

QUELS SONT LES SUJETS TRAITÉS DANS PARACHAT BO ?

À un rythme accéléré, les châtiments continuent de s'abattre sur l'Égypte. Les sauterelles achèvent ce que la grêle avait épargné. Trois jours de ténèbres assombrissent ensuite les provinces égyptiennes et finalement l'annonce de la mort des premiers nés signale aux Juifs l'approche de l'heure de la libération. Toutes les consignes sont données pour que le peuple soit prêt, l'institution de Pessah ajoute à la solennité de l'événement, et dans la nuit du 15 Nissan à minuit, l'ange de l'Éternel, passant dans toutes les maisons d'Égypte, sème la mort et la consternation. Dans un ordre parfait, les masses juives s'ébranlent et, dans un silence de mort, quittent la terre de leurs souffrances et se dirigent vers la mer Rouge. Deux commandements consacrent la pérennité de la fête de Pessah et la qualité de prêtres des premiers nés juifs.

Source : La Torah Commentée

 

Rabbi Yitz'haq disait que la Torah n'aurait pas dû commencer par : Béréchit bara, le récit de la Création, mais par : ha'hodèch hazé lakhèm roch 'hodachim (Chémot 12;2) :

''Ce mois-ci sera pour vous le premier mois de l'année''.

En effet, la Torah constitue un ensemble de mitzvot, et ce verset de notre Sidra représente la première mitzva que les enfants d'Israël ont reçue en Egypte, avant même que ne débute la grande aventure de la sortie d'Égypte.

De quel mitzva s'agit-il ?

De celle qui consiste à annoncer chaque début de mois, et d'une manière plus globale à fixer les dates des fêtes.

Pourquoi cette mitzva a-t-elle tant d'importance ?

Parce qu'à travers elle, D. donne à l'homme une emprise sur le temps et sur son destin.

Nous allons essayer de comprendre aussi comment cette idée est reliée à la sortie d'Égypte.

Le problème du temps a toujours hanté l'esprit humain.

Les philosophes grecs avaient tendance à considérer le temps comme une fatalité. L'homme est en effet impuissant devant le temps qui s'écoule et qui l'entraîne inexorablement vers la mort.

Pour Platon, l'Etre parfait est intemporel; le temps au contraire est signe de mobilité et de ce fait, synonyme d'imperfection. Le présent se réduit à un instant insaisissable, jamais vécu dans sa plénitude. L'homme est en quête d'un avenir qui toujours se dérobe et qui, une fois atteint, n'est plus que cendres; quant au passé, il est la mesure de notre vieillissement.

Bergson, philosophe contemporain, a mis en lumière l'existence de deux sortes de temps :

Le premier temps est un temps mathématique, quantitatif, un temps-espace, décomposable à l'infini. Ce temps est lié au mouvement (cf. les paradoxes de Zénon d'Elée), et dans la physique moderne d'Einstein, il s'ajoute aux trois dimensions de l'espace (L, l, h) pour former le ''continuum Espace-Temps''. Ce temps-là est uniforme, vide, non créatif.

À ce temps-là, Bergson en oppose un second, qu'il appelle la durée; ce temps-là est qualitatif, multidimensionnel, créatif. Il lie les différents moments du temps ensemble : passé, présent et futur ne forment plus qu'une seule unité de vécu, une unité non divisible.

L'homme a donc le choix entre ces deux conceptions.

Selon la première conception, celle d'un temps brisé, le passé n'est plus, le futur n'est pas encore et le présent est insaisissable car il passe en un clin d'œil. L'homme qui vit ainsi, est soumis à la loi générale de la causalité où il subit les événements comme un enchaînement de causes et d'effets contre lequel il ne peut rien faire, auquel il est lui-même enchaîné. Cet homme ne dispose pas de sa vie comme il l'entend, il est esclave.

Selon la deuxième conception, celle d'un temps entier, indivisible, l'homme se sent rattaché à un passé et soumis à l'attraction d'un but dans l'avenir. Cet homme se sent libre d'organiser sa vie, comme il l'entend; pour lui, le temps est une expérience tonifiante qui l'incite à aller de l'avant, à créer de nouvelles choses dans la lignée de ceux qui l'ont précédé.

Une telle expérience enrichissante du temps, dont le début et la fin sont liés à l'éternité, voilà le but qui est proposé à l'homme de la Halakhah, tel que le définit le Rav Soloveitchik dans son livre, traduit en français par le Professeur B. Gross, intitulé justement ''l'homme de la Halakhah''.

''L'expérience de l'homme de la Halakhah, dit-il, n'est pas limitée au cadre de son passé individuel, elle dépasse largement ce domaine étroit et s'étend jusqu'à la sphère de l'éternité. Tel est le sens des mitzvot qui portent sur le souvenir comme par exemple, la sortie d'Égypte, le don de la Torah, Chabbat, Amalèq. Elles ont pour but d'introduire ces faits qui remontent à la plus haute Antiquité dans la conscience du Juif. La sortie d'Égypte, la Révélation, le Chabbat, souvenir de la Création, deviennent partie intégrale de la conscience du présent''.

Une Halakhah illustre bien cette idée : ''A chaque génération, on doit se considérer comme étant soi-même sorti d'Égypte''.

Comment serait-ce possible si l'on ne s'introduisait pas soi-même dans cet antique passé ?

Ces souvenirs d'ailleurs ne sont pas seulement liés au passé, ils ouvrent la voie à un avenir infini.

La sortie d'Egypte est rattachée à toutes les délivrances futures et à la Rédemption finale.

La Révélation du Sinaï annonce la reconnaissance de son message par le monde entier et l'instauration du Royaume de D.

Le souvenir d'Amaleq symbolise la lutte d'Israël contre le mal, à chaque génération.

Par conséquent, l'homme de la Halakhah ne s'épuise pas non plus dans son propre futur qui s'achèvera à sa mort, mais dans le futur de la Nation entière qui aspire à la venue du Messie. Les frontières entre le temps et l'éternité, entre l'éternel et l'éphémère s'effacent.

Pour le judaïsme, il n'y a pas d'éternité sans temps; au contraire, c'est dans l'expérience du temps que se dévoile l'éternité : l'instant qui s'envole et l'heure qui passe se chargent d'éternité.

Il s'ensuit qu'à aucune des tranches classiques du temps, l'homme n'est brimé, n'a un sentiment d'impuissance; ni dans le passé, ni dans le présent, ni dans le futur. Ces tranches traditionnelles forment un tout indissoluble, dans lequel chacun d'entre nous s'intègre, en venant apporter sa modeste contribution à l'œuvre qui a débuté pour le peuple juif avec sa libération de l'état d'esclave et qui se terminera avec la venue du Messie.

Maintenant, on comprend mieux pourquoi la première mitzva donnée au peuple esclave fut celle de ha'hodèch hazé lakhèm, car l'homme qui a cette expérience du temps, dans laquelle il se sent lié et impuissant face à la chaîne des causalités, a pour prototype l'esclave. Il n'est pas libre de disposer de son temps, mais doit faire ce que son maître lui impose.

Au contraire, l'homme qui est libre a un sentiment d'exaltation vis-à-vis du temps, car il participe à une œuvre collective. Le moyen qui fut indiqué à Moïse pour transformer les Hébreux, masse d'esclaves, en une nation de prêtres prête à recevoir la Torah, fut la séphirat haomèr, le compte des 7 semaines qui séparent Pessa'h de Chavouot, une libération initiale de la libération totale.

Le temps est donc bien l'instrument de notre libération. Il est le critère le plus élevé par lequel l'homme, sa vie et ses actes peuvent être jugés. On comprend donc bien la raison de la primauté de cette mitzva de ha'hodèch hazé lakhèm -''Ce mois-ci sera pour vous le premier mois de l'année''-, et la raison pour laquelle la Torah a fait le détour par Béréchit, Sidra qui pose aussi le problème du temps, en ''termes classiques''.

Par ailleurs, cette mitzva de célébrer chaque Roch 'Hodèch est aussi pour chacun d'entre nous une invitation à faire un effort sur soi-même, à progresser sur le plan personnel, à ne pas laisser simplement ''passer le temps''. Il faut, à l'instar d'Abraham, être ''ba bayamim'' (Béréchit 24;1), avancer dans la vie.

Puissions-nous y parvenir avec l'aide de D.

Source : Petites Lumières pour le Chabbat, Grand-Rabbin Alain Weil.

Pour bien commencer la journée, 5 minutes pour Hachem notre Roi Créateur

 

 

TOSSÉFÈTE CHABBAT

Il est recommandé de devancer l’accueil du Chabbat. Dans la Guémara Yoma (81b), nos maîtres apprennent, à travers l’analyse de différents versets de la Torah, l’obligation d’ajouter du temps ‘‘H’ol’’ (de la semaine) au temps du ‘‘Kodech’’ (sacré) de la journée de Yom Kippour, en devançant son entrée et en retardant sa sortie. La décision de cet ajout, Tosséfète en hébreu, a été également appliquée pour le Chabbat (et les jours de fête ‘‘Yom Tov’’). Pratiquement, on anticipe l’entrée du Chabbat sur son heure réelle ‘‘la Chéki’a’’ (le coucher du soleil), et on retarde sa sortie sur son heure réelle ‘‘Tsett Ha-Koh’avim’’ (la sortie des étoiles).

SamediEn Erets Israël, le temps de la Tosséfète est de 20 minutes. On peut prendre en considération le temps total de la Tosséfète ou bien une infime partie. Aussi, le temps limite du début de Chabbat commence avant le coucher du soleil. Cependant, pour l’heure relative au début du Chabbat, à priori, on se conforme à l’usage dans la communauté locale.

Selon la loi stricte, il n’est pas nécessaire d’accueillir la Tosséfète par une déclaration solennelle. Cependant, il est recommandé de le faire. Selon les communautés à travers le monde, la Tosséfète Chabbat peut aller de 18 à 40 minutes. À noter que dans certains pays, où la nuit tombe très tard en été, certaines communautés font entrer Chabbat encore plus tôt, et peuvent faire le Kiddouch alors qu’il fait encore jour. Une des raisons de cette Tosséfète réside dans le fait que le jour du Chabbat est considéré comme un jour de grande sainteté propice aux bérakhot, notamment pour la semaine à venir. Il est donc important de rallonger ce temps pour en multiplier les bienfaits !

 Sources : Hévrat Pinto et Le Recueil du Chabbat (Rav Houri)

 

 

Tsidkat-Eliaou lance sa campagne d’hiver pour les enfants et familles démunis de JérusalemPrès de 2,5 millions de personnes vivent sous le seuil de pauvreté en Israël soit plus d’un Israélien sur quatre, dont 20 % des enfants juifs ! (rapport Latet 2021).
 
Nous avons besoin de fonds pour distribuer des repas chauds, des goûters et des vêtements aux enfants démunis de Jérusalem. Vous pouvez aider ces enfants, dont beaucoup ne mangent pas 3 repas par jour, en vous associant à nos actions de Tsédaka.
 
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Association pour la Torah, l’Enseignement et les Mitsvot

 

Paru au Journal Officiel du 01/1990
 

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